Roseline Filion effectuait sa routine de sauts renversés habituelle sur des coussins lorsqu'elle a raté un atterrissage, heurtant de plein fouet un de ses talons sur le ciment.

L'accident survenu le 17 décembre a entraîné une fracture à la cheville droite de l'une des meilleures plongeuses canadiennes, et ses espoirs d'obtenir un laissez-passer pour la tour de 10 m individuelle aux Jeux olympiques de Rio pourraient s'envoler.

L'athlète de 28 ans originaire de Laval, médaillée de bronze en plongeon synchronisé en compagnie de sa partenaire Meaghan Benfeito aux Jeux de Londres en 2012, a subi cette blessure aux Championnats canadiens de plongeon à Saskatoon. Elle luttait pour une place en prévison de la Coupe du monde du mois prochain à Rio, un événement de qualification olympique.

«En 20 ans de carrière, c'est ma première grosse blessure, a dit Filion en entrevue téléphonique. Et lorsque ça s'est produit, j'étais vraiment atterrée, je projetais trop loin, pensant que ma saison était terminée, que je n'avais plus aucun espoir... vous savez, quand quelque chose comme ça se produit, tout devient très sombre.»

Filion et Benfeito ont obtenu leur qualification olympique à la tour de 10 m en décrochant l'argent aux Championnats du monde. Mais Filion a connu sa part d'ennuis dans l'épreuve individuelle, terminant 13e, échouant ainsi dans sa tentative d'obtenir son billet pour Rio.

Filion s'est fracturé le talus, une blessure complexe qui nécessite parfois une longue période de repos. On ignore pour le moment la date de son retour à la compétition, mais elle a remplacé son plâtre par une botte protectrice mardi, et a ajouté qu'un test d'imagerie par résonance magnétique avait démontré qu'elle progressait. Elle s'entraîne à l'extérieur de la piscine depuis l'accident - «mais je ne mets aucun poids sur mon pied en ce moment».

Elle obtiendra une botte protectrice hydrofuge cette semaine qui lui permettra de reprendre l'entraînement à la piscine, sans l'empêcher de mettre du poids dessus.

«J'ai dessiné des rayures de zèbre dessus... Je devais m'amuser, non?», a-t-elle lancé en riant.

Celina Toth, de Victoria, participera à l'épreuve de la tour de 10 m individuelle à la Coupe du monde de Rio, et un top-25 permettrait au Canada de confirmer sa qualification olympique. Filion accompagnera l'équipe à Rio pour la Coupe du monde, qui se déroulera du 19 au 24 février, afin de voir la piscine avant la tenue des Jeux olympiques.

Des airs de déjà-vu

Mitch Geller, le directeur technique de Plongeon Canada, a déclaré que l'équipe est habituée aux blessures préolympiques. Le double médaillé olympique Alexandre Despatie avait été opéré pour une profonde lacération à la tête après avoir heurté le tremplin six semaines seulement avant les Jeux de Londres en 2012. Le champion du monde s'était aussi fracturé un pied quatre mois avant de décrocher la médaille d'argent aux Jeux de Pékin en 2008.

«Nous énumérons sur un tableau blanc la liste des obstacles qui se dressent devant nous, et nous trouvons toujours ça intéressant de les répertorier, a dit Geller. (La blessure de Filion) ira sur le tableau blanc. Mais il y en aura d'autres à suivre, et ça n'arrive pas qu'à nous... Chaque équipe, chaque pays, des choses inattendues se produisent tout le temps dans les mois qui précèdent les Jeux olympiques.»

Geller a dit que cette blessure pourrait bénéficier à Filion, une athlète reconnue pour sa constance et sa ténacité qui lui permettent de marteler sans arrêt sur les faiblesses de ses adversaires.

Sa principale faiblesse, a dit Geller, c'est son entrée à l'eau, «où elle pourrait réduire davantage ses éclaboussures. En ce moment, elle n'y est pas encore.

«Elle pourrait pratiquer cet aspect sans mettre de pression sur son pied, ce n'est pas une impulsion, tu n'as pas à sauter, tu dois simplement te laisser tomber de la plate-forme, et tu peux répéter cette manoeuvre sans arrêt jusqu'à ce que tes yeux saignent, a poursuivi Geller. C'est un détail, mais si cet aspect de ses plongeons s'améliore, alors elle augmente ses chances de médaille.

«On ne sait pas ce que (ce repos forcé) aura comme impact sur sa préparation.»