Les amateurs de baseball montréalais ne voudraient pas absolument d'un toit rétractable sur le nouveau stade de baseball que proposent de construire Stephen Bronfman et son groupe.

C'est la conclusion surprenante à laquelle les quelque 100 amateurs et 15 hauts dirigeants d'entreprises montréalaises en sont venus lors des deux jours de consultation aux bureaux de Léger Marketing, à Montréal, mardi et mercredi.

Ainsi, des personnes consultées par La Presse canadienne ayant participé aux rencontres de mercredi ont indiqué que de façon unanime, les participants ont dit souhaiter «ne pas se sentir enfermés».

«Les gens en voudraient un, mais pas au détriment de la vue ou du design», a déclaré l'un de ces interlocuteurs.

En aucun temps, les participants ont invoqué le coût d'un tel toit comme un élément pouvant freiner ce projet. «Tous les gens présents semblaient penser que money is no object pour le groupe de Bronfman», a ajouté cette source, tout en admettant que les 15 personnes retenues dans son groupe étaient des «partisans purs et durs» et que l'absence de toit pourrait rebuter certains partisans plus ponctuels.

Le même son de cloche a été entendu mardi: Radio-Canada a rapporté mercredi que des participants ont suggéré de se concentrer sur des sièges et planchers chauffants, voire de disputer les deux premières semaines du calendrier au Stade olympique. Des réponses qui ont surpris les représentants de la firme texane Conventions, Sports & Leisures, chargée de mener l'enquête par le groupe Bronfman.

Une chose est certaine: l'architecture du stade devra être étudiée avec soin, puisqu'elle s'est avérée être d'une grande importance pour les gens sondés. Ceux-ci souhaitent qu'elle s'harmonise avec l'architecture du Vieux-Montréal, que des matériaux comme la brique, le bois et la pierre soient privilégiés. De façon unanime, les participants ont dit souhaiter que le stade se trouve près de l'eau. Le Bassin Peel semble donc tout désigné pour l'accueillir.

Les participants souhaitent également que le quartier soit prêt en même temps que le stade, c'est-à-dire que des restaurants, des bars et des boutiques soient érigés en même temps que le stade, afin d'éviter que le projet soit décalé. Au fond, on veut éviter ce qui s'est produit à Washington, alors que la vie urbaine autour du Nationals Park n'a suivi que quelques années plus tard.

Autre point important: les gens sondés souhaitent qu'on mette le paquet sur le «look» du stade, afin qu'il devienne un lieu «signature» de Montréal. «Il faut que les touristes veuillent faire un détour pour aller s'y faire photographier», a noté l'une des personnes interviewées.

Plusieurs des gens sur place, particulièrement des gens d'affaires, ont également démontré de l'intérêt à ce que les meilleurs billets donnent accès à des salons privés, un peu comme les salons des compagnies aériennes dans les aéroports. Ces gens veulent pouvoir manger dans une section plus confortable que dans leurs sièges, afin de parler affaires avec leurs invités.

Par ailleurs, plusieurs ont démontré de l'intérêt pour des abonnements saisonniers partiels, mais aussi «fractionnés»: si plusieurs désiraient se procurer des billets pour 20, 30 ou 40 matchs, ils ne voulaient pas nécessairement être «attachés» aux mêmes sièges. Plusieurs ont évoqué que s'ils étaient prêts à payer le gros prix pour les billets de leur entreprise, ils ne voulaient pas nécessairement être assis dans les mêmes sections avec leurs amis ou les membres de leurs familles. Ce type d'abonnements «flexibles» a fait l'unanimité.

Autre particularité souhaitée par les répondants: une section tout inclus, semblable à la Zone Desjardins du Centre Bell. «Quand tu arrives là, tu sais combien ça va te coûter, tu n'auras pas de mauvaise surprise», a expliqué l'un de ceux-ci.

Du côté du prix des billets, les gens d'affaires présents mercredi se sont dits prêts à mettre 100 $ par siège par match, tandis que les partisans «familiaux» souhaitaient débourser une trentaine de dollars. Une tarification réduite pour les enfants - que certaines équipes du Baseball majeur ont adoptée cette année - était également souhaitée, ainsi que des sections à prix modiques, qui permettraient de regarder le match debout.

Seul bémol de la soirée: les gens interrogés ont fait part de leur crainte que le projet ne mette trop de temps à se réaliser. On craint la création d'un fossé générationnel entre les partisans qui sont présentement intéressés et leurs jeunes enfants, si le projet ne se concrétise pas dans un court délai.

Visite de Bronfman

Les participants des groupes de mercredi ont eu une agréable surprise en voyant entrer dans la salle Stephen Bronfman à la fin de leur séance de 90 minutes. Le fer-de-lance du groupe montréalais a chaleureusement remercié les participants, leur soulignant à quel point leurs opinions allaient les aider à prendre leurs décisions. Il a rappelé que le projet avance à son rythme, mais que son groupe y était entièrement dédié.

Jeudi, il a fait parvenir un communiqué pour remercier officiellement tous les participants.

«Au nom de toute notre équipe, je tiens à remercier les 1400 Montréalais qui se sont inscrits pour participer à nos groupes de discussion sur le baseball. Les 100 personnes qui ont été sélectionnées pour participer à ces groupes de discussion, ainsi que les 15 PDG avec lesquels des entretiens individuels ont été menés au cours des deux derniers jours, nous ont fourni de précieux commentaires et suggestions. Votre contribution est un important atout dans ce projet ayant pour but ultime le retour d'une franchise de la Ligue majeure de baseball (MLB) à Montréal d'une manière réussie, passionnante et durable. Merci beaucoup pour votre intérêt et votre passion. À très bientôt.»