De Paula Radcliffe, recordwoman du monde du marathon, aux coureurs du dimanche, la communauté des marathoniens, solidaire dans la peine comme dans l'effort, est «sous le choc» après le double attentat qui a frappé lundi le marathon de Boston, l'un des «42 km» les plus mythiques.

«Je suis sous le choc. Ça me touche vraiment», raconte Philippe Paillaud, premier Français à avoir intégré le «Seven Continent club», le club très fermé des coureurs qui ont bouclé des marathons sur les sept continents, y compris l'Antarctique.

«Nous les marathoniens, nous savons tous ce que c'est de s'entraîner pendant des mois pour un marathon, tout ça pour qu'à cent mètres de l'arrivée, des types te fassent péter la tronche...», dit-il dépité à l'AFP.

«J'aurais pu y être, c'est sûr, beaucoup de Français le courent», ressasse-t-il. Il a couru 21 marathons, de Tahiti à Pékin en passant par Londres.

Par-delà les frontières, quel que soit leur âge, les marathoniens forment une communauté soudée dans l'effort, qui partage quelques légendes et souvenirs communs: entraînements sous la pluie, blessures, «mur» du 30e kilomètre... Pour eux, la félicité s'incarne dans la ligne d'arrivée, la fin des mythiques 42,195 km. Lundi soir, cette ligne d'arrivée était maculée de sang.

«Courir rassemble les gens mais ce qui s'est produit à Boston est terrible, a écrit sur Twitter Haile Gebreselassie (@HaileGebr), ex-recordman du monde du marathon. Mes pensées vont à tous ceux de Boston».

«Il y a vraiment des grands malades, qui peut faire des trucs pareils?», a réagi Paula Radcliffe (@paulajradcliffe).

Philippe Paillaud, lui, n'est pas surpris par l'attentat: «En courant Berlin, Paris ou New York où il y a beaucoup de public, j'ai toujours pensé qu'un marathon était une cible facile».

Chaque année, plus de deux millions de spectateurs se rassemblent par exemple le long du parcours à New York. «C'est incompréhensible mais ce n'est pas une surprise», tranche Philippe Paillaud.

«On court donc on est solidaire»

Sur beaucoup de sites dédiés au marathon, des photos de la «tragédie de Boston» côtoient les derniers «conseils» pour le jour «J», comme sur la page d'accueil du site internet du magazine Women's running. «Nos pensées accompagnent les victimes de l'attaque, la ville de Boston et les coureurs partout dans le monde», dit l'édito.

Sur l'un des plus célèbres forums en français, courseapied.net, 53 messages avaient été postés mardi matin en lien avec la tragédie de Boston. «C'est horrible. Maintenant va-t-on faire le jeu lâche des terroristes en angoissant avant de prendre le départ d'un marathon?» se demandait «Edgar» quelques minutes après l'annonce du drame.

«Ça va être l'enfer pour la sécurité sur les courses maintenant. A commencer par Londres ce week-end», ajoute-t-il, alors que les organisateurs du marathon de Londres ont confirmé que leur course prévue dimanche aurait bien lieu.

Sur le forum de «Runner's world», Maren Sullivan se dit touchée «au plus profond du coeur». «Demain, mes quatre enfants et moi nous porterons nos maillots de course à l'école et au travail» en guise d'hommage disait-elle lundi soir. «On court donc on est solidaire», concluait-elle.

«Pour beaucoup d'entre nous, la course est un havre de paix» au milieu de semaines «infernales et pleines d'angoisses», écrit Michelle M. Funkenbusch sur ce même forum. «C'est terrible de réaliser que ce havre de paix est mis en péril pour des combats politiques».