Si l'on se fie aux bulletins de vote rendus publics par le journaliste américain Ryan Thibodaux, Tim Raines pourrait réaliser un exploit rarissime, mercredi.

Évidemment, être admis au Temple de la renommée du baseball est en soi un exploit très rare. Seulement 314 membres forment ce club très sélect, dont seulement 217 joueurs. Mais ce que Raines pourrait réaliser, en étant admis à sa dernière année d'éligibilité, est encore plus exclusif.

Ralph Kiner. Jim Rice. Red Ruffing. Ces trois joueurs sont les seuls de l'histoire à avoir été admis à leur dernière année d'éligibilité sur les 217 joueurs dont le visage orne une plaque à Cooperstown.

Rice et Ruffing ont tous deux été élus à leur 15e année d'éligibilité, le nombre d'années maximum pendant lequel le nom d'un joueur pouvait être inscrit sur un bulletin de vote entre 1963 et 2014. Quant à Kiner, il a été admis à sa 13e élection, mais à sa dernière année d'éligibilité en 1975.

«C'est parce que des élections n'étaient pas tenues à chaque année au début des années 1960, explique Craig Muder, directeur des communications du Temple de la renommée. Toutefois, le temps continuait de s'écouler pour sa candidature, c'est-à-dire qu'un joueur devait être élu de cinq à 20 ans après avoir pris sa retraite.»

Un seul joueur aura mis plus de 15 ans avant d'être élu au Temple de la renommée: Dazzy Vance, élu à sa 16e année d'éligibilité, en 1955. À cette époque, soit de 1946 à 1956, les joueurs dont le nom se retrouvait sur le bulletin de vote devaient avoir été actifs au cours des 25 années avant la date de l'élection.

«Parfois, notamment dans le cas de Bert Blyleven - NDLR: élu à sa 14e année d'éligibilité, en 2011 -, les électeurs plus âgés se sont révélés plus lents à abandonner leurs standards traditionnels afin de juger un candidat, explique John Thorn, historien officiel du Baseball majeur. Dans le cas de Blyleven, cette norme était le plateau des 300 victoires - Blyleven a complété sa carrière avec 287 -, puisqu'il a évolué dans une époque au cours de laquelle le total de victoires et de matchs complets avaient tendance à être plus élevés.

«Dans le cas de Raines, les électeurs ont possiblement été plus lents à reconnaître son exceptionnelle moyenne de présence sur les sentiers, une statistique qui n'était pas officiellement compilée quand il a amorcé sa carrière.

«De nos jours, cette moyenne est non seulement une statistique officielle du Baseball majeur, mais elle est également très prisée, particulièrement dans le cas d'un premier frappeur. Parmi les premiers frappeurs à avoir joué depuis 1970, seul Rickey Henderson a une meilleure moyenne de présence sur les buts que Raines en carrière.

«Si l'on tient compte des faits d'armes de Raines dans des statistiques plus traditionnelles - les buts volés et la moyenne au bâton, par exemple - sa candidature pour le Temple de la renommée pourrait bien avoir pris de la valeur au fur et à mesure que les années ont passé et que de plus jeunes journalistes ont gagné leur droit de vote.»

Un autre exploit très rare est également à la portée de Raines: être élu avec plus de 90% des voix. Mardi matin, Thibodaux avait compilé les votes de plus de la moitié des électeurs (51,5%) et Raines obtient la faveur de 89,7% d'entre eux. Dans toute l'histoire du Temple, seuls 32 joueurs ont réussi cet exploit, le plus récent étant Ken Griffey fils, admis avec 99,3% des voix en 2016, ce qui constitue un record.