(Seattle) À un pâté de maisons du T-Mobile Park, une énorme murale de Julio Rodriguez accapare le mur d’un entrepôt. Elle se veut un hommage à la jeune vedette de Seattle, que les Mariners comptent voir patrouiller leur champ centre pour la prochaine décennie.

À seulement 22 ans, il est déjà le visage de l’équipe. Son dossard no 44 tapisse les estrades soir après soir, à domicile comme à l’étranger. Beaucoup d’attentes sont placées en lui à titre de prochain joueur générationnel au champ centre de cette organisation.

La semaine des étoiles à Seattle devait être sa fête. Le « J-Rod Show » chez lui, afin que tous puissent profiter de son talent.

Elle pourrait toujours l’être, malgré une saison en deçà des attentes jusqu’ici, autant pour Rodriguez que l’équipe.

Inscrit au concours de circuits, Rodriguez n’a été ajouté à la formation des étoiles seulement après les désistements pour blessures de Yordan Alvarez et Mike Trout. Mais quelques mois après avoir raflé le titre de recrue par excellence de l’Américaine et que les Mariners eurent mis fin à une série de 21 saisons sans participation aux séries, la saison 2023 n’est pas ce qu’elle promettait d’être, autant pour lui que pour le club.

« La courbe d’apprentissage est très abrupte, a déclaré le membre du Temple de la renommée Ken Griffey fils, dernier voltigeur de centre générationnel des Mariners. Mais il va s’en tirer. »

Rodriguez est pris dans cette courbe d’apprentissage cette saison. Il ne s’agit pas de la guigne de la deuxième saison. Ce n’est pas une déception non plus. La saison de Rodriguez suit la même trajectoire que celle des Mariners : elle est remarquablement ordinaire. Les Mariners ont une fiche de 45-44 à la pause.

Mérite-t-il d’être au match des étoiles ? Des moyennes de ,249/,310/,411 avec 13 circuits et 49 points produits ne sautent pas aux yeux du premier coup d’œil. Même les partisans des Mariners reconnaissent que sa première moitié de saison n’est pas au niveau de l’an dernier. Il n’a d’ailleurs pas percé le top 10 chez les voltigeurs au vote populaire.

Toutefois, pour un sport en manque de personnalités engageantes, de compter sur l’exubérance et le sourire radieux de Rodriguez alors que l’un de ses évènements phares se joue dans son propre stade est une grande victoire pour la MLB.

« D’avoir l’opportunité de participer à cet évènement sur ce terrain, devant les partisans de Seattle et toute ma famille qui y seront, ce sera très amusant », a indiqué Rodriguez.

Le peu de succès qu’ont historiquement connu les Mariners a créé un environnement où les partisans passionnés du club s’attachent aux étoiles de l’équipe. C’est arrivé avec Griffey, qui avait une barre de chocolat à son effigie à sa première saison et est devenu le meilleur joueur de sa génération dans la vingtaine. C’est arrivé avec Felix Hernandez, qui a percé la rotation à 19 ans et qui est rapidement devenu « King Felix » à titre de l’un des meilleurs droitiers du baseball à 21 ans.

D’être le visage de l’organisation à un si jeune âge vient avec un certain poids sur les épaules. À seulement sa deuxième saison, Rodriguez compte plusieurs commanditaires nationaux et même sa propre sorte de céréales. C’est toujours son visage qu’on voit en premier chaque fois que les Mariners sont évoqués.

« Il y aura toujours des attentes. Il y en a probablement pour Julio parce qu’il joue tous les jours. Je ne me retrouverais sous les feux de la rampe que tous les cinq jours, a mentionné Hernandez. Il fait du très bon boulot. C’est un bon jeune bourré de talent. »

Quand Rodriguez a pris son envol en 2022, les Mariners ont fait de même. Leur voltigeur de centre s’est avéré leur bougie d’allumage. Si Seattle connaissait Rodriguez, le reste de la planète baseball l’a vraiment connu lors du concours de circuit l’an dernier, quand il a frappé 81 circuits en trois rounds avant de s’incliner devant Juan Soto en finale.

En plus de participer à la classique estivale, Rodriguez est un ambassadeur des Mariners pour toutes les festivités entourant le baseball, en compagnie de Griffey, Hernandez et Edgar Martinez.

Deux font partie du Temple de la renommée et ont leur statue à proximité du T-Mobile Park. Hernandez sera intronisé au Temple de la renommée des Mariners plus tard cet été, soulignant sa domination pendant 10 ans au monticule alors que l’équipe était plutôt ordinaire.

Est-ce que Rodriguez atteindra ce niveau ? Le temps, sa production et ses succès en seront les juges ultimes. Mais c’est un poids additionnel ajouté sur les épaules d’un jeune baseballeur de 22 ans.

« Le seul conseil que je donnerais à Julio est : “Prends du temps pour toi”, a indiqué Griffey. Apprécie ce que tu fais, mais garde du temps pour toi. »