De l'air! Les autorités chinoises vont donner un grand coup de balai à partir de dimanche à Pékin, interdisant la capitale à la moitié des 3,3 millions de véhicules et fermant les usines les plus polluantes. Celles qui resteront ouvertes réduiront leurs émissions de 30 pour cent, alors que les chantiers de construction, qui génèrent beaucoup de poussière, vont être temporairement arrêtés.

Le but: répondre aux inquiétudes des 10 500 sportifs du monde entier, dont beaucoup redoutent d'avoir à disputer des Jeux olympiques dans la chaleur et la pollution sévissant d'ordinaire dans la capitale chinoise.

Mais des sites flambant neufs et 40 milliards $ dépensés pour améliorer les infrastructures ne parviendront pas à dissiper totalement le smog pékinois. Une étude de la Banque mondiale montre que la Chine compte 16 des 20 villes de la planète ayant la pire qualité d'air. Par ailleurs, les trois quarts des cours d'eau traversant les zones urbaines sont interdits à la consommation ou à la pêche.

Veerabhadran Ramanathan, spécialiste de l'atmosphère à l'Institut d'océanographie Scripps (Université de Californie à San Diego), estime que le vent pourrait très bien ramener la pollution vers Pékin en dépit de la fermeture d'usines dans la capitale et les cinq provinces voisines. Ce scientifique réputé dirige aujourd'hui d'une équipe de recherche multinationale chargée d'étudier la pollution à Pékin avant, pendant et après les JO.

«Réduire les émissions locales va réduire la pollution locale, mais sera-ce suffisant pour aider les athlètes à respirer un air plus pur? Tout dépendra des vents», dit-il en notant que le mois d'août est «le pire» à cet égard car les vents sont d'ordinaire faibles à cette époque de l'année. «Ce qui m'a vraiment surpris et choqué, c'est qu'ils ont choisi le pire mois pour organiser les JO à Pékin», s'inquiète M. Ramanathan.

Face à ce souci environnemental, le patron du CIO Jacques Rogge a répété plusieurs fois que toutes les compétitions à ciel ouvert devant durer plus d'une heure seront reportées si la qualité de l'air n'est pas au rendez-vous.

Aussi, la Chine lance dimanche un vaste plan de deux mois par lequel le nombre des véhicules circulant dans la capitale sera réduit de 50 pour cent en fonction du numéro de plaque minéralogique. De plus, 300 000 véhicules jugés très polluants - essentiellement de vieux camions - sont interdits depuis le 1er juillet.

Le week-end prochain, des voies de circulation «spécial JO» vont être mises en place jusqu'au 25 septembre, comme d'autres pays organisateurs l'ont déjà fait par le passé. Les autorités de Pékin ont ainsi réservé 265 km de voies sur lesquelles les véhicules officiels pourront circuler entre les hôtels, les enceintes sportives et le village olympique. Enfin, les horaires de travail vont parfois être modifiés. Les fonctionnaires commenceront leur journée de travail une heure plus tard afin de diminuer les embouteillages matinaux.

La ville a par ailleurs inauguré samedi deux nouvelles lignes de métro et une liaison ferroviaire avec l'aéroport. La ligne 10 s'étire sur 25 km du sud-est au nord-ouest et la ligne 8, longue de cinq kilomètres, dessert les principaux lieux des compétitions olympiques, dont le Stade national et le Centre aquatique. La ligne ferroviaire, longue de 28 km, court de l'aéroport au quartier des affaires de la capitale. Selon les autorités, elles pourront transporter respectivement chaque jour 850 000, 220 000 et 30 000 passagers.

Alors que 100 000 membres des forces de l'ordre sillonnent la capitale, il semble que le renforcement de la sécurité, une politique de visas plus stricte et une inflation du prix des chambres d'hôtel a effrayé les touristes étrangers. De plus, beaucoup de lieux nocturnes près des sites olympiques ont été fermés, les autorités redoutant des attentats des séparatistes ouïghours, originaires du Xinjiang (ouest).