Athlétisme Canada n'a pas très bien compris - ni apprécié - les commentaires émis la semaine dernière par l'ex-sprinteur Bruny Surin au sujet de l'état actuel du sprint canadien.

Dans un article paru dans La Presse, Surin s'est dit choqué de voir le sprint canadien «bien malade», une situation qu'il dit avoir prévu il y a plusieurs années. Il a également remis en question l'engagement des sprinteurs, qu'il soupçonne de se contenter de peu, et de la qualité des entraînements.

Lundi, si certains intervenants du milieu de l'athlétisme au pays présents aux Jeux du Canada ont dit être d'accord avec certains des propos de Surin, ils ont remis en question certaines de ses observations. D'autres ont même émis des réserves sur ce que Surin avait fait pour l'athlétisme canadien depuis qu'il a pris sa retraite.

Le chef de la direction technique à Athlétisme Canada, Martin Goulet, a remis les pendules à l'heure lors d'un entretien avec La Presse Canadienne, mardi.

«Ce n'est pas la première fois que Bruny fait ce genre de déclarations, a indiqué Goulet, tout juste de retour de Berlin où les championnats du monde d'athlétisme ont eu lieu.

«Sans vouloir partir une guerre de mots avec lui, j'ai quand même de la difficulté avec certaines de ses déclarations, notamment quand il dit qu'il n'a pas été écouté quand il a offert ses services. J'ai personnellement rencontré Bruny ce printemps, alors que nous avons discuté de notre nouveau Centre national du développement du sprint, installé à Montréal et mis sur pied en collaboration avec le club d'athlétisme de Daniel Saint-Hilaire. Nous le rencontrerons de nouveau très bientôt, Joanne (Mortimore, directrice générale d'Athlétisme Canada) et moi.

«Et il faut faire attention quand on dit que le sprint canadien est 'bien malade'. On vient tout juste de réussir la meilleure performance des 11 dernières années au relais 4 x 100m, alors que l'équipe a signé un temps de 38,39 secondes.»

Goulet estime d'ailleurs que Surin ne sait pas suffisamment ce qui se passe au sein de la fédération nationale pour faire ce genre de déclarations.

«Notre plan stratégique est axé pour que le relais soit à son apogée aux Jeux olympiques de Londres, en 2012. Depuis l'embauche de Glenroy Gilbert (coéquipier de Surin au sein du relais médaillé d'or des Jeux d'Atlanta) en 2002, il ne cesse de s'améliorer. Nous sommes actuellement cinquièmes au monde, ce n'est pas vilain. Nous sommes très satisfaits du travail accompli par Glenroy.»

Il croit également que Surin n'est pas au courant des efforts déployés pour recruter des athlètes de talent.

«L'un des mandats du centre de Montréal est justement de recruter de façon très agressive de jeunes talents.»

Goulet est par contre d'accord avec Surin au niveau des performances individuelles.

«Là-dessus, je dois lui donner raison. Je ne nommerai personne, mais ce n'est pas faux de dire qu'il y en a qui se traînent les pieds. Mais on doit travailler avec le groupe d'athlètes qu'on a.

«Nous avons une équipe très jeune, avec une moyenne d'âge de 22 ans. On espère qu'en axant notre travail sur le collectif, on va pouvoir leur inculquer une éthique de travail et que la crème va remonter à la surface. Mais si Bruny s'attend à voir un athlète réaliser un chrono de 9,84 (son meilleur temps en carrière), je peux vous dire que ce n'est pas pour demain matin.

«Je suis certain qu'au fond de son coeur, Bruny ne veut que le bien du sprint canadien. Je ne peux que lui assurer que tout est mis en place à Athlétisme Canada pour qu'il en soit ainsi.»