De pire équipe à vainqueur de la Série mondiale? Les Rays de Tampa Bay pourraient devenir la première formation dans les ligues majeures à compléter le revirement suprême en l'espace d'une seule saison. Débarrassés de l'étiquette de risée du baseball, les joueurs des Rays afficheront la fière allure qui accompagne des champions de ligue alors qu'ils affronteront les Phillies de Philadelphie en Série mondiale, à compter de mercredi.

La version 2008 de la Série mondiale en sera une de contraste: nord contre sud; vieille concession contre jeune organisation; club reposé contre formation éreintée; équipe adulée depuis des lunes contre un club ridiculisé depuis sa naissance.

Mais ces deux organisations ont un point en commun: elles ont vécu leur large part de déboires au fil des ans.

Les Phillies existent depuis 1883 et l'équipe ayant subi le plus grand nombre de revers dans l'histoire des ligues de sport professionnel aux États-Unis n'a célébré qu'un seul championnat, en 1980.

Les Rays? La concession a vu le jour en 1998, a affiché un dossier victorieux pour la première fois de son histoire en 2008 et a effacé le qualificatif «Devil» de son surnom après la saison 2007.

«Les gens étaient heureux lorsque nous avons récolté notre 71e victoire. Ils étaient emballés le jour où nous avons remporté notre 81e match, réalisant que nous avions atteint le plateau de ,500. Et nous avons continué, a raconté le lanceur Matt Garza, élu joueur par excellence de la série de championnat de la Ligue américaine.

«Nous avons prouvé à tous ceux qui doutaient de nous qu'ils avaient eu tort.»

Avant que ne s'amorce la saison 2008, les Rays avaient été établis favoris à 200 contre 1 pour remporter la Série mondiale, une cote qui les plaçait au 28e rang parmi les formations du baseball majeur, devant les Royals de Kansas City et les Nationals de Washington, toutes deux cotées à 250 contre 1. En contrepartie, les chances des Phillies étaient de 18 contre 1.

«Ils sont intraitables. À ce sujet, les deux équipes se ressemblent, a opiné Charlie Manuel, le gérant des Phillies. Nous n'abandonnons jamais. Je pense qu'ils (les Rays) ont découvert cette facette cette saison. Ils sont jeunes et ils sont excités. Nous sommes plus pondérés.»

«Personne ne nous croyait capables de gagner; tout le monde s'attendait à nous voir perdre 90 matchs cette saison, a affirmé David Price, le jeune lanceur gaucher de 23 ans qui a inscrit les quatre derniers retraits du match décisif de dimanche.

«Nous avons subi sept revers consécutifs avant la pause du match des étoiles, et les observateurs croyaient que nous allions nous écrouler. Mais ce ne fut pas le cas», d'ajouter Price.

De leur côté, les Phillies ont connu un fort mois de septembre, tout comme l'année dernière, pour devancer les Mets au premier rang de la section Est de la Ligue nationale. Pendant de nombreuses années, le titre à la une des quotidiens de Philadelphie se lisait comme suit : 'Les Phillies flanchent'. Mais pas cette année, du moins jusqu'à maintenant.

«Les citoyens de Philadelphie attendent un club gagnant depuis si longtemps, a rappelé Manuel. Je pense que notre tour est arrivé. Nous sommes là; pourquoi ne pas gagner?»