Même si Christine Girard n'avait jamais remporté la victoire dans une compétition internationale d'envergure jusqu'ici, il n'était pas question qu'elle se contente d'une simple médaille d'or sans histoire ou sans panache aux Jeux du Commonwealth.
Elle en voulait plus. Et elle a obtenu ce qu'elle désirait.
L'haltérophile de 25 ans de Rouyn-Noranda a établi deux records des Jeux du Commonwealth, vendredi, au Complexe sportif Jawaharlal Nehru à New Delhi, en route vers la conquête de la médaille d'or chez les 69 kg dames.
Girard a réussi une levée de 105 kg à l'arraché, une nouvelle marque des Jeux, puis de 130 kg à l'épaulé-jeté, lui donnant un total de 235 kg, un autre un record des Jeux.
«Le but n'était pas seulement d'avoir une médaille, mais de la mériter et d'être fière de ce qu'on a fait pour l'avoir», a indiqué Girard, peu après avoir reçu sa médaille d'or sur un podium qu'on avait placé sur le plateau où elle venait de réaliser ses exploits.
«Je suis vraiment satisfaite. J'ai réussi cinq essais sur six, ce qui est assez rare en compétition internationale, où il faut souvent composer avec le voyagement et le décalage horaire.»
Les 235 kg égalent par ailleurs un record personnel pour celle qui a terminé quatrième aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008.
Girard a raté son troisième essai à l'épaulé-jeté, à 133 kg, ce qui l'a privée d'un autre record. La marque des Jeux du Commonwealth, 132 kg, appartient toujours à la Canadienne Jean Lassen.
«Le record à l'arraché, on savait qu'il était assez facilement atteignable, parce qu'elle avait fait 104 kg aux Championnats du monde», a indiqué l'entraîneur de Girard, Pierre Bergeron fils, en parlant de la septième place récemment obtenue par sa protégée en Turquie.
«À l'épaulé-jeté, c'était vraiment un record qui aurait été un petit boni. Et le record au total, on savait qu'on l'aurait si elle faisait une belle compétition.»
L'autre Canadienne en lice chez les 69 kg, Marie-Josée Arès-Pilon, a pris le quatrième rang, avec un total de 207 kg (92 kg à l'arraché et 115 kg à l'épaulé-jeté). La Sherbrookoise a amélioré son record personnel de 9 kg, terminant finalement à 9 kg de la médaillée d'argent, Janet Georges, des Seychelles, et à 8 kg de la médaillée de bronze, la Nigériane Itohan Ebireguesele.
Arès-Pilon tentait de se placer en bonne position pour décrocher au moins une médaille de bronze quand elle a tenté, en vain, un essai à 119 kg à l'épaulé-jeté. Son pied droit a glissé sur la surface du plateau, lui faisant perdre l'équilibre et la forçant à laisser retomber la barre.
«J'aurais dû mettre de la résine. Je ne savais pas que le plateau était si glissant, ça m'a pris par surprise, a dit Arès-Pilon. Mais je vais en prendre la responsabilité.
«Quatrième et un sommet personnel, c'est satisfaisant. C'est une belle progression», a-t-elle ajouté.
Le bronze pour Marineau
En soirée, dans la catégorie des 85 kg, Mathieu Marineau, de Saint-André d'Argenteuil, a mérité la médaille de bronze avec un total combiné de 325 kg (145 kg à l'arraché et 180 kg à l'épaulé-jeté.
Paul Dumais, de Pointe-aux-Trembles, s'est classé 5e (315 kg).
En cette 5e journée de compétitions à New Delhi, la Sherbrookoise Diane Roy a remporté la première des huit médailles d'or à l'enjeu en athlétisme. Elle s'est imposée au 1500 mètres en fauteuil roulant en trois minutes 53,95 secondes, devançant la Nigériane Bibian OBeta et la Ghanéenne Anita Fordjour.
L'Ontarien Jamie Adjetey-Nelson a pour sa part dominé le décathlon du début à la fin. Tabia Charles a ajouté une médaille de bronze au triple saut dames.
En natation, les Canadiennes croyaient avoir remporté une spectaculaire médaille d'argent dans le relais 4 x 100 mètres libre féminin. Mais le quatuor - avec notamment les Montréalaises Victoria Poon et Geneviève Saumur - a été disqualifié après un échange jugé illégal.
Au 50 libre, Poon a terminé quatrième en 25,13, épreuve remportée par l'Australienne Yolane Kukla (24,86).
L'équipe féminine d'arc recourbé a vaincu la Malaisie 202-192 pour décrocher la médaille de bronze.
En demi-finale, la Lévisienne Marie-Pier Beaudet et ses coéquipières Alana MacDougall et Kateri Vrakking s'étaient inclinées devant les Anglaises 208-200.
En boxe, le Lavallois Didier Bence s'est incliné en huitième de finale chez les plus de 91 kg face au Néo-Zélandais Joseph Parker.
Contre soi-même
Girard n'avait pas claironné ses objectifs sur tous les toits, plus tôt cette semaine, à son arrivée à New Delhi. Mais il est devenu clair dès ses premières levées, vendredi, qu'elle visait une performance hors de l'ordinaire.
À son deuxième essai à l'arraché, elle a réussi à soulever 101 kg, un record des Jeux. Même si sa plus proche rivale, Georges, a raté un essai à 102 kg, Girard a tenté l'essai à 105 kg. Elle a ainsi amélioré le record qu'elle venait d'établir et s'est dotée d'une avance de 5 kg au moment d'amorcer la deuxième portion de la compétition.
À l'épaulé-jeté, Girard a établi son autre record, celui au total, dès son deuxième essai. Elle a donc pu tenter un troisième essai à 133 kg. Elle a réussi à brandir la barre au-dessus de sa tête, mais elle n'a pas tenu assez longtemps.
«En haltérophilie, la première personne contre qui on se bat, c'est soi-même. Sur le plateau, il y a juste nous et la barre, a souligné Girard. Alors il faut vraiment être prête à se dépasser - c'est l'objectif du sport, se dépasser. C'est vraiment ce que j'ai voulu mettre en application aujourd'hui.»
Vers 2012
Si elle a enfin pu mettre la main sur une médaille d'or, vendredi, c'est parce que Girard a maintenant décidé de se consacrer entièrement à son sport. Sa quatrième place, obtenue aux JO de Pékin, l'a incitée à prendre tous les moyens pour s'améliorer et aspirer sérieusement à une médaille olympique.
Girard n'est plus aux études, et elle a décidé de se faire conseiller par Bergeron même si elle réside maintenant en Colombie-Britannique. L'entraîneur de Candiac va la rejoindre là-bas à l'occasion pour mieux la guider.
«Tout ça m'a permis de me concentrer sur ma vie d'athlète, et donné de beaux résultats, a souligné Girard. Ma quatrième place à Pékin, ça m'a permis de voir qu'un podium n'était pas impossible pour moi. C'est vraiment mon objectif maintenant.»