Armel Le Cléac'h a réalisé l'un de ses rêves les plus fous en remportant jeudi, pour sa troisième tentative, le Vendée Globe, la course de référence à la voile en solitaire autour du monde, dans un temps record.

À bord de son monocoque Banque Populaire VIII, le Français (39 ans), en tête de la course depuis 46 jours, a coupé la ligne d'arrivée aux Sables d'Olonne peu après 16h35 (10h35 heure du Québec), après 74 jours 3 heures 35 minutes et 46 secondes.

Il succède au palmarès à François Gabart, qui détenait le record de temps de la course (78 j 2 h 16 min) et plus jeune vainqueur en 2012-2013.

Le Breton est arrivé aux Sables d'Olonne escorté par des dizaines de bateaux venus accueillir leur héros avant la ligne, baignée par un pâle soleil d'hiver.

Une fois la ligne coupée, les membres de son équipe sont montés à bord pour un moment fort en émotions. Ensuite, le marin devra patienter jusqu'à la prochaine marée haute, aux alentours de 18h, pour remonter en vainqueur le chenal qui mène à Port Olona, le long duquel une foule immense est massée malgré le froid glacial.

Le Cléac'h est arrivé éprouvé et fatigué après avoir dû tenir tête pendant presque 10 semaines - soit la totalité de la course - à un coriace adversaire, Alex Thomson (Hugo Boss). Pour sa 4e participation, le Britannique entendait bien devenir le premier étranger à remporter le Vendée Globe.

Mais l'illustre compétition de voile est restée la propriété des Français grâce à la ténacité et la grande maîtrise d'Armel Le Cléac'h, qui a su résister à la pression du Gallois, qui se trouvait à une centaine de milles (environ 180 km) au moment de la victoire de Le Cléac'h et qui ne devrait pas arriver avant minuit.

En tête depuis le 3 décembre

Pour cette huitième édition d'une course lancée il y a 28 ans, Le Cléac'h est devenu le septième navigateur à s'imposer. Michel Desjoyeaux a gagné deux fois en 2001 et 2009.

Parti le dimanche 6 novembre à 13h02 des Sables d'Olonne, Le Cléac'h ne s'est pas positionné en tête d'entrée. Mais très rapidement, il s'est retrouvé à la lutte avec Thomson, leader dès le 12 novembre.

Le Français a pris les commandes le 3 décembre pour ne jamais plus céder cette place de premier.

Il avait terminé deuxième de son premier Vendée Globe en 2008-2009, puis encore deuxième de la dernière édition, à seulement 3 heures de Gabart. Il avait hâte de se débarrasser de cette image du Poulidor de la voile qui lui colle à la peau et qui l'agace.

Ce père de deux enfants, issu d'une famille de marins côté maternel et qui a grandi avec deux frères et une soeur, s'est entièrement dédié à cette course.

Son bateau (Banque Populaire VIII) a été spécialement conçu pour cette édition, et équipé de ces fameux foils (appendices latéraux qui soulagent le bateau à certaines allures pour aller plus vite), restés intacts. Ce qui n'a pas été le cas pour Thomson, qui a cassé l'un de ses 2 foils.

Seul couac technique pour le Français: une voile cassée dans le Pacifique, qu'il n'a pas pu utiliser pendant un mois et demi, comme il l'a confié à BFMTV.

Armel Le Cléac'h fera ses adieux en mars à ce monocoque avec lequel il vient de vivre une aventure extraordinaire. Le bateau passera dans les mains de Louis Burton, actuel septième du Vendée Globe avec Bureau Vallée.

Le nouveau vainqueur du Vendée Globe se consacrera à son nouveau bébé, un multicoque de la classe des Ultime, le Maxi Banque Populaire IX, qui sera mis à l'eau l'été prochain et inauguré avec la course The Bridge, une Transat Saint-Nazaire/New York qui met aux prises le paquebot Queen Elisabeth II et 4 maxi-trimaran.

Le Cléac'h a dans son viseur la Route du Rhum en 2018, qu'il n'a jamais gagnée, et en 2019, la course des Ultimes autour du monde en solitaire et sans assistance et sans escale. Un autre défi extrême.