C'est aujourd'hui que seront dévoilés les résultats fort attendus du scrutin en vue de l'intronisation au Temple de la renommée du baseball, version 2013. Et ça sent la controverse!

Pourquoi? Parce que pour la première fois, les noms de Barry Bonds, Roger Clemens et Sammy Sosa, icônes malheureuses de l'ère du dopage dans le baseball majeur, apparaissaient sur les bulletins de vote. Quel sort ce baptême électoral leur réservera-t-il?

En temps normal, des gars comme Bonds - auteur de 762 circuits et nommé sept fois joueur par excellence dans la Ligue nationale - et Clemens - lauréat du trophée Cy Young en sept occasions, un record - obtiendraient leur laissez-passer pour le Temple une main dans le dos.

Et peut-être Sosa (609 circuits) aussi.

Mais voilà: les quelque 600 membres de l'Association des chroniqueurs de baseball d'Amérique, qui détiennent la précieuse clé qui ouvre toutes grandes les portes du Temple, sont vraiment sévères envers les joueurs associés au dopage. On le répète: vraiment sévères.

Échecs à répétition

Des exemples? Depuis 2007, sa première année d'admissibilité, le colosse Mark McGwire (583 circuits, au dixième rang de tous les temps) mord continuellement la poussière avec comme meilleur score une récolte de 23,7% des suffrages, en 2010. On est loin de la coupe aux lèvres.

Pour sa part, Rafael Palmeiro, (3020 coups sûrs, dont 569 circuits), suspendu en août 2005 après avoir échoué à un test antidopage, fait encore plus mauvaise figure, avec deux tentatives qui se sont soldées par des résultats de 11% et 12,6%. Ouch!

«Je n'ai jamais coché le nom de McGwire sur mes bulletins de vote. Je ne peux donc pas avoir deux poids, deux mesures et accorder mon vote aux Bonds, Clemens et Sosa», a d'ailleurs indiqué mon collègue Pierre Ladouceur le 20 décembre dernier dans La Presse.

Et visiblement, plusieurs journalistes pensent la même chose; la majorité refuse obstinément de soutenir la candidature des «tricheurs».

Mais pendant que quelques électeurs font fi des drogues de performance dans leur analyse, d'autres prônent le «vote punitif», soit faire patienter les joueurs associés au dopage quelques années, question de leur infliger une sorte de sanction morale. La stratégie apparaît toutefois un brin douteuse.

Un minimum de 75% des suffrages est nécessaire pour qu'un joueur soit intronisé au Temple de la renommée du baseball. L'année dernière, l'arrêt-court Barry Larkin (86,4%) et le troisième-but Ron Santo, honoré à titre posthume par le comité des Vétérans rattaché au Temple, ont fait leur entrée dans l'enceinte sacrée du baseball.

Avis aux partisans des Expos: le voltigeur Tim Raines poursuivra probablement sa lente ascension (48,7% en 2012), mais il serait surprenant que celui qu'on surnomme «Rock» devienne le troisième représentant des Expos à Cooperstown, après Gary Carter (2003) et Andre Dawson (2010). Pas cette fois, du moins.

Parmi les joueurs les plus susceptibles de connaître la consécration en 2013, soulignons le receveur Mike Piazza, les lanceurs Jack Morris et Curt Schilling ainsi que le receveur, voltigeur et joueur de deuxième but Craig Biggio, membre du «club des 3000 coups sûrs» (3060).

La candidature de Piazza représente un mystère: ce dernier a avoué avoir consommé de l'androstènedione - une hormone stéroïdienne notamment utilisée par McGwire - en début de carrière quand rien n'interdisait le recours à cette substance, mais il aurait rapidement cessé cette pratique parce que, selon lui, il ne prenait pas assez de masse musculaire...

Vous savez quoi? Peut-être qu'aucun ancien joueur, finalement, n'accumulera suffisamment d'appuis pour qu'on ajoute une plaque de bronze dans la grande salle du Temple cette année. Ce n'est pas impossible... et ça enverrait un bien drôle de message.

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