Le water-polo a beau se jouer en maillot de bain, ce n'est pas un sport de détente. Du moins, pas au niveau international, comme il se pratiquera aux Jeux panaméricains de Guadalajara à compter de dimanche.

Il faut de la combativité pour jouer au water-polo et c'est ce qui explique que neuf des 13 joueuses de l'équipe canadienne féminine proviennent du Québec, selon l'entraîneur de cette formation Patrick Oaten.

«C'est une combinaison des efforts faits par les clubs de Dollard-des-Ormeaux et CAMO, a-t-il expliqué au cours d'un entretien avec La Presse Canadienne. Il y a une grande rivalité entre ces deux clubs, et les joueuses des équipes québécoises ont tendance à jouer de manière plus physique.

«C'est une expression québécoise que j'aime beaucoup : elles ont beaucoup de chien, a ajouté Oaten, un anglo-québécois bilingue de Dollard-des-Ormeaux, qui a déjà été entraîneur-chef du club de DDO. Les joueuses de ces clubs ont ces qualités et ça prend ça pour affronter les autres pays. D'ailleurs, si tu n'aimes pas le contact physique, tu ne peux pas jouer ce sport. Il faut avoir la capacité mentale de composer avec ça.»

La combativité et le calme face à l'adversité s'avéreront encore une fois des qualités importantes aux Jeux panam.

Surtout si, comme on s'y attend, le Canada affronte les États-Unis en finale, comme c'est souvent le cas dans les grands tournois internationaux. Une finale qui mettra à l'enjeu une qualification olympique automatique pour les médaillées d'or, et un billet pour un tournoi de qualification de la deuxième chance en avril 2012 dans le cas des médaillées d'argent.

Si les Canadiennes et les Américaines s'affrontent effectivement pour l'or, attendez-vous à des coups salauds.

«C'est une très forte rivalité, dans la piscine et en dehors. Les émotions sont vraiment à vif, a reconnu Oaten. Ça donne toujours un match extraordinairement physique. Nous avons tendance à être très efficaces contre elles au chapitre du jumelage individuel, alors nos joueuses sont toujours 'dans leur face'. C'est tellement serré que la différence se résume souvent à une petite faute commise par une joueuse.

«Et je dirais que 90 pour cent de nos affrontements se décident par un but ou deux. C'est rare qu'une équipe va garder son rythme pendant de longues séquences. C'est toujours un but ou deux d'un côté, puis un ou deux de l'autre.

«Nous et les États-Unis, nous pensons tous les deux que nous avons la meilleure équipe au monde. Et quand les deux équipes s'affrontent, c'est pour l'honneur de clamer qu'elles sont les meilleures.»

Ce désir de la victoire à tout prix mène parfois à des incidents comme celui du championnat du monde de 2009, à Rome, à l'occasion de la finale disputée entre le Canada et les États-Unis. Marquée par la Québécoise Krystina Alogbo, l'Américaine Elsie Windes a réussi un but d'un lancer à courte distance, puis ensuite repris son geste du bras et asséné un coup de poing au visage de la capitaine canadienne, comme si elle complétait son mouvement initial et la frappait par accident. Sauf que c'était parfaitement volontaire.

On peut facilement trouver des images de l'incident sur Internet.

«Utilisez les mots «water polo girl fight» pour les chercher, a indiqué Oaten. C'est partout. Ç'a été tellement diffusé, d'ailleurs, qu'à l'époque des avocats des États-Unis m'avaient appelé et offert de nous représenter!»

Avant de penser à la finale, il faudra aussi penser aux Mexicaines et aux Brésiliennes, qui se retrouveront dans le groupe du Canada. Cuba sera à surveiller dans l'autre groupe.

«Le Mexique utilisent beaucoup de joueuses américaines qui ont la double citoyenneté, qui jouent dans la NCAA en Californie notamment, a noté Oaten. Et le Brésil, évidemment, prépare ses Jeux olympiques, ceux de 2016.»

Les tournois masculin et féminin commencent dimanche au Centre aquatique Banque Scotia de Guadalajara. Les Canadiennes affronteront les Vénézuéliennes et les Canadiens, les Mexicains. Le format sera le même des deux côtés, alors que les deux premiers de chacun des deux groupes accéderont aux demi-finales. La qualification olympique sera ensuite attribuée à l'équipe gagnante en finale, et l'accès au tournoi de la deuxième chance à la perdante.

Plusieurs joueuses seront à surveiller du côté du Canada.

«C'est sûr que Krystina Alogbo, notre joueuse d'utilité, et Rachel Riddell, notre gardienne, vont nous permettre d'avoir beaucoup de succès si elles jouent comme elles en sont capables, a indiqué Oaten. L'équipe compte d'ailleurs un bon noyau de vétérans - pas en âge chronologique, mais en terme d'expérience de water-polo - comme Dominique Perreault, Marina Radu et Christine Robinson. Elles faisaient toutes partie de l'équipe qui a raté la qualification olympique de 2008 par une seule position.

«Ce que j'aime de l'équipe actuelle c'est qu'un match donné, Alogbo et Perreault vont bien jouer et nous permettre de gagner, puis le match suivant, ça peut être Robinson et Tara Campbell qui feront la différence. Ça change à chaque match. Mais la clé reste Rachel. Si elle est en forme, nous allons gagner.»