Alexandre Despatie n'a jamais songé à une retraite hâtive, ces dernières semaines, même si une tendinite au genou gauche est venue bousiller sa saison 2011.

On aurait pu comprendre qu'il le fasse, si ce n'est que pendant une fraction de seconde. Après tout, le meilleur plongeur canadien de l'histoire a subi une série de blessures agaçantes au fil des ans: maux de dos et au cou, fracture du pied...

«Non, pas encore», a déclaré le Lavallois de 25 ans lors d'un entretien téléphonique, jeudi, après que McDonald's eut annoncé qu'elle prolongeait sa commandite de l'athlète québécois jusqu'à la fin de la saison 2012.

S'il n'a jamais pensé à la retraite, c'est qu'à un an et demi des JO, le plongeur lavallois a encore le temps de bien guérir et d'entreprendre un programme d'entraînement qui lui permettra d'arriver à Londres en pleine forme.

«Si c'était arrivé comme en 2008, je ne sais pas si j'aurais eu la force d'aller encore de l'avant», a reconnu Despatie, en faisant allusion à la fracture du pied qu'il a subie quatre mois avant les Jeux de Pékin. «Mais je parle pour parler, parce que je ne suis pas dans cette situation-là actuellement.

«Là, j'ai le temps de guérir. Oui, ça affecte la saison 2011, mais ça n'affecte pas nécessairement les Jeux olympiques», a ajouté celui qui a reconnu, il y a plusieurs mois, qu'il y a de fortes chances qu'il mettra fin à sa carrière de plongeur après les Jeux de 2012.

Despatie a expliqué qu'il a commencé à éprouver des douleurs au genou en décembre dernier. On croyait alors à une bursite, qu'on a soignée au moyen d'une infiltration. Le mal est toutefois revenu en force à l'approche d'une épreuve de la Série mondiale en Russie, en mars.

Despatie a alors communiqué avec son médecin, qui a pu établir à distance un diagnostic provisoire de tendinite. Un diagnostic qui s'est avéré précis.

«Je lui ai demandé ce que ça ferait si je continuais, a indiqué Despatie. À la suite des réponses qu'il m'a données, j'ai décidé de revenir à Montréal pour vraiment en prendre soin. Il y a quatre grades, le quatrième étant le pire, et j'étais au début du troisième.

«Le problème avec une tendinite, c'est que ça peut s'aggraver. Plus tu tapes dessus, pire ça va être, et plus ça va prendre du temps pour guérir. Et ça peut aller jusqu'à une rupture complète du tendon.»

L'usure du corps

Despatie a aussi appris, à son retour, que les causes de son mal ne datent pas d'hier. Elles sont attribuables à l'usure du corps, tout simplement. Une usure qui découle de l'entraînement «normal» d'un athlète de pointe.

«J'avais eu des tendinites aux deux genoux quand j'avais eu une poussée de croissance à 14 ans, a rappelé Despatie. C'est vraiment de l'usure. C'est aussi lié à la manière dont je travaille. Et c'est attribuable à la posture, celle de mon bassin, surtout dans les moments d'effort physique.

«Ce n'est pas nécessairement parce que je fais des gestes incorrects, mais il y a de petits changements que je dois faire, a-t-il dit. Dans la poussée sur le tremplin, par exemple, on cherche une certaine ligne du corps. Et la manière que je le fais, ça met beaucoup de tension sur les quadriceps et sur le genou. Je dois donc apprendre à travailler en utilisant davantage mes muscles fessiers, en adaptant la position de mon bassin, des choses du genre.»

Confiné à des séances de conditionnement physique pour l'instant, Despatie espère reprendre l'entraînement complet dès que possible. Il n'a toutefois aucune idée de la date où on pourra lui donner le feu vert.

«Si je vais trop vite, ça risque de s'aggraver et je vais devoir retourner à la case départ. Il faut que je prenne mon temps, il ne faut pas que je commence à sauter comme un malade dès que je me sentirai mieux. C'est vraiment quand le médecin va me dire que je suis guéri que je vais recommencer l'entraînement à 100 pour cent», a-t-il assuré.

Une croix sur la Chine, mais pas le Mexique

La participation de Despatie à l'épreuve individuelle du 3 m masculin des prochains Championnats du monde est fortement compromise puisque la qualification aura lieu à l'occasion de la Coupe Canada, à la fin d'avril. Il est toutefois déjà qualifié pour l'épreuve synchronisée, et il espère donc être remis à temps pour pouvoir se rendre à Shanghai à la mi-juillet avec son partenaire Reuben Ross.

Même si les sélections individuelles en vue des Jeux olympiques de 2012 n'auront lieu que l'année prochaine, Despatie espère par ailleurs participer aux Jeux panaméricains d'octobre prochain à Guadalajara, au Mexique. C'est lors de ces épreuves-là qu'on déterminera le nombre de places qui seront attribuées à chaque pays en vue des Jeux de Londres.

«Chaque gagnant d'épreuve ouvre une place pour son pays, a noté Despatie. Les Jeux panaméricains sont toujours importants pour cette raison.»

Les sélections pour les Jeux panam auront lieu à la fin juin, et Despatie espère retrouver la santé «quelques semaines, ou même quelques mois, avant ça».

«La décision d'arrêter a été difficile parce qu'il y avait quand même des conséquences sur le reste de ma saison, a ajouté Despatie. Sauf que le but ultime, c'est l'année prochaine, ce sont les Jeux olympiques.

«Le but de cette décision, c'est que le genou guérisse pour de bon maintenant, afin de ne plus avoir ce problème-là l'année prochaine, et que je puisse alors vraiment me concentrer sur le travail à accomplir.»

Quelque chose d'exceptionnel

Despatie a par ailleurs louangé la commandite de longue date de McDonald's, qui le soutient depuis 1999.

«C'est réconfortant, avant une année olympique, que mon commanditaire continue avec moi, a-t-il dit. Ça fait 12 ans maintenant que je suis avec McDo et ç'a été le bonheur du début jusqu'à maintenant. D'avoir un tel support, à travers les bons moments comme les mauvais, c'est quelque chose d'exceptionnel.»