Comme moi, vous avez vu nos Moineaux se faire plumer par ces rugissants Lions de la Colombie-Britannique. Comme moi, vous avez sourcillé devant cette série de défaites en fin de saison. Plusieurs d'entre vous m'ont fait part de leurs inquiétudes face aux séries qui s'amorcent: les Alouettes renaîtront-ils de leurs cendres? Y a-t-il vraiment du coeur dans ce vestiaire?

Je ne peux pas nier les contre-performances du club lors de ces matchs d'une importance indéniable. Et bien que je sois convaincu que les Alouettes ont tout ce qu'il faut pour gagner la Coupe Grey pour une troisième année consécutive, il y a lieu d'être préoccupé.

Encore une fois, il faut rappeler la tertiaire criblée de blessures: un seul partant du début de la saison sur cinq! Les joueurs n'invoqueront jamais cette excuse, mais c'est une des causes majeures des insuccès de l'équipe. Dans une ligue où le jeu aérien est roi, une tertiaire solide devient primordiale pour remporter des matchs. Et que dire de l'absence de Josh Bourke, celui-là même qui protège le dos du quart-arrière? Une autre perte immense pour l'équipe... et pour la confiance de Calvillo.

Les blessures ne se font pas uniquement sentir sur le terrain. L'absence de joueurs vétérans clés peut provoquer un manque de leadership dans le vestiaire. Je ne prétends pas qu'il n'y a pas de leader dans l'équipe, mais il y en a nettement moins qu'avec une équipe complète et en santé. Même si les joueurs blessés orbitent autour de l'équipe lors des réunions et des entraînements, leur influence est largement diminuée par leur absence du jeu.

En défense, les joueurs ont vécu énormément d'adversité (pour emprunter une expression chère à Trestman). Les blessures ont joué un rôle crucial cette année et des vétérans comme Anwar Stewart et Eric Wilson ont été mis de côté tour à tour afin de faire place à d'autres joueurs. Ils sont de retour en force et jouent de l'excellent football, mais ces décisions des entraîneurs pourraient-elles avoir diminué leur désir de mener leurs coéquipiers?

À l'attaque, la perte d'Avon Cobourne et de Ben Cahoon ne s'est pas fait sentir sur le terrain. Mais l'influence de ces leaders était aussi palpable dans le vestiaire. A-t-on su les remplacer?

Toujours convaincu

Malgré les interrogations, je demeure convaincu que les Alouettes peuvent remporter la Coupe Grey.

Le vestiaire des Alouettes est rempli de joueurs dévoués et prêts à tout pour gagner. Que des bonnes personnes et des joueurs d'équipe. Marc Trestman n'aime pas les distractions. Il s'assure que son vestiaire soit «pur» et il demeure une des «bonnes têtes de football» de la ligue.

Par ailleurs, j'étais heureux d'apprendre que les joueurs avaient tenu une réunion à huis clos. Certains y verront une tentative de mutinerie; d'autres, un désaveu de l'entraîneur. Pas du tout! Je vois ce geste comme un groupe d'hommes qui doivent se parler dans le blanc des yeux afin de clarifier l'engagement de chacun à la cause commune. Une bonne preuve de leadership.

Il y a de l'espoir!

Et il y a d'autres facteurs qui me rassurent en prévision du premier match des séries. Les Alouettes affronteront une équipe qui, elle aussi, a fait face à beaucoup de difficultés en fin de saison. Les Tiger-Cats ont une unité défensive gravement affectée par les blessures et rien n'est convaincant au poste de quart. Malgré ses récents problèmes à piloter l'attaque, Anthony Calvillo demeure le meilleur quart-arrière de l'histoire et donne une chance à son équipe de remporter chaque match dans lequel il joue. Il a aussi devant lui le meilleur groupe de receveurs de la ligue et, derrière lui, le meilleur porteur de ballon.

Une foule locale bruyante donnera également un avantage à l'équipe montréalaise.

Une victoire convaincante contre Hamilton pourrait redonner confiance à un club qui en a nettement besoin avant d'aller à Winnipeg affronter les Blue Bombers.

Mais contre Hamilton et tout au long des séries, l'équipe aura besoin de voir plusieurs joueurs se lever pour créer le sentiment de confiance et d'unité nécessaires à la conquête d'un troisième sacre consécutif.