La ferme Hendrick, à Chelsea, en Outaouais, est l'un des rares projets immobiliers construits autour d'une culture maraîchère. Les résidants vivent à la campagne, mais ils n'ont pas de tâches à accomplir sur la ferme. C'est le bonheur, racontent ceux qui ont décidé d'y habiter.

Isabelle Quintin adore sa nouvelle vie à la ferme. « Mais vous ne me verrez jamais en bottes de pluie et en salopette en jeans ! »

Isabelle, son mari Chris et son fils Elliot ont emménagé il y a un an dans un projet immobilier novateur à Chelsea, en Outaouais. À la ferme Hendrick, les maisons entourent une grande terre maraîchère où poussent des carottes, des tomates et plein d'autres légumes bios.

Isabelle et Chris ont justement choisi une maison qui donne directement sur le grand jardin de cinq acres. De leur salle à manger ou leur balcon arrière, ils regardent souvent le champ à perte de vue.

Contrairement à ce qu'on pourrait imaginer d'une maison à la campagne, leur terrain est petit. Ils ont toutefois accès - à pied - à des espaces verts, à des sentiers qui mènent au parc de la Gatineau et à un ruisseau pour se rafraîchir l'été.

« C'est exactement ce qu'on voulait. On n'imaginait pas nos dimanches après-midi à passer la tondeuse », raconte Isabelle, qui vit dans la réplique d'une maison rurale du Vermont.

« On vit une vie de campagne sans avoir la charge de travail qui vient avec. »

- Isabelle Quintin

Le couple habitait le centre-ville de la capitale nationale. C'est avec la venue de son garçon qu'il s'est mis à rêver de campagne. S'il avait envie de grand air, il ne souhaitait pas que son voisin le plus proche réside à un demi-kilomètre.

« On avait envie que nos enfants connaissent une vie de quartier comme à Montréal, dans les ruelles. La première fois qu'on a visité la ferme Hendrick, on a été séduits par les vélos et les skis de fond d'enfants sur les balcons. Comme de fait, on a réussi à reproduire notre vie sociale, mais ici, à la campagne », dit Isabelle.

Craig Emond et Susan Tyndall sont aussi des citadins de longue date. Du moins, ils l'étaient. Le couple a habité pendant 28 ans dans le centre-ville de Toronto, mais récemment, Craig a senti le besoin de « reconnecter avec la nature ».

« Toronto, c'est un endroit très dynamique, mais j'avais besoin d'une pause. Même si j'avais besoin d'air, je ne voulais quand même pas acheter un grand terrain et disparaître dans la nature. On reste des citadins. »

- Craig Emond

En faisant des recherches sur l'internet, le couple est tombé sous le charme de la ferme Hendrick et a acheté une propriété sans même visiter les lieux. Sa maison blanche en rangée est collée sur le grand potager.

Susan Tyndall s'étonne. Depuis qu'elle a déménagé à Chelsea il y a deux mois, elle n'a pas pensé deux petites secondes à son ancienne vie à Toronto. Au contraire, elle adore se prélasser sur son balcon et admirer la vue des légumes qui poussent.

« Je vais devoir aller chercher une laitue pour notre souper tout à l'heure. Je vais sortir derrière, longer la ferme et me rendre au stand pour acheter la verdure qui pousse juste derrière chez moi. J'ai accès à des produits frais qui n'ont même pas voyagé. »

Bientôt, Susan n'aura plus à se rendre à Gatineau pour faire la plupart de ses courses. Dans un an, le promoteur de la ferme amorcera la construction de locaux commerciaux et il espère attirer un boulanger, un boucher et un fromager, entre autres. Les Emond-Tyndall, tout comme leurs voisins, n'auront plus à utiliser leur voiture même en étant à la campagne.

S'approprier la ferme

Contrairement à un milieu agricole plus « traditionnel », le jardin de légumes de la ferme Hendrick est entouré d'habitations. Tout le monde voit la parcelle de terre... dont l'apparence prend beaucoup plus d'importance qu'ailleurs, affirme Sean Lacroix, directeur des opérations de la ferme Hendrick.

« Les gens ont une opinion sur l'esthétique et ils ne sont pas gênés de le dire. On a donc réfléchi à la manière de faire nos rangs de légumes et à la façon d'organiser nos fleurs. Le désherbage est aussi bien fait, très bien fait », explique-t-il.

Presque chaque week-end, la ferme Hendrick organise aussi des activités comme des ateliers de confection de bouquets de fleurs, des cours de yoga et des cuisines collectives pour concocter des cornichons ou des sauces tomates. C'est en quelque sorte une manière pour les voisins (et même les non-résidants) de s'approprier les lieux.

Et pour ceux qui veulent pousser leur expérience encore plus loin, la ferme organise des journées de bénévolat. Susan Tyndall souhaite d'ailleurs profiter de l'occasion, un jour, pour mettre les mains à la terre, histoire de profiter à plein de sa nouvelle vie. Son mari Craig, à l'inverse, ne croit pas participer à l'une de ces journées. « Je ne veux pas devenir fermier », dit-il en riant.

Et ce qu'il y a de bien dans tout ça, c'est qu'il peut très bien vivre sur la ferme sans devoir accomplir ses multiples corvées.

Photo Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Sean Lacroix, directeur des opérations de la ferme Hendrick