Tiger qui? Finalement, ce n'est pas le cadet de Vijay Singh qui méritait d'arborer ce message sur sa casquette, mais bien celui de Lorena Ochoa.

La Mexicaine est la seule humanoïde du golf professionnel dont la fiche puisse rivaliser avec celle de Tiger Woods.

«Je veux dominer mon sport jusqu'à ma retraite. Je travaille très fort dans un seul but, celui de rester numéro 1», a-t-elle raconté hier en conférence de presse organisée par l'Association royale de golf du Canada.

Ochoa a annoncé qu'elle défendrait son titre au prochain Omnium canadien féminin CN, disputé sur les allées du Ottawa Hunt Club du 14 au 17 août prochain.

Comme Tiger, elle trône au premier rang mondial. Et comme lui, elle possède deux fois plus de points que le numéro 2.

Mais on ne le croirait jamais à se fier à sa politesse effacée en interview. Au bout du fil, la voix est timide, presque hésitante.

Avec son lourd accent hispanique, elle commence l'interview en remerciant les journalistes pour «leur soutien».

Ochoa parlait depuis le Mexique, où elle habite encore. Elle s'y repose quelques semaines, avant de retourner au jeu le 24 juillet à l'Omnium Évian en France. Un repos mérité après un mois de juin à oublier, après trois «défaites» consécutives - une troisième, une sixième et une 31e place.

Le reste du temps, Ochoa mate ses adversaires sans pitié.

Âgée de seulement 26 ans, elle a déjà remporté 23 victoires sur la LPGA. Incluant six cette année, dont quatre consécutives et un titre majeur, le Championnat Kraft Nabisco.

Non seulement Ochoa gagne en moyenne la moitié des tournois auxquels elle participe. Mais quand elle gagne, elle écrase la concurrence. Lors de deux de ses victoires en 2008, elle devançait sa plus proche rivale par plus de 10 coups.

Son impressionnante carrière lui assure déjà une place au temple de la renommée du golf féminin. Elle devra toutefois attendre 2012 pour être éligible, et donc intronisée.

Au-delà du golf

Ochoa et Woods appartiennent aux deux principales minorités visibles des États-Unis. Chacun soutient sa communauté avec sa Fondation. Et aussi à sa façon.

En 1996, Woods a secoué la planète golf en 1996 avec son «Hello World» qui dénonçait un certain racisme du golf.

Ochoa aide aussi les siens, mais avec moins d'éclat. Elle les visite souvent dans les tournois à un des cercles où ils sont les plus représentés, celui du personnel d'entretien des terrains.

Il y a deux semaines, le Star Tribune de Minnesota a rapporté que Ochoa avait surpris les employés d'un parcours en leur cuisinant des oeufs brouillés, avant de retourner s'exercer.

«Partout où je joue, il y a des Mexicains et des drapeaux du Mexique. J'espère qu'il y en aura à Ottawa», a-t-elle dit hier.

Grâce à ces petits gestes et à sa Fondation, Ochoa figurait en mai dernier parmi les «100 personnes les plus influentes au monde», selon le classement du magazine Time.

Cette influence, elle espère l'exercer bientôt hors du golf.

«À mes débuts, je prévoyais que ma carrière durerait 12 ans. Cela fait déjà six ans. Il devrait donc m'en rester le même nombre d'années. Après, je veux mener une vie plus normale, me consacrer à ma fondation et peut- être élever une famille.»

Il y a deux ans, Ochoa a détrôné Annika Sorenstam. Aujourd'hui, une nouvelle génération veut la détrôner. Et elles sont jeunes.

Le golf féminin a encore une fois prouvé son étonnante précocité avec ses deux dernières gagnantes de tournoi majeur, âgées de moins de 20 ans.

«Le golf change, a résumé la numéro 1 mondiale. Je veux rester au sommet, mais la concurrence est forte.»

La chance du golf fémininC'est connu, le nombre de téléspectateurs grimpe en flèche quand Tiger Woods joue. Sans Tiger, les tournois de la PGÀ risquent d'être moins regardés.

Le dimanche après-midi, les fans de golf seront-ils tentés de regarder les tournois de la LPGA? Lorena Ochoa l'espère.

«En l'absence de Tiger, nous risquons de recevoir plus d'attention. Si cela arrive, ce serait très bien», avance-t-elle prudemment.

Comme Tiger, la simple présence d'Ochoa à un tournoi suffit pour augmenter l'intérêt des médias et du public.

Mais une augmentation additionnelle du nombre de téléspectateurs ne nuirait pas, question d'attirer plus de commanditaires. Et donc à augmenter les bourses du golf féminin, largement inférieures à celles du golf masculin.

«Bien sûr, on apprécierait que les sommes d'argent soient plus grandes. Mais je ne nous plaints pas. Nous sommes quand même très bien payées.»