Certaines personnes préfèrent Darrelle Revis, d'autres, Richard Sherman, mais la plupart s'entendent sur une chose. Ces deux joueurs sont les meilleurs demis de coin de la NFL.

Sherman et Revis se respectent, mais il est assez clair qu'ils ne passeront pas leurs prochaines vacances ensemble. Lorsqu'un journaliste a demandé à Revis s'il avait emprunté certains éléments du jeu de Sherman, cette semaine, la réponse du joueur des Patriots de la Nouvelle-Angleterre a été catégorique: «Non.» On passe à un autre appel.

Revis a décoché une autre flèche à l'endroit de Sherman après qu'on lui eut demandé d'évaluer son jeu. «Il est très habile pour couvrir son côté du terrain, qui est le gauche. Ce qu'il doit faire, il le fait très bien. Ce n'est pas un reproche», a commenté l'ancien porte-couleurs des Panthers de l'Université de Pittsburgh.

Or, ce qu'on reproche à Sherman, c'est précisément son manque de polyvalence. Alors que Revis est presque toujours opposé au meilleur receveur adverse en couverture simple, peu importe où celui-ci se positionne, l'as demi de coin des Seahawks de Seattle reste toujours à son poste du côté gauche. Remarquez que Sherman n'a pas été beaucoup plus diplomate lorsqu'il a été invité à décortiquer le jeu de Revis à son tour.

«On peut apprendre des choses de n'importe quel joueur. J'apprends des choses d'Earl [Thomas] et de joueurs qui sont dans notre équipe de développement, car tous les joueurs ont leur propre style de jeu. Mais pour ce qui est de lui en particulier, je n'ai rien appris», a dit Sherman, précisant toutefois qu'il étudiait les attaques adverses, et non les défenses.

Le jeu des comparaisons

Il n'y a probablement pas de position où les joueurs sont plus confiants en eux et arrogants que celle de demi de coin. Les joueurs qui sont incapables de rebondir après un mauvais jeu n'ont aucune chance de s'illustrer à cette position si exigeante.

Il n'est donc pas si étonnant que les deux joueurs se livrent à une guéguerre pour déterminer lequel est le meilleur, même s'ils ne l'avouent pas. Tout a commencé lorsque Sherman s'est autoproclamé le demi de coin par excellence de la ligue sur Twitter, il y a un peu plus d'un an. Revis s'était alors indigné du fait que Sherman se comparait toujours à lui afin d'évaluer son propre jeu.

«Je ne mesure pas mon jeu à celui de quiconque. Je crois qu'il parle de lui-même», s'est toutefois défendu Sherman cette semaine.

Brandon Browner est la personne idéale pour comparer les deux joueurs étoiles. Lui-même demi de coin, Browner a été coéquipier de Sherman pendant plusieurs saisons avant de se joindre aux Patriots et à Revis, l'hiver dernier.

«Richard est un joueur très intelligent, qui sait bien utiliser ses coéquipiers dans le feu de l'action. Revis est également un joueur intelligent et il ne commet pratiquement jamais d'erreurs. Il ne fait jamais un pas dans la mauvaise direction, son jeu est très poli. On a toujours l'impression que le receveur qu'il couvre fait un sprint, alors que lui a l'air de faire du jogging», a dit Browner.

«Richard est une personne extraordinaire avec beaucoup d'esprit. Il est allumé et très intelligent, et ça se reflète dans son jeu. Il prend ses décisions en fonction des lectures de jeu habituelles du quart-arrière ou de la façon dont se tiennent les joueurs de ligne offensive. Sa capacité à analyser le jeu pendant qu'il se déroule est phénoménale, et c'est pour cette raison qu'il est un joueur à ce point unique et spécial», a de son côté analysé Pete Carroll, l'entraîneur-chef des Seahawks.

«Leurs styles de jeu sont différents pour plusieurs raisons, notamment à cause de leur gabarit, de leur vitesse, de leur agilité et de leur intelligence. Je pense que ce sont deux joueurs avec une excellente maîtrise du jeu et qui sont très instinctifs, deux qualités qui sont inhérentes à tous les grands joueurs. Ce ne sont pas des joueurs qui se ressemblent, mais les résultats sont très similaires», a ajouté Carroll.

Un mercenaire et un libre-penseur

Si les Patriots veulent garder Revis en 2015, ils devront lui accorder un nouveau contrat ou accepter de lui verser la somme de 20 millions pour une saison. Revis n'a jamais fait de cadeau aux équipes qui l'employaient, et ça ne changera pas maintenant.

Après une campagne 2013 sans éclat, l'ancien premier choix des Jets de New York a prouvé au cours des derniers mois qu'il était parfaitement rétabli de la blessure à un genou qui lui a fait rater toute la saison 2012. Si les Pats n'acceptent pas de lui donner l'argent qu'il veut, il y aura certainement une autre équipe pour satisfaire à ses exigences salariales.

Revis est un homme d'affaires dans l'âme, calme et stoïque, qui sourit rarement. Dans le cas de Sherman, c'est tout l'inverse. De l'émotivité, des déclarations controversées, des attaques à l'endroit d'adversaires, de journalistes, ou encore de Roger Goodell, le commissaire de la ligue. Il sait ce qu'il pense et n'hésite jamais à vous le faire savoir.

«Je suis convaincu qu'il sera un politicien un jour», a d'ailleurs dit son coéquipier Doug Baldwin, lundi.

Comme en 1996

Il y a 19 ans, les deux meilleurs demis de coin de l'époque s'étaient affrontés au Super Bowl. L'excentrique et volubile Deion Sanders avait remporté son deuxième titre de suite sous les yeux du nettement plus réservé Rod Woodson, alors que les Cowboys de Dallas avaient vaincu les Steelers de Pittsburgh.

Le scénario de cette année est très similaire. Et même s'ils ne seront pas sur le terrain en même temps, n'allez pas croire que Revis et Sherman ne seront pas en compétition, dimanche soir.