Même sans courir, Lance Armstrong ne manque pas de susciter la controverse. L'annonce du retour en piste d'Armstrong, sept fois vainqueur au Tour de France, a provoqué des réactions passionnées dans le monde du cyclisme.

Certains y ont vu l'ultime poussée d'un grand champion qui remonte en selle pour une bonne cause (la lutte contre le cancer), d'autres y ont vu le retour inutile d'un cycliste qui a encore bien des choses à se faire pardonner.

À presque 37 ans, Lance Armstrong a annoncé, mardi, son désir de renouer avec la compétition en 2009, avec l'objectif avoué de remporter une huitième Grande Boucle. La nouvelle a fait sursauter l'auteur Pierre Ballester, qui a écrit avec David Walsh les livres explosifs L.A. Confidentiel et L.A. Officiel, dans lesquels Armstrong est associé au dopage. Ballester a dénoncé le retour de l'Américain lors d'un entretien avec le quotidien français L'Express, avant que le cycliste américain n'officialise la nouvelle.

«Prenons l'information avec beaucoup de réserves, a dit l'auteur à L'Express. Si elle dépasse le canular et la rumeur, ce serait le dernier coup - fatal - porté à un cyclisme déjà bien mal en point en termes de crédibilité: 85% des personnes interrogées à l'occasion d'un récent sondage ne croient plus en la performance sportive dans le Tour de France. Si Armstrong envisage vraiment de remonter en selle, j'y verrais un énorme foutage de gueule.

«Plus il est haï, plus il se transcende, a ajouté Ballester. Rien que de penser à la tête que les autres feront à l'idée de son retour, il doit jubiler! Pensez-y, revenir sur les traces de ses scandales C'est pathétique. Qui validera ses contrôles sanguins et de quoi disposera-t-on: des seules conclusions d'analyse ou des paramètres? À l'opposé de ceux qu'on appelle les bannis et qui sont revenus dans la course avec des intentions plus louables, lui n'a jamais été sanctionné.»

De son côté, Christian Prudhomme, le directeur du Tour de France, a tenu à rappeler que les doutes ont longtemps fait partie de l'histoire écrite par Armstrong au fil des ans. «Des suspicions avaient accompagné ses victoires depuis 1999, a-t-il fait remarquer à l'Agence France-Presse. Dès lors que son équipe qu'on ne connaît pas et lui-même se soumettront aux règles, concernant notamment le dopage et l'antidopage dont la perception a beaucoup évolué ces dernières années, dès lors qu'il sera au sommet, on l'acceptera.»

Marc Madiot, manager de l'équipe La Française des Jeux, s'est lui aussi montré cinglant. «Qu'il se mobilise contre le cancer, d'accord, a-t-il déclaré à l'AFP. C'est même une bonne nouvelle Mais avant de prétendre regagner le Tour, il faut d'abord que Lance Armstrong s'explique sur ce qui s'est passé en 1999.»

À travers les commentaires assassins, quelques voix plus posées se sont tout de même manifestées. Certains ont même affirmé que le retour du coureur américain est en fait une très bonne nouvelle.

C'est le cas du cycliste vedette de l'équipe Astana, l'Espagnol Alberto Contador, qui s'est dit prêt à accueillir Lance Armstrong au sein de sa formation. «Je lui ouvre les portes de l'équipe parce qu'un coureur comme lui n'aurait sa place nulle part ailleurs», a commenté Contador au journal Marca.

Également chez Astana, le directeur d'équipe Johan Bruyneel a confié à Associated Press qu'il avait hâte de renouer avec le controversé cycliste du Texas. «Il n'aura pas de problème à trouver une équipe, mais à cause de notre relation, il est clair que je ne peux lui permettre d'aller avec une autre formation.»