À 20 ans, Aleksandra Wozniak commence à peine sa carrière. Qu'importe : elle réécrit déjà le livre des records du tennis québécois. Dimanche, elle est devenue la première Québécoise à gagner un tournoi de tennis sur le circuit de la WTA, qui regroupe les meilleures raquettes au monde.

L'athlète de Blainville a gagné son premier titre de la WTA à Stanford, en Californie. Dans une finale toute francophone, la 85e raquette mondiale a causé une surprise en défaisant la Française Marion Bartoli, 15e au monde, 7-5 et 6-3. Plus tôt dans le tournoi, elle avait défait trois joueuses du top 30, dont Serena Williams samedi en demi-finale.

La victoire de Wozniak est d'autant plus méritoire qu'elle a dû prendre part aux qualifications, son classement mondial ne lui permettant pas d'être inscrite directement au tableau principal à Stanford. «Je commence à réaliser ce que j'ai accompli, dit-elle. J'ai passé à travers les qualifications et j'ai gagné huit matchs pour remporter le tournoi.»

Nettement moins expérimentée que sa rivale qui a atteint la finale de Wimbledon en 2007, Wozniak commence pourtant le match avec l'aplomb d'une joueuse expérimentée. Elle détient deux balles de bris afin de prendre une avance de 2-0, mais elle n'en profite pas. Bartoli, 23 ans, se montre plus opportuniste en brisant Wozniak pour prendre l'avance 4-3.

La Française sert pour la première manche à 5-4 quand Wozniak se met à aligner les coups gagnants avec une régularité étonnante. «J'ai continué de croire en moi, dit Wozniak. J'ai commencé à frapper plus fort et à prendre le contrôle des échanges.»

Wozniak gagne finalement la première manche 7-5 sur un coup froid de Bartoli qui aboutit dans le filet. Ennuyée par une blessure à la hanche gauche, la sixième tête de série du tournoi fait venir le soigneur en début de deuxième manche. Ses déplacements sont laborieux, mais elle n'abandonne pas comme Serena Williams l'a fait en demi-finale contre Wozniak. Le soigneur m'a dit que ce n'était pas une bonne idée de continuer, mais c'est difficile de se retirer d'une finale, a dit Bartoli en conférence de presse. C'était mieux de continuer, et c'est ce que j'ai fait. C'est dommage que je me sois blessée, car je croyais en mes chances. «De son côté, Wozniak ne change pas son plan de match malgré la blessure de son adversaire. «On peut facilement se laisser distraire quand son adversaire se blesse, dit Wozniak. Elle bougeait moins bien sur le terrain, mais elle a changé sa stratégie. Elle frappait plus fort. Heureusement, je suis restée agressive moi aussi.»

Malgré les efforts de Bartoli, Wozniak conserve son bris de service acquis à 2-1 et remporte la manche 6-3 sur un revers raté de son adversaire. Comme seule célébration, la Québécoise brandit le poing au ciel. «Je ne suis pas très démonstrative, s'excuse-t-elle après le match. Je suis comme ça depuis que je suis toute petite. Ça m'aide à contrôler mes émotions et à jouer du bon tennis.»

Avec sa victoire à Stanford, Wozniak passera du 85e au 45e rang mondial, soit le meilleur classement de l'histoire du tennis féminin au Québec. Le tournoi de Stanford est un tournoi de catégorie 2 au sein de la WTA. À titre de comparaison, la Coupe Rogers, qui se déroulera la semaine prochaine à Montréal, est un tournoi de catégorie 1. En 2007, Wozniak avait atteint la finale à Fès, au Maroc, un tournoi de catégorie 3. Wozniak devient seulement la cinquième Canadienne à gagner un tournoi de la WTA – et la première depuis deux décennies.

Pour sa victoire à Stanford, Wozniak a aussi reçu un chèque de 95 000 $US – de loin le plus important de sa carrière. «Je vais simplement l'encaisser, dit-elle. Je ne suis pas une acheteuse compulsive...»