Difficile de comprendre comment Tiger Woods peut encore être en tête du classement mondial du golf professionnel à l'amorce du dernier tournoi majeur de la saison.

Le Tigre vient de connaître à l'Invitation Bridgestone l'un des pires tournois de sa carrière, terminant à pas moins de 30 coups du vainqueur Hunter Mahan. Jouant sur l'un de ses parcours préférés, au club Firestone, Woods a présenté un total de «18 et un seul golfeur a fait pire que lui dans ce tournoi où il n'y avait pas d'exclusion après les deux premières rondes.

Les experts sont unanimes: le jeu du golfeur est en ruines et tous ses efforts pour retrouver un élan correct ne produisent que l'effet contraire. Il n'est que 119e au classement de la Coupe Fedex et n'est pas encore qualifié dans l'équipe américaine de la Coupe Ryder.

Les cyniques noteront que Woods ne peut descendre plus bas et qu'il est toujours numéro un. En fait, le classement mondial, souvent critiqué, est le résultat d'un ensemble de compromis entre les instances qui gèrent le golf professionnel. Il privilégie les performances dans les tournois majeurs sur plusieurs saisons, ce qui avantage Woods.

Par ailleurs, les prétendants au premier rang n'ont pas réussi, pour l'instant, à concrétiser les occasions qu'ils ont eues. Le numéro deux, Phil Mickelson, a eu huit chances de prendre la tête du classement depuis sa victoire au Tournoi des Maîtres. Encore dimanche, il aurait suffi qu'il obtienne un bon classement à l'Invitation Bridgestone et était en position de le faire quand il a joué une dernière ronde de 78!

L'Anglais Lee Westwood, numéro trois du classement et sûrement le joueur le plus régulier depuis deux saisons, aurait lui aussi pu prétendre au premier rang, mais une blessure l'a forcé à se retirer et il ne disputera pas le Championnat de la PGA.

Encore un négligé?

Pendant que les ténors accumulent les contre-performances, les négligés en profitent pour s'inscrire au palmarès des tournois majeurs. Cela pourrait bien être encore le cas cette semaine au Championnat de la PGA.

Comme celui de St. Andrews, où a été disputé l'Omnium britannique le mois dernier, le parcours du club Whistling Straits, dans le Wisconsin, privilégie la précision des coups de départ. En principe, cela compromet d'entrée de jeu les chances de Woods et même de Mickelson.

Mais qui pourra en profiter?

Les candidats sont nombreux, on s'en doute. L'Américain Steve Stricker, actuellement quatrième du classement mondial (à bonne distance des trois premiers), est l'un des joueurs les plus précis du circuit de la PGA. Il court depuis plusieurs saisons après cette première victoire majeure qui lui procurerait enfin la crédibilité qu'il mérite largement.

L'Allemand Martin Kaymer cogne aux portes du top 10 mondial grâce à des performances régulières en tournois majeurs. De toute évidence héritier du grand Bernhard Langer, il semble mûr pour une victoire, d'autant plus qu'il est lui aussi très précis.

Les Britanniques Paul Casey (9e), Graeme McDowell (11e) ou Rory McIlroy (8e) se sont tous signalés de différentes façons cette saison. Le premier a été dans le coup toute la semaine à l'Omnium britannique et sera l'une des têtes d'affiche de l'équipe européenne à la Coupe Ryder cet automne. McDowell a remporté une étonnante victoire à l'Omnium des États-Unis, mais il progresse à pas de géant depuis quelques mois et connaît visiblement la recette du succès.

McIlroy est peut-être le plus spectaculaire des trois. À tout juste 21 ans, l'Irlandais du Nord a remporté la Classique Wells Fargo cette saison grâce à une dernière ronde de 62. Il a aussi égalé le record du parcours à St. Andrews et joue avec un charisme qui n'est pas sans rappeler le jeune Tiger Woods.

Sa remarquable précision avec son décocheur fait du Sud-Africain Louis Oosthuizen un prétendant logique à la victoire, mais la grâce peut-elle toucher deux fois un golfeur au cours d'une même saison? Probablement pas.

En fait, si nous avions à jouer les devins, on serait tenté d'aller vers les joueurs américains qui tentent de gagner leur place dans l'équipe de la Coupe Ryder. Dustin Johnson, Ricky Barnes, Ben Crane et Bo Van Pelt auraient tous bien besoin d'une victoire ce week-end pour gagner leur billet pour le Pays de Galles...