Après huit ans de disette, les basketteurs américains sont quasiment dans l'obligation de renouer avec la victoire lors du tournoi olympique de Pékin, même si des équipes comme l'Espagne, la Grèce ou l'Argentine ont les moyens de les ramener une nouvelle fois sur terre.

«Opération rédemption». Lorsqu'il fallait trouver un slogan pour résumer sa campagne 2008, l'équipe américaine ne s'y est pas trompée. Il a en effet beaucoup de choses à se faire pardonner depuis les humiliations successives du Mondial 2002 (6e), des Jeux d'Athènes en 2004 (3e) et du Mondial japonais en 2006 (3e).

Si l'appellation de Dream Team est usurpée depuis longtemps, les États-Unis restent malgré tout persuadés qu'ils demeurent les meilleurs. Le vainqueur de la NBA ne se proclame-t-il pas champion du monde?

Une posture qu'il s'agit désormais de justifier à Pékin où la première marche du podium est un minimum. «Si on veut conserver la nationalité américaine, on est obligé de ramener l'or. Sinon on va morfler et moi je deviendrai Italien. Vous m'appellerez Kobe Giovanni», souligne Kobe Bryant, qui a vécu huit ans en Italie, à l'heure de disputer ces premiers Jeux.

De fait, le public américain ne comprendrait pas que leur équipe rentre une nouvelle fois bredouille, alors qu'il possède des joueurs comme Bryant, LeBron James, Jason Kidd, ultime survivant de la dernière grande victoire, en 2000 aux Jeux de Sydney, ou encore Dwayne Wade.

Reste à faire jouer tout ce joli monde ensemble dans le contexte des règles internationales qui diffèrent de celles de la NBA où l'individu prime sur le collectif.

Pour cela, les dirigeants américains ont concocté en 2005 un programme sur trois ans, dont on attend maintenant qu'il porte ses fruits. Il consiste à s'appuyer sur le même groupe qui, à grand renfort de vidéos et d'entraînements ciblés, est censé enfin comprendre ce jeu international «si différent mais si beau», selon les termes du sélectionneur Mike Krzyzewski.

Paroles en l'air?

«Dans le passé, on voulait que les autres équipes s'adaptent à notre jeu, aujourd'hui on a compris que c'est à nous de nous adapter aux autres», assure «coach K» qui, comme tous ses joueurs, redouble de modestie à l'heure de la reconquête.

«On respecte les autres, on a appris de nos erreurs», lancent, à qui veut l'entendre, les divas de la NBA. Des paroles en l'air? Que Jason Kidd parle des Grecs «champions du monde» alors que c'est l'Espagne ou que LeBron James cite «les Wizards de Washington comme principal rival, même ici à Pékin» amène en tous cas à s'interroger sur leur vraie connaissance du niveau international.

Il ne fait pourtant aucun doute que la concurrence a progressé de manière stupéfiante. Certaines équipes ont désormais presque autant de joueurs NBA que les États-Unis tout en s'appuyant sur une expression collective, une âme et un esprit de sacrifice supérieurs.

Championne du monde en 2006, l'Espagne de Pau Gasol fait presque office de co-favori, alors que la Grèce, qui avait battu les Etats-Unis en demi-finale du Mondial, ou l'Argentine, championne olympique en titre, ont oublié depuis longtemps toute peur à l'idée d'affronter les stars NBA.

Ces trois équipes seront les principales concurrentes des États-Unis, en compagnie de la Russie, championne d'Europe, et de la Lituanie. Plus que la Chine ou l'Allemagne, où Yao Ming et Dirk Nowitzki paraissent trop isolés pour vraiment constituer une menace.