Les véhicules électriques sont décidément au goût du jour, mais on entend beaucoup moins parler de leur incarnation à deux roues. Ce n'est pas parce que les motos et les scooters sont a priori économes en carburant qu'il faut être contre la vertu.

Un groupe d'étudiants en génie mécanique de l'Université de Sherbrooke - dont quatre passionnés de moto - s'est justement donné comme mandat de prouver qu'un tel projet peut être non seulement viable, mais aussi efficace.

Arrivé à terme et si le financement est au rendez-vous, la VoltThor aura une autonomie de 175 km en milieu urbain et d'une centaine de kilomètres sur l'autoroute, à une vitesse de 110 km/h. Le petit moteur de 18 KW (approximativement 25 chevaux) permet à la moto d'accélérer de 0 à 100 km/h en 11 secondes. «On a basé nos critères de performances sur ceux des petites voitures économiques, explique Nicolas Drouin-Audet, le cadet du groupe à 22 ans. Mais on vise l'autonomie beaucoup plus que la performance pure. C'est une moto à usage urbain, une solution de rechange au fameux pétrole qui n'est plus achetable. On veut faire quelque chose de mieux que ce qui existe actuellement sur le marché des motos électriques.»

On recharge la moto en la branchant dans une fiche ordinaire à 110V. «On a choisi de faire appel à 115 piles lithium-ion, un type de pile comparable à ce qu'il y a dans les téléphones cellulaires, poursuit M. Drouin-Audet. C'est ce qui se fait de mieux au plan de la densité énergétique. Ça prend trois heures pour les recharger au trois quarts, et les derniers 20-25% prennent huit heures.»

Avenir commercial en vue

Le coût de fabrication du prototype oscillera entre 25 000$ et 28 000$. Ça peut paraître cher, surtout quand on le compare aux quelque 15 000$ exigés pour une Kawasaki ZX14, la fusée à laquelle la VoltThor emprunte son châssis. Par contre, si on décidait d'aller de l'avant pour en faire un projet commercialisable, M. Drouin-Audet estime que le prix tournerait autour de 17 000$ à 18 000$ en raison des économies de volume. «Comme recharger la moto coûte seulement 1$ d'électricité, le retour sur investissement est là», soutient le jeune concepteur.

L'idée de trouver un débouché à la VoltThor fait son chemin. «La majorité du groupe serait prêt à continuer, reconnaît Nicolas Drouin-Audet. Le concept peut certainement intéresser les motocyclistes, mais on se tournerait vers une moto de type sport-tourisme, pas vers une supersport comme c'est le cas avec la VoltThor. Disons que le body jure un peu avec sa performance»

De toute façon, on retournerait à la table à dessin pour doter un éventuel descendant de la VoltThor de son propre châssis, «plus adapté au produit final, où l'on peut placer à notre guise les différentes composantes», explique M. Drouin-Audet.

L'un des défis de la VoltThor est justement de construire autour de la carcasse de la ZX14. «Le châssis de la moto ne permettait pas de réaliser le projet, explique-t-il. Il a donc fallu bâtir un châssis inférieur, qui permet à la fois de protéger et de supporter le moteur et les batteries.» À cela il a fallu ajouter une gaine protectrice en néoprène - un caoutchouc synthétique - pour résister aux intempéries.

En quête de financement

L'autre défi s'est présenté quand l'entreprise québécoise T-Rex a fermé ses portes. «Ils nous permettaient d'utiliser leurs installations et assuraient notre financement, soutient Nicolas Drouin-Audet. Et en plus de nous avoir donné la carcasse de la ZX14, ils nous offraient l'aide des ingénieurs en mécanique et en électricité.»

Le petit groupe est donc activement en quête de financement. Il a déjà reçu l'appui de l'Association de l'industrie électrique du Québec, de Cascades et de Radio Énergie. Bombardier produits récréatifs leur permet aussi d'utiliser de l'équipement pour réaliser certains travaux. «Dans le pire des scénarios, on devra réduire le nombre de piles. Cela va diminuer l'autonomie de la moto mais on va garder les mêmes performances», se console M. Drouin-Audet.

On se permet donc de vous inviter à aller visiter le site www.voltthor.com, si jamais l'idée vous venait de donner un coup de pouce à ce jeune groupe d'ingénieurs en herbe!