L'Agence mondiale antidopage (AMA) a accordé dimanche six mois de plus aux pays et fédérations sportives pointés du doigt comme les cancres de la lutte contre le dopage pour se mettre en conformité avec le code mondial, au grand dam des partisans de sanctions immédiates.

Les instances dirigeantes de l'AMÀ se penchaient ce week-end sur un premier rapport dressant officiellement la liste des mauvais élèves dans l'application du code, l'outil qui fixe les règles en matière de contrôles, sanctions et produits interdits.

Cinq fédérations internationales olympiques sur 35 -- la gymnastique (FIG), la lutte (FILA), le volley-ball (FIVB), le handball (IHF), le pentathlon moderne (UIPM) -- ont été ainsi montrés du doigt pour une politique laxiste de contrôles hors compétition.

Du côté des agences nationales antidopage, le rapport était plus nuancé, distinguant trois groupes de pays: ceux en voie de conformité, comme la France ou l'Allemagne, ceux bénéficiant de circonstances exceptionnelles en raison de crise économique ou de conflit, tel Haïti, et les bons derniers de classe, parmi lesquels figurent l'Autriche, la Bolivie, la Bulgarie, la ville de Bruxelles, Israël, la Lituanie, le Pérou, la Corée du nord, la Turquie, Andorre et San Marin.

Cette liste a donné lieu ce week-end à une forte opposition entre partisans d'une ligne dure et ceux favorables à un délai supplémentaire pour ces fédérations et pays afin de les aider à se mettre en conformité avant la prochaine réunion des instances dirigeantes de l'AMA, prévue en mai.

Dimanche, lors du conseil de fondation de l'Agence, les seconds l'ont emporté par 23 voix contre 13.

Clivage

«Ce code est en place depuis cinq ans et on en connaissait les conditions depuis plus longtemps encore», a fait valoir le Canadien Dick Pound, ancien président de l'AMA. En repoussant de six mois, «on risque de présenter une image de faiblesse», avait-il prévenu avant le vote.

Le clivage au sein d'une institution freinée par les mêmes vices que ceux des Nations Unies était encore plus flagrant lors des discussions sur la protection des données personnelles des athlètes, l'autre grand thème à l'ordre du jour.

En septembre, le comité exécutif a adopté un décret sur la protection de la vie privée, qui suscite l'ire des Européens, le jugeant très inférieure aux normes européennes.

La France a ainsi mis en avant le fait que ce texte ne mentionnait même pas le consentement des athlètes, et ne fixait aucune règle précise sur l'accès de tiers à des données sensibles, ni sur leur traitement.

«L'Europe a le droit de ne pas appliquer ce standard, qui est contraire aux lois européennes», a déclaré Maud De Boer-Buquicchio, représentante du Conseil de l'Europe.

«Tout cela est très sérieux, et très grave», a-t-elle estimé, en faisant remarquer qu'avec une telle mesure, «ce serait 48 pays européens qui ne seraient pas en conformité». Les Européens ont eu beau réclamer un moratoire sur l'application du décret, il leur a été refusé par une large majorité.