New York, vendredi 27 mai 1994, septième match de la finale de l'Association de l'Est de la LNH. Le Québécois Stéphane Matteau sème l'hystérie dans le Madison Square Garden. Son but en deuxième période de prolongation contre les Devils du New Jersey ne propulse pas seulement les Rangers vers leur première conquête de la Coupe Stanley en 54 ans: il marque à jamais l'histoire de la franchise.

Matteau a joué neuf autres saisons, passant par St. Louis, San Jose et la Floride, avant d'annoncer sa retraite. Après 13 campagnes dans le circuit Bettman, sa carrière battait de l'aile. «Il y a seulement un athlète comme Michael Jordan qui peut se permettre de se retirer au sommet de la gloire», a confié le natif de Rouyn lors d'un récent entretien.

Désirant à l'époque s'éloigner du monde du hockey, Matteau s'est installé à Ottawa. Il y est resté seulement huit mois. «Pour un jeune retraité de 33 ans, une ville comme Ottawa ne convenait pas du tout», précise le père d'un garçon de 17 ans, qui sera éligible lors du prochain repêchage de la LNH, et d'une fille de 14 ans.

De retour au Québec, il a tenté sa chance dans quelques projets peu concluants. «Je n'aurais pas dû m'éloigner du hockey aussi longtemps. J'aurais aimé offrir mes services aux Sharks de San Jose à titre de recruteur, un peu comme le fait présentement Ian Laperrière avec les Flyers de Philadelphie», relate-t-il.

L'occasion de renouer avec son sport s'est présentée en août dernier, quand Matteau a contacté le directeur général de l'Armada de Blainville-Boisbriand, Joël Bouchard, pour acheter des abonnements saisonniers.

Apprenant les difficultés de Bouchard à dénicher un entraîneur adjoint, il a offert ses services, précisant n'avoir aucune visée sur le poste d'entraîneur-chef. «Lorsque mon garçon avait 14 ans, je devais composer avec les pressions de certains parents et je n'ai pas aimé ça. Je préfère enseigner que diriger», explique celui qui devait piloter l'équipe de sa fille avant de se joindre à l'Armada.

Matteau assure qu'il n'aspire pas à une autre carrière dans la LNH, «sauf si Jean-François Houle (entraîneur-chef de l'Armada) obtient sa chance chez les professionnels, précise-t-il. S'il souhaite m'avoir à ses côtés, alors là j'aurai toute une décision à prendre.»

Pour le moment, Matteau concentre ses énergies sur la progression de l'Armada. Samedi et dimanche derniers, ses protégés affrontaient l'équipe de sa ville natale, les Huskies de Rouyn-Noranda, qui n'existaient pas durant son passage dans la LHJMQ.

En raison des travaux d'agrandissement à l'aréna Dave-Keon, de Noranda, les deux rencontres ont été présentées à l'aréna Jacques-Laperrière, de Rouyn, où a grandi le jeune Matteau.

C'est avec fébrilité qu'il a pris place derrière le banc pour la première fois à titre d'entraîneur dans le circuit Courteau. «C'est très spécial de revenir dans l'aréna où j'ai joué tout mon hockey mineur!»

Matteau aurait aimé voir son équipe récolter deux victoires en autant de journées, mais l'Armada a plutôt partagé les honneurs avec les Huskies.