L'entraîneur des gardiens Ron Tugnutt réfléchissait tout haut, pendant le camp de sélection de l'équipe canadienne junior à Calgary, quand il a fait remarquer que traverser 13 fuseaux horaires pour aller chercher une médaille d'or au Championnat mondial pourrait s'avérer un avantage plutôt qu'un désavantage.

Le Championnat mondial de hockey junior a été disputé en Amérique du Nord pendant quatre années de suite, de 2009 à 2012, soit à Ottawa, à Buffalo, à Saskatoon puis conjointement à Calgary et Edmonton.

Dès le moment où les joueurs canadiens mettaient le pied en dehors de la glace dans ces tournois-là, ils étaient bombardés par les images et les commentaires découlant de leurs performances 24 heures sur 24, tant à la télé que sur le web ou via les médias sociaux.

Tugnutt espérait qu'à Oufa, en Russie, les joueurs profiteraient d'un certain isolement en raison de la distance et du décalage horaire.

«Ils ne se verront pas autant à la télé, avait-il alors souligné. Nous serons comme sur notre propre petite île déserte là-bas. Je pense que ce sera bon pour nous.»

Après avoir complété le tour préliminaire avec une fiche de 4-0 et terminé au sommet du classement du groupe B, les Canadiens ont évoqué l'effet bénéfique qu'a eu le long voyage sur la volonté de tous à se regrouper. Ils sont ensemble à l'étranger depuis le 15 décembre, date à laquelle la formation canadienne a quitté Calgary en vue d'un camp d'entraînement en Finlande.

«Nous avons eu droit à quelques jours à Vierumaki pour grandir et s'unifier, a noté le capitaine Ryan Nugent-Hopkins. C'est incroyable à quel point une chimie s'est installée entre nous durant ce tournoi, sur la glace et en dehors.»

Selon le défenseur Dougie Hamilton, qui a aidé le Canada à décrocher le bronze l'an dernier en Alberta, ce séjour prolongé dans un pays étranger a contribué à l'instauration d'une mentalité de groupe.

«L'an dernier, nous étions allés à Banff, mais cette année, en connaissant ensemble toutes les difficultés relatives au voyagement, à l'alimentation, au sommeil et tout ça, ça nous a aidés à nous souder», a-t-il noté.

Les joueurs canadiens ne sont pas complètement isolés du monde extérieur à Oufa. Ils ont encore leurs téléphones portables et leurs tablettes électroniques, mais ils peuvent les éteindre et aller dormir pendant que les discussions et les analyses vont bon train à la maison.

L'entraîneur-chef canadien Steve Spott a remarqué que ses joueurs semblent le plus heureux en dehors de la glace quand ils passent du temps ensemble à leur hôtel.

«Ils ne veulent pas quitter l'hôtel, a indiqué Spott. Nous avions planifié plusieurs activités d'équipe, mais ils prennent plaisir à simplement passer du temps ensemble à l'hôtel et ça, selon moi, est le signe d'une grande équipe de hockey.»

Le Canada est la seule équipe dans son hôtel, ce qui a permis aux chefs cuisiniers de la formation canadienne, Andre Gass et Jeff Hanna, de monopoliser la cuisine et de préparer les repas d'équipe.

Pour le premier rang dans sa poule, le Canada a obtenu comme récompense un accès direct aux demi-finales de jeudi, mais aussi un congé complet - de glace et des médias - le jour de l'An.

Les Canadiens affronteront le vainqueur du match des quarts de finale de mercredi entre la République tchèque et les États-Unis. La Suède, championne en titre, a également eu droit à un laissez-passer pour sa première place dans le groupe A et rencontrera le gagnant du match de mercredi entre la Russie et la Suisse.

«Maintenant, nous y allons match par match et nous savons tous que ce sont des affrontements très difficiles. Mais j'aime la position de notre équipe en ce moment et j'aime la mentalité du groupe», a affirmé Spott, dont l'équipe a été la meilleure du tour préliminaire pour les buts marqués (21), ainsi que pour les buts accordés (8), à égalité avec la Suède.