Article publié en juin 2010. Il y a enfin de l'activité du côté nord de la rue Sainte-Catherine Ouest, entre les rues Chomedey et Lambert-Closse, à l'est de l'ancien Forum. Les travaux en vue de la construction du Séville, un complexe immobilier d'environ 450 unités, réparties dans quatre immeubles, viennent en effet de débuter.

«Je suis enchanté, s'exclame Roger Peace, président de l'Association du Village Shaughnessy. La plupart de ceux qui habitent ici sont heureux de voir qu'il se passe enfin quelque chose dans ce quadrilatère. Cela fait plus de 20 ans que nous attendons ce moment!»

Plusieurs édifices, dont l'ancien théâtre Séville, construits entre la fin du XIXe siècle et 1930, sont à l'abandon depuis le milieu des années 80. Le projet de réaménagement prévoit la construction, en trois phases, d'un basilaire de cinq étages avec cinq ou six commerces au rez-de-chaussée, le long de la rue Sainte-Catherine Ouest. Celui-ci sera surmonté de trois tours (deux totaliseront 11 étages et une troisième, 20 étages). À l'arrière, un immeuble de sept étages sera également érigé. Un café devrait être aménagé à l'emplacement de l'ancien théâtre Séville. Une marquise, un parvis et des inscriptions historiques rappelleront notamment l'existence de l'établissement, qui a définitivement fermé ses portes en octobre 1985.

Le Séville est réalisé, en partenariat, par la société d'investissement Claridge, présidée par Stephen Bronfman, et le promoteur Prével, qui construit actuellement les complexes Loft Imperial et Lowney.

«C'est la bougie d'allumage qui donnera un nouvel élan au quartier», se réjouit Sammy Forcillo, conseiller municipal du district de Peter-McGill.

«Le secteur a beaucoup souffert du déménagement des activités de l'ancien Forum au Centre Bell, en 1996, constate-t-il. La construction de 450 unités aura des retombées positives tout autour, autant économiques que sociales.»

À la demande de la Ville de Montréal, le promoteur contribuera d'ailleurs à hauteur de 650 000$ à un projet visant à aider les sans-abri du secteur.

Dans un premier temps, les pierres qui recouvrent certains des immeubles existants sont récupérées. Suivra la démolition des édifices, au cours de l'été. La construction du premier tiers du basilaire et de la première tour totalisant 11 étages devrait commencer en novembre.

La clientèle visée? Les jeunes célibataires et les jeunes couples qui recherchent des logements de qualité à prix abordable et acceptent, en échange, de s'installer dans un quartier déstructuré.

«Comme le Séville sera situé à proximité de l'Université Concordia et du Collège Dawson, ainsi que de la station de métro Atwater, nous devrions aussi attirer beaucoup d'étudiants, qui profitent de l'aide de leurs parents», prédit Jacques Vincent, coprésident de Prével.

Une vingtaine de mesures vertes seront adoptées lors de la construction du Séville.

Une attention particulière sera par exemple accordée à la récupération et la réutilisation des déchets de construction. Les matériaux régionaux et rapidement renouvelables seront favorisés, ainsi que les matériaux à faible émission de composés organiques volatils (peinture, tapis, etc.). L'utilisation de l'eau sera réduite grâce à la récupération de l'eau de pluie, au choix de plantes indigènes dans les cours intérieures et les jardins sur les toits, l'installation de toilettes à double chasse et de robinets à faible débit.

Pas de certification LEED

L'utilisation de l'énergie sera aussi diminuée grâce, entre autres, à une isolation thermique élevée, à l'installation de fenêtres à haut rendement énergétique (Low-E Argon), à un système d'ascenseurs à faible consommation d'énergie et au chauffage de la piscine par le biais de panneaux solaires. Mais le tandem ne cherchera pas à obtenir la prestigieuse certification écologique LEED (Leadership in Energy and Environmental Design).

«Nous voulons demeurer accessibles, explique M. Vincent. Une certification LEED entraînerait une augmentation d'environ 7% du prix des appartements, ce qui représente une hausse d'environ 15 000$, dans le cas d'une unité de 200 000$. Or nos recherches indiquent que les consommateurs sont prêts à payer entre 1000$ et 2000$ pour avoir un immeuble plus vert.»

Dans la première phase, qui comptera une centaine d'unités, les prix s'échelonneront entre 139 000$ et 300 000$ (taxes en sus) pour des superficies variant entre 450 et 900 pieds carrés. Le bureau des ventes n'ouvrira qu'à la fin de l'été, mais les personnes intéressées peuvent s'inscrire sur une liste.

Renseignements: leseville.ca