À quelques mois de son ouverture officielle au Stade olympique, l'Institut national du sport du Québec (INS) attend toujours le financement gouvernemental accru qui lui permettra de mener à bien ses opérations et d'assurer sa croissance. La situation préoccupe la direction de l'organisation, qui espère «un coup de barre» sans quoi «le projet va ralentir».

Dans le cadre de la campagne électorale, l'INS demande aux partis politiques de faire connaître leur position sur le financement du sport de haut niveau. Lancé sous la forme d'un communiqué en début de semaine, l'appel n'a pour l'instant pas été entendu.

Derrière cette démarche, il y a une inquiétude sur l'avenir de l'INS. L'Institut doit ouvrir ses portes en juillet après un investissement de 24,5 millions du gouvernement québécois, annoncé par l'ex-premier ministre Jean Charest lors d'une conférence de presse au printemps 2010.

Cette nouvelle infrastructure nécessite des dépenses de fonctionnement supplémentaires (loyer, entretien, équipements, etc.), de même que les projets de déploiement de l'INS (centres régionaux, technologie, formation et collaboration avec les universités).

«Si on ne donne pas un coup de barre, le projet va ralentir», s'est inquiété Marc Gélinas, président-directeur général de l'INS, lors d'une entrevue téléphonique hier.

À son arrivée en poste, dans ce qui s'appelait alors le Centre national multisport-Montréal (CNMM), M. Gélinas comptait sur un budget annuel de 3 millions. Le CNMM, avec neuf employés, était alors une organisation «virtuelle» qui offrait des services spécialisés aux athlètes de pointe. «On payait des factures», résume le PDG.

Aujourd'hui, le budget atteint 7 millions, et l'INS compte une trentaine d'employés. «On a le tiers du chemin parcouru; il reste à peu près 6 millions à aller chercher», énonce M. Gélinas. De cette somme, «près de 3 millions» devraient provenir du provincial, estime-t-il. Des représentations ont aussi été faites auprès du fédéral, qui finance environ 40% de l'organisation, avant la présentation du budget Flaherty du mois dernier. L'INS attend toujours des réponses.

«Pour permettre notre croissance»

Ces besoins supplémentaires sont connus depuis trois ou quatre ans, soutient M. Gélinas. «On n'a pas besoin de ça d'un seul bloc, demain matin, mais on a besoin que le financement continue d'augmenter pour permettre notre croissance.»

Les trois autres instituts nationaux (Toronto, Calgary et Vancouver) font face à des défis similaires. M. Gélinas constate néanmoins que les autres provinces sont en voie de «rattraper» le Québec sur le plan du développement du sport de haut niveau.

«Ce qui se fait au Québec est remarquable, on l'a vu aux derniers Jeux olympiques de Sotchi, souligne le PDG. Mais il reste encore un écart considérable si on veut soutenir et encadrer nos athlètes de la façon dont les meilleurs pays le font.»

Avec la campagne électorale en cours et l'élection du prochain gouvernement, M. Gélinas craint surtout une prolongation de plusieurs mois du délai de réponse de la part du gouvernement: «C'est ça qui est préoccupant. En attendant, on est en gestion de risques.»

L'INS doit devenir un lieu unique d'entraînement, de prestation de services, de formation, de recherche et développement destiné à des athlètes de pointe de plusieurs sports. Les organisations de judo, taekwondo, gymnastique et escrime ont déjà annoncé leur intention d'y installer un centre d'entraînement.