mpuissante! Voilà comment s'est sentie Marie-Hélène Prémont lorsqu'elle a été contrainte à renoncer à sa course, samedi, dans l'épreuve de cross-country sur le parcours de Laoshan aux Jeux olympiques de Pékin.

Victime d'hyperventilation, Prémont ne s'expliquait toujours pas ce qui lui était arrivée une heure et demie après son abandon.

«Sérieusement, je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé, a-t-elle confié après s'être accordée un long moment pour retrouver ses esprits. Je me sentais très à l'aise pendant le premier tour.

«Puis, dans une descente abrupte, (l'Espagnole Margarita) Fullana s'est arrêtée. Je suis descendue de mon vélo pour descendre la côte à pied. Quand j'ai rembarqué sur mon vélo, mes pulsations cardiaques ont augmenté et ma respiration aussi. Même en essayant de ralentir le rythme, je n'ai pas réussi à reprendre ma respiration normale. J'ai essayé de continuer, mais il n'y avait rien à faire. Ça ne m'était jamais arrivé auparavant.»

Prémont, l'actuelle meneuse au classement de la Coupe du monde, n'est pas la seule favorite à ne pas avoir complété l'épreuve. La Norvégienne Gunn-Rita Dahle Flesjaa, médaillée d'or à Athènes et quadruple championne du monde, ainsi que Fullana ont également renoncé avant la fin de l'épreuve.

C'est l'Allemande Sabine Spitz, médaillée de bronze à Athènes en 2004, qui l'a emporté par une chaleur écrasante dans cette épreuve qui a été repoussée d'une journée à la suite du mauvais temps de jeudi.

À 36 ans, Spitz a fait cavalier seul pour devancer la Polonaise Maja Wloszczowska de 41 secondes. Elle a franchi les derniers mètres de l'épreuve à pied, son vélo à bout de bras en signe de victoire.

«Je ressens une grande joie intérieure d'avoir finalement réussi après tant d'années de dur travail, a confié Spitz. Remporter la médaille d'or olympique, c'est le couronnement.»

La Russe Irina Kalentyeva a pris le dessus dans le sixième et dernier tour pour souffler la médaille de bronze à Catharine Pendrel, de Fredericton.

Pendrel, âgée de 27 ans, était ravie de sa performance, elle qui en était à ses premiers Jeux olympiques.

«Ça a été une course incroyable, a-t-elle révélé. J'ai eu beaucoup de mal à changer de vitesses dans la dernière montée et Irina était dans ma roue. J'ai mis un pied à terre et elle en a profité. La médaille de bronze était jouée.»

La vie continue

Pour Prémont, ce mauvais coup du sort ne pouvait survenir à un pire moment. Après avoir surpris en remportant la médaille d'argent à Athènes en 2004, on l'attendait sur le podium à Pékin. Mais ce n'était visiblement pas sa journée, samedi, comme elle l'a souligné.

Elle a avoué qu'elle était désemparée quand il lui a fallu prendre la décision d'arrêter.

«Je n'abandonne jamais mes courses, a-t-elle noté. J'ai poursuivi des épreuves en dépit de commotions cérébrales, de crevaisons, de bris mécaniques...

«J'avais le goût de continuer. Mais en même temps, j'avais de la misère à piloter mon vélo. Et je me disais aussi que c'était ma santé qui était en cause et que je ne pouvais jouer avec ma santé parce que c'est plus important que tout.»

Pendant l'heure et demie qu'elle s'est accordée pour digérer sa désillusion avant de rencontrer les journalistes, elle a téléphoné à sa soeur et à son conjoint au Québec.

«Ce sont les deux personnes à qui j'avais le goût de parler dans les circonstances. Ils m'ont remonté le moral.»

Au fil de la conversation, Prémont s'est montrée fidèle à elle-même et a tenu à dédramatiser la situation.

«C'est une course de vélo, ce n'est pas la fin du monde. J'ai toujours dit que le vélo, c'était important mais que ce n'était qu'un aspect de ma vie. C'est certain que je suis déçue mais je vais m'en remettre rapidement. Ce n'est pas la pire épreuve de ma vie. Je suis plus forte que ça.

«Et ma médaille olympique, je l'ai depuis Athènes (argent). C'est quand même un bel accomplissement.»

Dans l'immédiat, Prémont, arrivée à Pékin lundi après-midi, reprenait l'avion pour rentrer au Québec samedi soir et elle entend compléter la saison du circuit de la Coupe du monde.

«Je vais voir ensuite comment les choses vont se dérouler en vue de l'an prochain. Mais je ne serai pas aux Olympiques de 2012.»