La maison Kinsmen, bien en place aux Galeries de la Capitale et accessible au public jusqu'à son tirage le 16 août, n'est pas verte. Ni Novoclimat, quoiqu'elle y tende. Pourtant, son aménagement intérieur se veut un rappel subtil de l'environnement et un cadre suggestif de simplicité volontaire en ces temps où l'économie ne va plus.

La maison Kinsmen, bien en place aux Galeries de la Capitale et accessible au public jusqu'à son tirage le 16 août, n'est pas verte. Ni Novoclimat, quoiqu'elle y tende. Pourtant, son aménagement intérieur se veut un rappel subtil de l'environnement et un cadre suggestif de simplicité volontaire en ces temps où l'économie ne va plus.

«J'ai voulu exprimer, à ma façon, ce dont les gens placotent le plus : la fonte des glaces, la crise financière, la sauvegarde de la nature et l'urgence de vivre plus simplement», détaille le designer Yvan Bédard, de Québec, pdg de la société Onirique. C'est par sa créativité et ses soins qu'a été composé l'espace intérieur de la maison Kinsmen, la 53e en autant d'années.

Les couleurs, par exemple. Elles se résument essentiellement au beige et au brun doux. Les arrangements floraux sont beaux, sans être trop étudiés. Les textiles sont de laine, de coton ou de lin. En polyester, parfois. Les carreaux de céramique de sol reproduisent la pierre ici, le marbre là.

Les bois sont de cerisier massif, de placage exotique tigré, de merisier ou d'érable. Les ouvertures sont habillées de bambou, de volets, d'enroulements en épis de blé ou de stores de bois en jalousie. Dans la salle à manger, des rideaux à traîne sont d'une séduisante désinvolture. Du côté de la dînette, les coussins libres suggèrent la décontraction.

Presque partout, les espaces sont aérés. Nulle pléthore d'objets, de bibelots ou de meubles qui, du reste, sont de style contemporain. Dans la cuisine, des tablettes de rangement sont béantes pour y montrer sans prétention ce que l'on a tout en faisant acte de simplicité volontaire.

Le quartz noir, constellé de grains de miroir, embellit les plateaux de lavabo de la salle de bains principale. Des petits carreaux et des lames de céramique bleu ciel, celle des enfants. Dans la cuisine, des carreaux bruns très texturés et à symétrie variable font danser la lumière. Ailleurs, la pâte de verre et les moulures en cuivre donnent de l'accent.

Dans la cuisine encore, où les comptoirs en quartz allure béton prennent un ton rassurant, les pavés de céramique de plancher sont disposés en quinconce, mais au tiers de leurs extrémités, et non pas à la demie. «Autrement, le léger renflement aux angles droits, caractéristique des tuiles de céramique, aurait paru. Ce qui aurait trahi l'aspect uni du parquet», explique Yvan Bédard.Vastes penderies

Si la chambre d'ado a sa penderie (walk-in), la chambre principale en a toute une. Elle est vaste, relevée d'une banquette centrale, de casiers à chaussures, de tiroirs et de tablettes en porte-à-faux. Une pièce en soi. La simplicité volontaire, ici, est vaincue.

D'un autre côté, dans la salle de bains des enfants, un module de rangement est désaxé. Aussi bien qu'un muret dans la cuisine. Cette audace a pour objet de donner l'impression que chacun a été volontairement poussé. «Un aménagement, ce n'est pas statique, il faut que ça bouge ou donne l'impression de bouger», résume le designer d'intérieur.

Deux modules d'armoires s'élèvent en colonne, de part et d'autre de la fenêtre de la cuisine au-dessus de l'évier, sans atteindre le plafond.

Ne craignez-vous pas que le plateau supérieur, comme ramasse-poussière, ne soit un irritant? demande Le Soleil à Yvan Bédard. Peut-être, répond-il. Tout en montrant du doigt la vitre translucide et ondoyante d'un cabinet qui lui rappelle une chute d'eau, il précise que les armoires auraient joint le plafond qu'elles auraient parues massives et en rupture avec le dépouillement recherché.

Bureau et vitraux

Près du vestibule, un bureau. Il est relevé de deux vitraux pâles à carreaux dissemblables et distribués suivant un beau désordre calculé. Puis, le bel escalier en érable de la maison dont la rampe métallique est ornée par-ci par-là de petits vitraux. Ils suggèrent à Yvan Bédard le rationalisme de l'architecte John MacIntosh, qui s'est illustré au Canada et aux États-Unis, et qui est mort à Toronto en 1945. Il trouve que les vitraux viennent marquer une pause par rapport à la nature. Ils rappellent que notre émancipation procède aussi de la ville et de ses matériaux durs.

Enfin, ce n'est ni architectural ni décoratif, mais le garage comprend un étal de tous les outils d'entretien extérieur de Garant. Ils sont nombreux et échoiront au gagnant de la maison, s'il la préfère à l'argent.

Et tandis que, dans la maison, on proclame que «le beau ne démode jamais», Yvan Bédard encourage les gens à «cultiver le beau partout, même s'il est à petit prix». Ce, jusque dans les tiroirs. 

 La maison en bref

Type de maison : usinée, en sept modules

Style : château breton

Valeur : 593 000 $, meubles, décoration et terrain compris

Constructeur : Maître Constructeur Saint-Jacques, Saint-Jacques-de-Leeds

Nombre de pièces : 10, dont trois chambres à coucher, deux salles de bains, une salle d'eau. Puis, deux penderies (walk-in).

Superficie : 3800 pi ca, 4922 pi ca, garage et sous-sol compris

Aménagement intérieur : Yvan Bédard, designer d'intérieur

Revêtement extérieur : clin de bois, pierre-béton incrusté dans une lame de styromousse

Toit : bardeaux d'asphalte

Chauffage : électricité à convecteurs et plinthes

Autres équipements : foyer et poêle à cuisson au gaz, aspirateur central, thermostats électroniques

Date du tirage : dimanche 16 août

Lieu d'implantation de la maison : Faubourg Le Raphaël à Québec, le long du boulevard Chauveau, entre l'Ormière et Saint-Joseph

Renseignements et billets : 418 624-1944

Photo: Martin Martel, Le Soleil

La penderie (walk-in) de la chambre principale.