Sur le terrain, c'est le nerf de la guerre. Quand vient le temps de vendre son logis, il faut être vu. Mais encore faut-il s'afficher selon les règles si on veut éviter les mauvaises surprises. Une démarche en apparence simple, qui échappe cependant à nombre de vendeurs.

Sur le terrain, c'est le nerf de la guerre. Quand vient le temps de vendre son logis, il faut être vu. Mais encore faut-il s'afficher selon les règles si on veut éviter les mauvaises surprises. Une démarche en apparence simple, qui échappe cependant à nombre de vendeurs.

 À peine deux jours après avoir placé la pancarte «À vendre» au bord de la rue qui mène à leur condo, les Gauvin (nom d'emprunt) reçoivent leur premier visiteur. Enthousiasmé, le couple accueille l'acheteur potentiel qui a bien pris soin... de rapporter leur affiche! À leur plus grand étonnement, l'homme n'agit pas de la sorte parce qu'il est convaincu de conclure la transaction. Il est plutôt inspecteur pour la municipalité.

 «On nous recommande d'être visibles», raconte Mme Gauvin, qui compte sur les services de l'entreprise DuProprio pour compléter sa transaction. Alors, histoire d'attirer les acheteurs en direction du condo situé dans une rue qui ne débouche pas, la résidante de Stoneham et son conjoint ont fait comme bien d'autres et ont utilisé de l'affichage directionnel. «J'ai posé la première pancarte et ça n'a pas pris deux jours que l'inspecteur me la ramenait.»

 Compréhensif, celui-ci a demandé aux jeunes propriétaires de ne plus afficher sur les terrains publics, dans leur cas en bordure du chemin du Hibou, qui traverse la municipalité. Prêts à un peu de délinquance pour arriver à leurs fins, les Gauvin ont cependant répété l'opération un vendredi en fin d'après-midi, dans l'espoir cette fois-ci de ne pas recevoir la visite de l'inspecteur, potentiellement en congé. «Je remarque qu'à chaque fin de semaine, les gens s'essayent", observe la femme, qui ignorait au départ l'interdit.

 Mais pas de chance. Même affichage, même résultat. Encore une fois, l'employé de la municipalité rapporte la pancarte. «Il nous a bien dit que c'était la dernière fois. À la prochaine, l'affiche irait simplement à la poubelle.»

 Directeur du service de l'urbanisme à Stoneham, Louis Desrosiers rappelle que l'interdiction de faire de «l'affichage hors site» est un règlement qui date pourtant des années 90. Ce qui a changé, cependant, c'est que la municipalité a mis de l'avant plus récemment une directive pour contrer la pollution visuelle. «On se devait de faire un petit ménage», explique M. Desrosiers.

 D'après l'urbaniste, autant les agents et les courtiers immobiliers que les propriétaires vendeurs se font prendre en défaut. La règle générale stipule que l'affichage doit être implanté sur les lieux, résume M. Desrosiers. Mais alors que les pancartes en tous genres poussent comme de la mauvaise herbe, plus de clarté s'impose. «En période de refonte de la réglementation, je pense que le règlement gagnerait à être précisé davantage», estime le directeur.

 Pour les Gauvin, une frustration provient du fait qu'une bien petite pancarte ne puisse trouver sa place alors que d'énormes panneaux annoncent avec fracas de nouveaux développements. «Ce n'est pas juste», déplorent-ils.

 C'est l'exception, selon Louis Desrosiers. En effet, les promoteurs de projets domiciliaires ont des droits particuliers. «Ils doivent nous proposer leur plan d'affichage», justifie l'urbaniste qui rappelle que la municipalité se garde ainsi un droit de regard.

 Interdiction

 Malgré le fait que peu de gens s'en préoccupent, a priori, lorsque vient le temps d'afficher une résidence à vendre, l'interdiction d'afficher hors site semble plutôt la norme dans les villes et les municipalités. La différence, c'est que chacune met plus ou moins d'efforts - et de moyens - pour nettoyer le paysage.

 À Québec, Jacques Perron, du service des communications, confirme l'interdit dans la capitale. «Théoriquement, on ne devrait pas.» Il admet cependant que des citoyens, comme ailleurs, «s'essayent». Et puis, comme ce type d'affichage est souvent très éphémère, il devient difficile à surveiller.

 «On n'a pas toujours le contrôle sur ce que font les vendeurs», raconte à son tour Fred Auger, directeur des communications pour DuProprio. L'entreprise de vente sans commission se porte tout de même garante des initiatives de ses clients. «On se donne un peu le rôle de grands frères», illustre M. Auger. Au besoin, DuProprio prendra donc le blâme et ira jusqu'à payer une possible amende délivrée aux propriétaires vendeurs. «Mais c'est rare que ça arrive», souligne-t-il, tout en insistant sur l'importance de respecter les règles en place.

 Car les sanctions dans le cas d'une offense sont plutôt limitées. Bien souvent, l'affiche sera simplement enlevée. À certains endroits, un avertissement sera lancé, mais sans plus. Rarement une amende est donnée. Cependant, alors que la préoccupation à l'égard de la pollution visuelle grandit dans les villes et les villages, gageons que la situation n'en restera pas toujours là.

 De bonne guerre

 En attendant, dans un marché aussi compétitif que l'immobilier, il semble que risquer de perdre quelques pancartes ou de recevoir un avertissement fait parfois partie de la stratégie. À preuve, il aura suffi au Soleil de porter attention aux affiches «délinquantes» pour en trouver aisément sur les grandes artères de la capitale et des environs. Vendeurs indépendants, sans commission, ou encore agents et courtiers immobiliers en tous genres sont du nombre. Comme quoi la bonne vieille pancarte a encore un rôle important à jouer!

 «C'est une antenne dans le quartier», avance Robert Nadeau, président et chef de la direction de l'Association des courtiers et agents immobiliers du Québec (ACAIQ). Une visibilité qui ne doit pas se faire à tout prix, prévient-il. Le pdg répète que ses membres ont bel et bien le devoir de s'informer sur la réglementation en vigueur. «Ce sont des gens responsables.»

 Vendre... sans affiche

 Quand vient le temps d'afficher son logis à vendre, il est toujours bon de s'informer sur les règles en vigueur. En effet, il ne s'agit pas seulement de mettre une affiche à sa fenêtre ou dans sa cour. Dans certains cas, même, cela est interdit! Robert Nadeau, président et chef de la direction de l'Association des courtiers et agents immobiliers du Québec (ACAIQ), donne l'exemple des propriétaires qui possèdent un condo. Ceux-ci doivent nécessairement s'en remettre à leur convention de copropriété. Dans bien des cas, pour ce type d'habitation, il est impossible d'afficher sur le balcon ou par la fenêtre. Restent alors les autres outils pour la vente que sont notamment Internet, les catalogues de résidences ou encore le travail d'un agent ou d'un courtier.