Plus que 12 réceptions de passe et Ben Cahoon occupera le premier rang de l'histoire de la LCF, une marque présentement détenue par Terry Vaughn, qui en a capté 1006. Or, dans le cas de Cahoon, c'est peut-être davantage la manière avec laquelle il a saisi ses 995 passes que le nombre qui est impressionnant.

Combien de fois a-t-on vu des demis défensifs converger vers lui au moment où il attrapait une passe? Combien de fois l'a-t-on vu se faire solidement frapper par eux, alors qu'il leur faisait dos? Se faire frapper de cette façon fait partie de la description de tâches d'un demi inséré de la LCF, mais près de 1000 fois, voilà qui défie toute logique.

«C'est l'un des joueurs les plus courageux que j'ai eu l'occasion de voir. Il parvient à rester concentré, même s'il sait qu'il sera frappé, et c'est loin d'être toujours le cas chez les receveurs», a dit Marc Trestman cette semaine.

L'opinion de l'entraîneur-chef des Alouettes est partagée par les autres receveurs du club, qui saisissent mieux que quiconque l'importance de l'exploit que s'apprête à réaliser Cahoon. Lorsqu'il devancera Vaughn, le vétéran de 38 ans ne sera que le deuxième joueur de l'histoire du circuit canadien à totaliser 1000 attrapés ou plus.

«On comprend ce que ça représente de jouer aussi longtemps, mais c'est encore plus particulier dans le cas de Ben. Il est un joueur ciblé, les défenses adverses lui portent toujours une attention particulière. Un gars de ce gabarit, qui joue à cette position et qui se fait toujours frapper aussi solidement, c'est vraiment remarquable. Et il se relève à chaque fois. On le respecte au plus haut point», a commenté Danny Desriveaux, qui est le remplaçant de Cahoon depuis quatre ans.

Cahoon puise une certaine source de fierté dans le style de jeu qu'il pratique, mais admet qu'il aurait préféré capter un peu plus de passes en retrait de la circulation lourde.

«Il n'y a aucun doute que j'ai dû payer un prix élevé pour capter toutes ces passes. J'aurais aimé en attraper un peu moins alors que je faisais dos aux demis défensifs. J'ai souvent été exposé à de percutants coups d'épaule lorsque je me retrouvais sans défense. Mais c'est ainsi que les choses se sont déroulées, et ce n'est pas moi qui choisis les jeux.»

Lorsqu'on voit Cahoon sans son équipement, on a l'impression qu'il serait plus à sa place sur le terrain du quartier, à jouer au football-toucher. Il n'a vraiment pas le physique typique d'un receveur. Ça ne l'a pas empêché de capter au moins une passe pour un 138e match consécutif, dimanche. Seul Don Narcisse peut dire mieux (216 matchs).

«Je ne pense pas souvent à ces marques, mais lorsque je le fais, ça me surprend de voir que j'ai pu jouer aussi longtemps. Ça sert à démontrer ce qu'on peut accomplir lorsqu'on fournit l'effort et qu'on est tenace. Et ça démontre aussi que la constance est plus importante que le talent; je n'ai jamais été le receveur le plus talentueux, mais je pense que la constance a ses vertus.»

Cahoon a mené la LCF avec 89 attrapés en 2009, mais 13 joueurs le devancent à ce chapitre cette saison. Certains observateurs pensent qu'il a ralenti. Bien qu'il soit toujours à la recherche d'un premier touché en 2010, Cahoon croit que ses modestes statistiques sont plus attribuables à la profondeur de l'attaque des Alouettes qu'à un déclin de ses capacités.

«C'est sûr que j'aimerais obtenir la chance de reprendre quelques jeux, mais notre attaque compte sur plusieurs joueurs talentueux et il n'y a qu'un ballon», dit-il.

En dépit de la présence de tous ces joueurs de talent, l'attaque montréalaise est moins productive qu'au cours des deux dernières saisons. Cahoon espère voir les choses changer dès ce soir, contre les Blue Bombers, à Winnipeg.

«Il n'y a pas un seul joueur de notre attaque qui est satisfait de nos performances médiocres. On doit constituer la raison pour laquelle on gagne des matchs, pas un boulet», tranche-t-il.