Soyons honnête: quelles étaient les chances qu'un lanceur de balle papillon de 37 ans connaisse du succès avec les Mets de New York en 2012? Très minces, au mieux.

Non seulement les Mets du gérant Terry Collins représentent-ils une fort agréable surprise dans la division Est de la Ligue nationale, le droitier R.A. Dickey confond actuellement les sceptiques avec des prouesses dignes d'un lauréat du trophée Cy Young.

En 14 départs depuis le début du calendrier régulier, le lanceur originaire de Nashville montre un dossier de 11-1 assorti d'une moyenne de points mérités de 2,00 («WHIP» de 0,89) et 103 retraits sur des prises en 99 manches. L'adversaire frappe pour ,194 contre lui.

Dickey vient d'ailleurs de réaliser un exploit, celui de signer deux matchs complets consécutifs d'un seul coup sûr, contre les Rays de Tampa Bay, le 13 juin, et les Orioles de Baltimore, lundi.

C'était la première fois depuis Dave Stieb, des Blue Jays de Toronto, en 1988, qu'un lanceur du baseball majeur s'offrait deux sorties d'une telle qualité en succession.

Au cours de ces deux exceptionnelles performances, Dickey a totalisé 25 retraits sur des prises - dont un sommet en carrière de 13 réussites contre les Orioles - et deux buts sur balles.

Ses 42 manches et deux tiers d'affilée sans accorder de point mérité constituent la deuxième séquence en importance dans l'histoire des Mets, derrière celle de Dwight Gooden (49 manches) en 1985. D'autres chiffres? Dickey a remporté six matchs consécutifs et ses neuf dernières décisions.

Bref, il multiplie les coups d'éclat.

Dickey lance de façon tellement dominante par les temps qui courent que Collins et l'instructeur des lanceurs des Mets, Dan Warthen, ont même jonglé avec l'idée d'envoyer leur nouvel homme de confiance au monticule toutes les quatre rencontres (plutôt que cinq).

Une balle «fourchette»

Choisi par les Rangers du Texas en première ronde - 18e au total - au repêchage amateur de 1996, Robert Allen Dickey devait toucher une intéressante prime de plus de 800 000 $.

C'était avant qu'un médecin spécialiste ne constate avec stupéfaction que le coude droit du jeune artilleur n'avait aucun ligament latéral interne! Les dirigeants des Rangers n'ont pas aimé ladite découverte; Dickey s'est contenté de 75 000 $...

À l'époque, Dickey n'avait pas vraiment l'arsenal d'un lanceur des ligues majeures. Mais il possédait un tir unique, une sorte de balle «fourchette» - c'était en réalité une balle papillon - qu'il allait perfectionner en 2005.

Après quelques saisons en dents de scie dans les organisations des Rangers, des Brewers de Milwaukee, des Mariners de Seattle et des Twins du Minnesota, Dickey s'est entendu avec les Mets sur les termes d'un contrat des ligues mineures en janvier 2010.

À 35 ans, probablement sans le savoir, Dickey venait de trouver l'équipe avec laquelle il connaîtrait enfin ses premiers jours de gloire.

Depuis la retraite de Tim Wakefield, en février dernier, Dickey est le seul lanceur du baseball majeur capable de maîtriser l'art de la balle papillon au point d'en faire son arme principale. Certains de ses tirs surpassent même les 80 milles/heure, ce qui complique considérablement la tâche des frappeurs adverses.

Mais malgré des statistiques éclatantes, il doit forcément collectionner les mauvais lancers, non? La réponse: non. Le principal intéressé fait preuve, cette saison, d'une parfaite maîtrise de ses offrandes.

D'ailleurs, d'où viennent ces récents succès? «Je vais vous laisser le soin de trouver des explications», a dit Dickey aux représentants des médias après son blanchissage contre les Orioles, lundi.

Celui qui arbore le numéro 43 se retrouvera sous les projecteurs, dimanche soir, lorsque les Mets accueilleront leurs grands frères, les Yankees, sur les ondes de la télévision nationale américaine.

Ceux qui ne connaissent pas encore R.A. Dickey n'auront plus d'excuses...

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R.A. DICKEY, L'AUTEUR

R.A. Dickey s'est également fait connaître en publiant le 29 mars dernier son autobiographie (Wherever I Wind Up: My Quest for Truth, Authenticity and the Perfect Knuckleball), dans laquelle il confie notamment avoir subi des agressions sexuelles durant son enfance.

Wherever I Wind Up: My Quest for Truth, Authenticity and the Perfect Knuckleball

R.A. Dickey et Wayne Coffey

Penguin Group/Blue Rider Press

340 pages