Une odeur a commencé à envahir Philadelphie. Une odeur que les farouches amateurs de sports professionnels de la ville de l'Amour fraternel attendent depuis un quart de siècle : celle du champagne.

Les Phillies de Philadelphie se sont approchés à une seule victoire du deuxième championnat de leur longue histoire, après avoir vaincu les Rays de Tampa Bay par la marque de 10-2, dimanche, lors du quatrième match de la Série mondiale.Jimmy Rollins, qui a amorcé la rencontre avec une moyenne de ,143 depuis le début de la classique automnale, a été la bougie d'allumage des Phillies avec trois coups sûrs, dont deux doubles, et trois points marqués. Et Ryan Howard a généré les coups de canon, cognant deux dynamiques circuits qui ont fait produire la moitié des points de son équipe.

Même le lanceur Joe Blanton a participé à la pétarade. Le droitier des Phillies est devenu le premier lanceur depuis 1974 à cogner un circuit en Série mondiale, un coup en solo face à Edwin Jackson en cinquième manche.

Au monticule, Blanton a lancé pendant six manches, concédant deux points, venus de circuits en solo de Carl Crawford en quatrième manche et de Eric Hinske, en cinquième. Il a accordé quatre coups sûrs et deux buts sur balles et il a inscrit sept retraits sur des prises.

Quatre releveurs des Phillies ont limité les Rays à un seul coup sûr au fil des trois dernières manches.

Andy Sonnanstine n'a lancé que pendant quatre manches, allouant six coups sûrs et cinq points, mais seulement trois mérités. Le joueur de deuxième but Akinori Iwamura a commis deux erreurs, une en troisième et une autre en quatrième manche, qui ont coûté autant de points. Sonnanstine a également donné trois buts sur balles et obtenu deux retraits sur des prises.

«Nous devons revenir dans la série, a résumé le gérant des Rays, Joe Maddon. Nous savons très bien ce qui se passe, mais nous ne réagissons pas. Il faut cesser de leur donner quatre retraits par manche, et produire de meilleures présences au bâton.»

Dès lundi soir, les hommes du gérant Charlie Manuel auront l'occasion de devenir la première organisation sportive professionnelle de Philadelphie à procurer un championnat à ses concitoyens depuis les 76ers, dans la NBA, en 1983.

Pour ce faire, ils se tourneront vers l'as gaucher Cole Hamels, qui affiche un dossier de 4-0 et une moyenne de points mérités de 1,55 en quatre départs depuis le début des séries éliminatoires du baseball majeur.

Hamels affrontera le gaucher Scott Kazmir, qu'il a vaincu lors du premier match de la série, au Tropicana Field. Kazmir présente une fiche de 1-1 et une moyenne de 4,15 depuis le début des séries.

La seule conquête de la Série mondiale par les Phillies remonte à 1980. Après avoir devancé les Expos de Montréal par un match en saison régulière, les Phillies, menés par les Mike Schmidt, Steve Carlton et Pete Rose, avaient défait les Royals de Kansas City en six matchs.

«Ce sera un véritable cirque, a prédit Howard en parlant de la réaction des citoyens de la ville si les Phillies devaient l'emporter lundi. Ce sera l'une des places les plus folles sur la terre. Le simple fait d'y penser, ça fait peur!»

Les Phillies frappent tôt

Aidés par le manque de contrôle de Sonnanstine et une décision douteuse d'un officiel, les Phillies ont pris une avance de 1-0 dès la première manche.

Rollins a amorcé la poussée avec un double et après un retrait, Chase Utley a soutiré un but sur balles. Howard a ensuite frappé un roulant à Sonnanstine et le partant des Rays a tenté de retirer Rollins, alors posté au troisième coussin, qui avait effectué quelques pas en direction du marbre. Sonnanstine a lancé la balle vers Evan Longoria et le joueur d'arrêt-court des Phillies a été déclaré sauf par l'arbitre Tim Welke, alors que la reprise télévisée semblait indiquer le contraire.

La décision de Welke a permis aux Phillies de remplir les coussins, et Pat Burrell, le frappeur suivant, a soutiré un but sur balles poussant Rollins au marbre.

Les Phillies ont doublé leur avance en troisième, et cette fois ils ont bénéficié de l'aide de Iwamura, qui a gaffé sur un roulant de Utley, le premier frappeur de la manche. Howard a enchaîné avec un simple permettant à Utley de se rendre au troisième coussin.

Sonnanstine semblait destiné à sortir de la manche indemne après avoir forcé Burrell et Shane Victorino à retrousser de faibles ballons au joueur d'arrêt-court Jason Bartlett, mais Pedro Feliz a cogné un simple au champ gauche et les Phillies menaient 2-0.

Les Rays ont réagi en début de quatrième quand Crawford a cogné son deuxième circuit de la Série mondiale, une claque en solo après deux retraits, mais les Phillies ont eu tôt fait de reprendre ce point... et deux de plus au passage une demi-manche plus tard.

Rollins a atteint le premier coussin sur la deuxième erreur du match de Iwamura et Jayson Werth a reçu un but sur balles. Sonnanstine a fait fendre l'air à Utley mais Howard a cogné son deuxième circuit en autant de matchs, un coup au champ gauche.

Eric Hinske a imité Crawford avec un circuit en solo après deux retraits en cinquième face à Blanton, mais ce dernier a semé la frénésie chez les spectateurs au Citizens Bank Park en cognant un solide circuit au champ gauche.

Ken Holtzman, avec les Athletics d'Oakland, avait été le dernier artilleur à réussir pareil exploit lors d'un match de la Série mondiale, face à Andy Messersmith des Dodgers de Los Angeles.

«J'imagine que j'ai utilisé la même approche que j'emploie depuis que je suis ici: je ferme les yeux et je m'élance de toutes mes forces, au cas où, a lancé Blanton, acquis des Athletics d'Oakland au mois de juillet. J'espère que quelque chose de bon se produira. J'imagine qu'il est préférable d'être chanceux que bon.»

Les Rays ont menacé en septième manche, plaçant deux coureurs sur les sentiers, mais Ryan Madson a étouffé la menace en retirant B.J. Upton sur trois prises.

Les partisans des Phillies ont eu droit à feu d'artifice en huitième manche, résultat de circuits de deux points de Werth, contre Dan Wheeler, et de Howard face à Trever Miller.