Certes, la Chine n'a pas réussi l'immense exploit de battre les basketteurs américains dimanche lors de ses Jeux à Pékin mais l'essentiel était ailleurs: le spectacle fut de qualité.

Surclassant (101-70) une Chine hardie mais limitée, les Etats-Unis n'ont pas réussi à doucher l'enthousiasme d'un public venu, il est vrai, aussi pour eux.

Le super héros américain Kobe Bryant a même presque fait jeu égal à l'applaudimètre avec l'icône nationale Yao Ming. Il faut dire que ses dunks claquent bien et, pour un public qui réclame du show, cela vaut de l'or.

Au Palais des sports de Wukesong, on était toujours à Pékin mais aussi un peu (beaucoup) en NBA: une salle de 18 000 places flambant neuve, du beau monde sur les sièges VIP, président américain George W. Bush en tête, et une myriade d'animations noyée dans une débauche de décibels.

Et puis le public dans les gradins, déchaîné, à crier «Yao, Yao». «Il y a un 1,3 milliard de Chinois qui attendent de lui le meilleur match de sa vie», résumait au début de la rencontre un fan transi, Huang Rui, visiblement peu soucieux du fait que son héros, auteur de «seulement» 13 points, relève tout juste d'une fracture au pied.

La Chine constitue «une opportunité extraordinaire pour le basket» selon le boss de la NBA David Stern. De fait c'est l'un des pays du monde où les posters de stars NBA décorent le plus les chambres des enfants. Une tendance lourde. 300 millions de Chinois étaient attendus devant leur poste dimanche soir.

Personnages centraux de cette superproduction, les basketteurs US ont fait honneur à leur rang: dunks de mammouth, clins d'oeil de rock-star, rebonds bling-bling et autres postures hollywoodiennes ont égayé la soirée.

La barre fatidique

Comme s'il fallait donner raison à Li Yuanwei, le patron de la Ligue chinoise de basket qui déclarait dans les colonnes du China Daily: «Les athlètes NBA sont différents des nôtres. Ils roulent en voiture de luxe, les joueurs chinois prennent le bus.»

Alors qu'attendre face à de telles vedettes, de plus assoiffées de revanche après huit ans sans titre international? «Tant qu'on ne perd pas de trente points, la Chine pourra être fière de son équipe», renseignait avant le match Chen Shaofei, supporteur de la première heure.

«Victoire ou défaite peu importe, mais qu'ils fassent un bon match!» Bref, l'honneur était en jeu. Pour le public chinois ça allait être la seule fausse note de la soirée.

Après être restés à hauteur pendant un gros quart d'heure (29-29), ses joueurs, dépassés par le rythme imprimé par leurs adversaires, ont en effet sérieusement pris l'eau.

Impuissants devant un lent déclin, causé essentiellement par un LeBron James très actif, jusqu'à atteindre la barre fatidique des trente points à la 33e minute (81-50). Plus question, depuis longtemps déjà, de réussir le même coup que Porto Rico, qui avait humilié le Team USA en ouverture des JO d'Athènes.

Ne restait alors plus qu'à acclamer la sortie définitive de Yao Ming, fourbu, à cinq minutes de la fin. «Yao, Yao»...

Quant aux Américains, s'ils étaient certes toujours partants pour une figure acrobatique (deux alley-hoop de suite, dont un raté, en fin de première mi-temps), ils n'ont pas forcément convaincus au niveau de l'expression collective. Ce sera peut-être pour un autre soir. Dimanche c'était «showtime».