Ce fut un beau week-end des Étoiles. Malgré un match plutôt terne... jusqu'à ce que la prolongation et la fusillade ne vienne sauver le spectacle.

On ne gaspillera pas trop d'énergie à raconter la rencontre d'hier. Il y a bien eu quelques buts de Kovalev pour animer la foule. Quelques arrêts spectaculaires ça et là. Et Ovechkin, toujours rafraîchissant, dans l'action comme sur le banc.

Sinon, par grands moments, on aurait pu entendre une mouche voler au Centre Bell. En début de rencontre, les joueurs patinaient avec si peu de conviction qu'on aurait dit une longue reprise au ralenti.

Vers le milieu de la première période, Eric Staal a ralenti au lieu d'accélérer alors qu'une échappée était possible. On a entendu quelques huées.

Par la suite, les étoiles ont patiné avec un peu plus d'énergie. Hasard ou coïncidence?

Les cinq minutes de prolongation et la fusillade auront finalement permis aux partisans de manifester. Et Kovalev, l'homme des grandes occasions, a su sceller, en compagnie d'Ovechkin, l'issue de cette rencontre.

Malgré ses défauts, la présentation d'un tel événement ne doit être remise en question. Ne serait-ce que pour le gamin qui, au lendemain du concours d'habiletés, décide de faire de grands tours de patinoire à vive allure pour imiter ceux qui, la veille, participaient au concours de vitesse.

Ne serait-ce pour toutes ces activités qui permettent au public de se rapprocher des vedettes. Ne serait-ce que pour la fenêtre de publicité qui s'offre non seulement pour la ville hôtesse, mais pour la LNH, qui cherche désespérément à gagner de nouveaux fans.

Mais il y a des choses à peaufiner. Le concours d'habiletés, présenté samedi, n'est pas une vilaine idée en soit. Il a cependant eu des ratés. Y'a-t-il trop d'épreuves? «J'aime le concours des tirs les plus puissants et les échappées, mais je ne suis pas un fan des tirs de précision», confiait le défenseur des Sharks, Dan Boyle, après la rencontre d'hier.

Stéphane Robidas abondait un peu dans le même sens. «C'est un peu difficile pour moi de commenter parce que c'était une première expérience et que j'ai passé un week-end fantastique, mais si on voulait améliorer le spectacle, peut-être que oui, on pourrait raccourcir le nombre d'épreuves d'habiletés. Je participais seulement aux confrontations, qui étaient présentées à la toute fin, et j'ai trouvé ça un peu long. Je ne sais pas pour les partisans.»

Le manque d'intensité lors du match d'hier s'explique facilement. Nous sommes au coeur d'une longue saison et les joueurs reprennent l'action régulière demain. Pas question de laisser ses tripes sur la glace.

«Les gars ne joueront pas comme si c'était une finale de la Coupe Stanley à ce stade-ci de la saison», mentionnait le gardien Roberto Luongo après la rencontre.

D'ailleurs plusieurs joueurs ont préféré s'abstenir prétextant des blessures. Ce fut le cas de Niklas Lidstrom et Pavel Datsyuk, dont les cas ont été largement publicisés.

Dan Boyle, lui, au contraire, est peut-être l'un des rares qui auraient aimé un match plus âprement disputé. «J'aime bien l'idée du baseball qui donne à l'Association gagnante l'avantage de la glace en séries éliminatoires, de mentionner Boyle. Il me semble qu'il y aurait plus d'intensité.»

Pas sûr que ça ferait plaisir aux entraîneurs, cependant. Même si le match n'est pas disputé avec intensité, un tel événement est épuisant pour les joueurs compte tenu des activités qui se succèdent à un rythme endiablé pendant quatre jours.

«Ce sont des activités plaisantes mais pendant quatre jours, il y a la famille, les demandes pour les billets, les nombreuses demandes d'entrevue, confiait Guy Carbonneau avant la rencontre. Je ne crois pas qu'ils seront vraiment plus fatigués. C'est à moi de bien gérer leur utilisation dans les prochains jours. Ils ne pratiqueront pas aujourd'hui et probablement pas mercredi.»

Le moment de présenter ce match serait-il mieux choisi en septembre, avec un enjeu plus important, finalement?

«En septembre, ce sont d'autres problèmes, répond Guy Carbonneau. Ça serait peut-être plus compétitif, mais s'il y a des blessures, nous ne sommes pas plus avancés. S'il pouvait y avoir pendant la saison deux blocs où tout le monde se repose pendant cinq jours, je ne crois pas qu'on aurait à changer la date. J'ai entendu Paul Kelly de l'Association des joueurs mentionner qu'on pourrait envoyer des plus vieux au Championnat mondial au printemps et des plus jeunes aux Jeux olympiques. Les joueurs d'élite ont déjà beaucoup de pression à produire au sein de leurs propres équipes, ils sont employés à outrance, et ils sont toujours les mêmes à participer aux gros événements. Oui, c'est un honneur d'être au match des Étoiles, mais ça ne change rien à leur contrat. Peut-être qu'ils aiment mieux être en congé.»

N'empêche, les vedettes qui sont venues à Montréal cette fin de semaine repartiront probablement toutes avec un petit sourire aux lèvres.