Tandis que l'équipe à domicile s'effondrait, la foule s'est mise à scander «Let's go Rangers! Let's go Rangers!».

Sur le terrain, les Cowboys de Dallas n'étaient pas inspirés. Mais le cri de ralliement entendu lors du match de lundi soir a envoyé un message clair: la région de Dallas-Fort Worth n'est plus préoccupée par le football.

Pas cet automne, du moins.

Et certainement pas cette semaine.

Les Rangers du Texas ne sont peut-être pas l'«America's Team», mais ils sont les champions de la Ligue américaine, et en ce moment c'est plus important.

Ils amèneront la Série mondiale à Arlington cette fin de semaine, une première dans les 39 ans d'existence de la concession. En fait, les partisans de l'équipe jubilent tellement que même deux défaites humiliantes à San Francisco n'ont pas tempéré leur ardeur.

«Je crois que c'est merveilleux, a déclaré l'ancien joueur étoile des Cowboys Roger Staubach. Ce serait phénoménal s'ils pouvaient l'emporter.»

Et il n'y a probablement pas de meilleure façon d'illustrer cette frénésie que d'observer le dîner jeudi célébrant le lancement du décompte de 100 jours avant la présentation du Super Bowl à Arlington: les légendes des Cowboys Troy Aikman, Emmitt Smith, Daryl Johnston et Drew Pearson, ainsi que le propriétaire Jerry Jones ont tous revêtu la casquette rouge des Rangers.

«Quand la Série mondiale est en ville, on devrait tous s'intéresser au baseball», s'est exclamé Jones.

C'est assez incroyable de réaliser que la Série mondiale a délogé le Super Bowl comme centre d'intérêt dans la région, particulièrement quand on songe à l'histoire des deux équipes et à la popularité des deux sports au Texas.

Les Rangers sont arrivés à Arlington en 1972, quelques mois après que les Cowboys eurent remporté leur premier titre du Super Bowl. Et pendant que les Cowboys obtenaient quatre autres bagues de championnat, les Rangers n'ont jamais été en mesure de remporter une série éliminatoire avant ce mois-ci.

Les Rangers ont été mauvais pendant si longtemps qu'on pensait qu'il existait une clause secrète lorsqu'ils ont déménagé de Washington - les Rangers ont volé la vedette d'avril à août, puis ont été placés dans la voie d'accotement par le football professionnel, collégial et même secondaire. Après tout, la blague qui circule depuis toujours au Texas rappelle qu'il n'y a que deux saisons: celle du football, et celle du football printanier.

Les Rangers bousculent donc les traditions texanes, et pas à peu près. Ils disputent des matchs primordiaux plus tard durant la saison que les Cowboys, les Longhorns et les Aggies réunis.

«Si vous aviez jeté un oeil sur le calendrier et aviez dit que les Rangers allaient participer à la Série mondiale et que les Cowboys afficheraient un dossier de 1-5, quelqu'un vous aurait dit que vous aviez fumé quelque chose», a commenté en rigolant Staubach.

Aikman a ajouté que les succès des Rangers, combinés aux déboires des Cowboys, avaient permis à l'équipe de baseball texane d'atteindre des sommets de popularité.

«Et tant mieux pour eux, a confié Aikman. Ils personnifient vraiment le concept d'équipe. C'est une belle histoire. Je suis très fier de pouvoir les regarder, et de la façon dont ils jouent. J'espère qu'ils pourront augmenter leur niveau de jeu et remporter la Série mondiale.»

Aikman a habité dans la région durant 21 ans, et n'est donc pas tellement surpris du changement d'allégeance parmi les amateurs de sports locaux.

«J'ai toujours dit que Dallas était une ville de gagnants, a-t-il rappelé. Et ce sera peut-être la ville des Mavericks (l'équipe de basketball locale) la semaine prochaine.»

Mais pour cela, on devrait peut-être attendre deux semaines, au minimum.