Émilie Heymans l'attendait depuis tellement longtemps cette médaille olympique individuelle qu'on aurait pu croire que les émotions finiraient par avoir raison de sa retenue légendaire. Mais non ! La plongeuse de Saint-Lambert est restée fidèle à elle-même, hier soir, refusant de se laisser émouvoir publiquement après avoir enlevé la médaille d'argent acquise de haute lutte à la tour de 10 mètres aux Jeux olympiques de Pékin.

Émilie Heymans l'attendait depuis tellement longtemps cette médaille olympique individuelle qu'on aurait pu croire que les émotions finiraient par avoir raison de sa retenue légendaire. Mais non ! La plongeuse de Saint-Lambert est restée fidèle à elle-même, hier soir, refusant de se laisser émouvoir publiquement après avoir enlevé la médaille d'argent acquise de haute lutte à la tour de 10 mètres aux Jeux olympiques de Pékin.

Mais au fond d'elle, elle ressentait un grand sentiment de fierté. "Je ne réalise pas encore tout à fait ce qui s'est passé ce soir, a confié Heymans lorsqu'on a tenté de percer sa carapace. Je ne réalise pas non plus que c'est fini. Ça fait tellement longtemps que je l'attends. Et là, d'un coup tout est fini. C'est vraiment une grande délivrance."

Heymans n'aura pas été la seule à vivre des émotions fortes. Elle a aussi semé le doute parmi les nombreux Chinois venus assister à un autre couronnement annoncé d'une des leurs.

Elle a en effet tenu tête à la grande favorite Chen Ruolin, mise sous pression lorsqu'elle a glissé au deuxième rang après la quatrième ronde. L'ex-championne du monde a accentué la pression avec un solide plongeon final.

Mais la Chinoise n'a pas craqué. Chen a été brillante sur son dernier plongeon - un double périlleux et demi arrière avec une vrille et demie carpé qui lui a valu quatre notes de 10 pour une incroyable note de 100,30. Elle a ainsi triomphé avec un total de 447,70 points, un peu plus de 10 points devant Heymans.

Chen, âgée de 15 ans et numéro un mondiale, a ainsi permis à la Chine de poursuive sa domination sans partage en plongeon depuis le début des Jeux - une septième médaille d'or en autant d'épreuves. C'est une belle revanche pour les Chinoises, incapables d'obtenir l'or aux deux précédentes éditions des Jeux olympiques.

L'autre Chinoise Wang Xin a mérité la médaille de bronze avec 429,9 points.

Délivrance

Heymans, âgée de 26 ans, avait bien raison de parler de délivrance pour décrire ces sentiments. Elle avait échoué à ses deux premières tentatives de gravir une marche du podium olympique dans une épreuve individuelle. Elle avait notamment connu une amère déception à Athènes, en 2004, quand elle a raté son dernier plongeon pour se priver d'une possible médaille d'or et être évincée du podium, terminant en quatrième place.

"Cette médaille, c'est vraiment la concrétisation de tous mes efforts, de tout ce que j'ai traversé pendant ma carrière qui a fait la personne que je suis aujourd'hui et qui m'a fait plonger comme je l'ai fait aujourd'hui."

Heymans, 9e des 12 plongeuses à s'exécuter en finale, a souligné qu'elle n'avait pas conscience d'être au premier rang après la quatrième ronde.

"Je savais que je faisais une très bonne compétition, que je devais être sur le podium, a-t-elle révélé. Mais je n'avais aucune idée avant de sortir de la piscine après mon dernier plongeon que j'étais en première place. Je savais que c'était très serré. Et je savais aussi que le dernier plongeon de la Chinoise est aussi son meilleur, celui qui lui vaut régulièrement des 10."

Depuis son titre de championne du monde en 2003 à Barcelone, elle n'était plus remontée sur un podium en individuel lors d'un grand rendez-vous, que ce soit les Jeux olympiques ou les championnats du monde.

Il s'agit toutefois de sa troisième médaille olympique puisqu'elle avait remporté l'argent en compagnie d'Anne Montminy à Sydney en 2000 et le bronze avec Blythe Hartley à Athènes à la tour de 10 mètres synchro.

Aucun regret

Même si elle dit n'avoir aucun regret sur les choix qu'elle a fait au fil de sa carrière, Heymans ne partage pas nécessairement l'avis selon lequel sa non qualification pour le 10 mètres synchro a servi sa cause pour l'épreuve individuelle.

"Si j'avais fait le synchro, je serais peut-être revenue avec deux médailles à la place d'une. C'est difficile à dire."

Mitch Geller, chef de l'équipe de plongeon, redoutait particulièrement le deuxième plongeon de Heymans, celui qui a l'habitude de lui causer le plus d'ennuis en compétition. "Nous étions préoccupés par ce plongeon en équilibre, car c'est celui qui l'avait sorti des médailles en 2000."

Geller s'est dit satisfait de la performance de ses plongeurs à Pékin. "Nous espérions deux médailles et nous aurions été déçus si nous en avions récolté moins de deux."