Les Anglais impolis? Shocking! Pourtant, certains Britanniques en sont persuadés et ont décidé de réapprendre les bonnes manières à leurs compatriotes, pour qu'ils accueillent avec sourires et mercis les étrangers qui afflueront lors des Jeux olymiques de 2012 à Londres.

Dans la perspective des JO de 2008 à Pékin, une campagne nationale avait été lancée pour apprendre aux Chinois à «bien se comporter»: ne plus cracher en public, ne plus jouer des coudes pour monter dans le bus, ne plus râcler sa gorge au restaurant... La liste était longue.

Assurément, une telle campagne ne serait pas nécessaire au Royaume-Uni, pays où a été inventé le fair-play et souvent considéré comme la nation du civisme.

C'est faux, répond en substance Peter G. Foot. Gentleman septuagénaire aux convenances de Lord, M. Foot est le président de la très respectable organisation «National Campaign for Courtesy» («Campagne nationale pour la politesse»). «On doit améliorer nos manières si on veut que les visiteurs repartent avec une haute estime de ce pays», déclare M. Foot à l'AFP.

«C'est vraiment pire que par le passé», ajoute-t-il dans un anglais châtié. «On avait l'habitude de faire la queue aux arrêts de bus mais maintenant, c'est chacun pour soi. On jette ses ordures par terre. Quand on rentre dans un magasin, on nous ignore, tandis que deux vendeuses sont en train de discuter du garçon avec qui elles sont sorties la veille au soir».

Londres a été classée en mars dernier «ville la plus impolie du Royaume-Uni» dans une étude réalisée par le groupe hôtelier Jurys Inn. Ce sont pourtant un million de personnes qui sont attendues pour les JO et M. Foot ne voudrait pas que son pays soit cloué au pilori pour ses bad manners.

«Nous démarrons une campagne afin de faire en sorte que tous les visiteurs étrangers considèrent qu'on les a traités avec respect», explique-t-il. Avec ses petits moyens - l'association n'a que 900 membres -, M. Foot tente de «faire avancer le message sur les radios et les télévisions» et délivre régulièrement des «certificats de bon comportement» à des «personnes exemplaires».

Ce chauffeur de bus qui «chante des chansons et donne des bonbons aux passagers»; ce guichetier de la poste «tellement serviable» ou ces réceptionnistes «offering tea» aux personnes en attente: tous ont eu la surprise de voir un jour débarquer M. Foot, son certificat en main.

Le message est simple: «souriez, dites merci et s'il vous plaît», résume le président. «J'aimerais que les visiteurs descendant de leur avion reçoivent un accueil chaleureux. Même chose dans le taxi, les magasins, les restaurants...», énumère-t-il.

«Offrir un accueil chaleureux aux étrangers à l'approche des JO de 2012» est également le but que s'est fixé VisitBritain, l'agence britannique du tourisme, qui vient de lancer un guide des gaffes à ne pas commettre face aux étrangers.

«Ne traitez jamais un Canadien d'Américain», «Ne claquez jamais des doigts devant un Belge»; «Ne demandez pas à un habitant des Emirats s'il veut du bacon avec ses oeufs»... figurent parmi les impolitesses à éviter.

Pragmatique, Sandie Dawe, directrice générale de l'agence, rappelle que les «visiteurs étrangers dépensent plus de 16 milliards de livres (26 milliards $ CAN) par an au Royaume-Uni. Leur offrir un bon accueil est absolument vital pour notre économie».

Tout aussi conscient de la manne financière, le maire de Londres Boris Johnson entend recruter 8000 bénévoles qui accueilleront les visiteurs lors des JO dans les aéroports, gares, sites touristiques et olympiques. Première qualité que devront posséder ces «ambassadeurs»? «Etre le visage souriant, heureux et fier de Londres», a répondu le premier magistrat lors du lancement du programme, fin juillet.