Ce ne sont pas tous les joueurs qui peuvent se vanter d'avoir effectué leurs premiers pas dans le Baseball majeur au sein d'une organisation championne de la Série mondiale. C'est pourtant ce que vient de vivre le receveur québécois Simon Gravel avec les Red Sox de Boston.

Quelques mois après avoir signé un contrat de quatre ans avec l'organisation des Red Sox, le receveur de Terrebonne a participé à son premier camp d'entraînement des Ligues mineures à Fort Myers, en Floride. Il fera ses débuts officiels dans la Gulf Coast League au niveau recrue lorsque la saison s'amorcera au mois de juin.

Au cours des dernières semaines, l'ancien joueur du Royal de Repentigny de la Ligue de baseball junior élite du Québec (LBJEQ) a pu côtoyer des joueurs établis tels que le frappeur de choix David Ortiz et le receveur David Ross, qui viennent à peine de remporter la Série mondiale.

«C'est difficile de leur parler. Ils sont à part, ils font leurs affaires. On ne les voit pas souvent, mais ils sont venus pratiquer avec nous quelques fois. C'est impressionnant de les voir en personne ... Moi aussi je veux me rendre là. Il faut suivre leur exemple, quand ils disent quelque chose, tu les écoutes», a-t-il dit en riant.

Outre les conseils de Ross et d'Ortiz, le Québécois a aussi pu bénéficier de ceux d'un des grands receveurs de l'histoire de l'équipe, Jason Varitek, qui est maintenant conseiller spécial. Ce dernier a remporté deux titres de la Série mondiale, en 2004 et en 2007, en plus de mériter un gant d'or en 2005 pour la qualité de son jeu défensif.

«Il est souvent là. Il nous raconte sa carrière et la manière dont il a gravi les échelons. Ce n'est pas nécessairement à cause de son talent qu'il s'est rendu là, mais surtout à cause de sa force mentale, a raconté celui qui se fait surnommer Frenchie par ses coéquipiers. Il est reconnu comme l'un des meilleurs pour ses habiletés mentales avec ses lanceurs, avant et pendant les matchs.»

Si ce camp d'entraînement a offert à Gravel la possibilité d'acquérir de l'expérience et de profiter des judicieux conseils, il lui a aussi permis de constater qu'il y avait une certaine congestion au poste de receveur chez les Red Sox.

Lors de la signature de son contrat, le jeune homme de 19 ans misait sur sa puissance au bâton pour se démarquer des autres receveurs de l'organisation, mais il a vite remarqué qu'il n'était pas le seul dans cette situation.

«L'organisation est très forte, c'est une des cinq meilleures du baseball majeur. Habituellement, les receveurs qui frappent bien, il n'y en a pas des tonnes, mais ici ça frappe fort, a-t-il concédé. Ce n'est pas rare de voir un receveur être inséré au quatrième ou au cinquième rang des frappeurs.»

Marche haute

Gravel, qui a commencé à s'entraîner avec l'équipe après avoir signé son contrat en juillet dernier, enfile maintenant son équipement chaque jour depuis près de deux mois. Il affirme avoir un peu de difficulté à s'adapter au rythme des matchs intraéquipe et des entraînements puisque la marche est haute entre la LBJEQ et les professionnels.

«Ce n'est même pas comparable. C'est une grosse coche, une immense coche. Au Québec, les bons lanceurs atteignent des vitesses autour de 83 milles à l'heure tandis qu'ici, ils lancent à 91 milles à l'heure mais ce n'est pas toujours précis, a-t-il expliqué. Ce n'est pas facile à attraper ni à frapper.»

Le no 26 doit donc apporter quelques correctifs à son style de jeu, autant en offensive qu'en défensive. Chaque matin, il travaille son élan avec l'ancien joueur d'arrêt-court des Expos de Montréal U.L. Washington, qui occupe le poste d'entraîneur des frappeurs avec le Drive de Greenville au niveau A. «Les gens à qui j'ai parlé apprécient son éthique de travail, a indiqué Claude Gravel, son père et ancien assistant-entraîneur avec le Royal, qui a assisté aux entraînements à Fort Myers. Il doit améliorer sa masse musculaire pour être capable de suivre le rythme de la saison. Il est aussi ouvert aux changements qu'on lui propose d'apporter à sa manière de frapper et d'attraper.»

Gravel met les bouchées doubles pour atteindre le prochain niveau en passant de longues journées au complexe d'entraînement des Red Sox, et il a certainement des objectifs ambitieux.

«Il faut se forcer pour aller plus loin. Je ne veux pas rester au niveau recrue plus que deux ans», a-t-il conclu.