Au moins deux paliers de gouvernement savaient qu'ils subventionnaient une salle de conférence multimédia de plus de 2 millions de dollars dans le cadre du projet de Maison olympique canadienne à Montréal.

Au moins deux paliers de gouvernement savaient qu'ils subventionnaient une salle de conférence multimédia de plus de 2 millions de dollars dans le cadre du projet de Maison olympique canadienne à Montréal.

Le gouvernement Trudeau aurait « préféré » que les fonds publics accordés par le gouvernement Harper en mai dernier ne servent pas à financer une salle de conférence de 2,9 millions à la Maison olympique. « C'est frustrant, absolument, mais ce n'est pas moi qui ai pris la décision », dit la ministre fédérale des Sports et des Personnes handicapées, Carla Qualtrough. Le gouvernement du Québec admet aussi que le projet de Maison olympique aurait « probablement » pu être mieux géré.

Les trois paliers de gouvernement ont versé 8,5 millions pour financer la Maison olympique canadienne au centre-ville de Montréal. Ce projet de 10 millions du Comité olympique canadien (COC) comprend notamment une salle de conférence ayant coûté 2,9 millions, selon un article du Globe and Mail. La ministre Qualtrough ne trouve pas que cette dépense soit justifiée. « Je ne peux pas vous dire ce que le gouvernement précédent [le gouvernement Harper] pensait quand le contrat a été accordé, dit-elle. Comme ancienne athlète, j'aurais préféré que l'argent soit dépensé pour les entraîneurs, la préparation aux Jeux de Rio afin d'avoir les meilleurs résultats pour notre pays. »

Le COC n'a toutefois pas caché le coût de la salle Lausanne aux gouvernements qui ont subventionné le projet de la Maison olympique. Dans un document de la Ville de Montréal autorisant la subvention, le coût de la salle est évalué à 2,4 millions (elle a finalement coûté 2,9 millions, selon un rapport de Deloitte pour le COC, obtenu par le Globe and Mail). Le document de la Ville de Montréal décrit la salle Lausanne comme un « espace multifonctionnel qui sera également utilisé pour des rencontres protocolaires. Dotée d'une grande capacité multimédia, cette salle permettra d'accueillir, entre autres, des rencontres de hauts dirigeants sportifs et de fédérations sportives, des conférences de presse, des diffusions télévisuelles ».

Ottawa était aussi au courant de l'existence de la salle Lausanne. Daté de mai 2015, le communiqué de presse du gouvernement fédéral mentionne que sa subvention de 3 millions « permettra [notamment] d'aménager une salle de conférence multifonctionnelle (salle Lausanne) dans le bâtiment ». Québec a accordé une subvention de 3,5 millions et la Ville de Montréal, de 2 millions. Le COC devait trouver la somme de 1,5 million pour compléter le financement, ce qui n'a pas été fait. Ce projet de Maison olympique était une idée de l'ex-président du COC Marcel Aubut, qui a démissionné de ses fonctions en octobre dernier en raison de plaintes internes et d'allégations de harcèlement sexuel.

La Maison olympique a été inaugurée officiellement l'été dernier en présence du président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, mais elle n'est pas encore ouverte au grand public. La cérémonie d'inauguration de la Maison olympique a coûté 1 million, selon le Globe and Mail.

UN INVESTISSEMENT « SELON LES NORMES »

L'ancien ministre conservateur Denis Lebel, qui a accordé la subvention de 3 millions du gouvernement fédéral à titre de ministre responsable de l'Agence de développement économique pour les régions du Québec, n'était pas au courant personnellement du coût précis de la salle Lausanne. « Les fonctionnaires se sont assurés que ce soit investi selon les normes », dit le député de Lac-Saint-Jean, qui défend l'investissement du fédéral dans le projet. « Ne pas y être alors que Montréal accueillait un événement avec des grands champions olympiques aurait été impensable, dit-il. Nous voulions que le Canada soit présent. »

Son collègue député conservateur Gérald Deltell trouve toutefois que « force est d'admettre qu'à première vue ça semble être un petit peu exagéré d'avoir une salle qui coûte des millions de dollars ».

À Québec, le ministre responsable de la région de Montréal, Martin Coiteux, défend le projet même s'il admet qu'il aurait « probablement » pu être mieux géré, selon sa directrice des communications Geneviève Guilbault. Le gouvernement Couillard tient au projet. « C'est une bonne nouvelle pour le Québec. Ça permet à la métropole de s'affirmer à l'international comme un pôle d'excellence sportive », dit Mme Guibault, qui affirme avoir bon espoir que le Comité olympique canadien respectera ses engagements malgré les retards accumulés dans le cadre de ce projet. La Ville de Montréal voulait faire davantage de vérifications vendredi avant de réagir. Conformément aux contrats, Québec et Montréal retiennent le paiement de la dernière partie de leurs subventions, qui sera payée quand le projet sera terminé.

Malgré les retards, le COC se dit « fier » de la Maison olympique canadienne. « La première des deux phases du projet est terminée, et nous demeurons résolus à ouvrir la Maison olympique canadienne au public en 2016. Nous avons rencontré chacun de nos partenaires gouvernementaux au cours des dernières semaines et avons leur appui soutenu en vue de l'achèvement du projet en 2016 », a indiqué un porte-parole du Comité.

photo bernard brault, archives la presse

Les trois paliers de gouvernement ont versé 8,5 millions pour financer la Maison olympique canadienne.