Un vent d'optimisme souffle sur l'arrondissement du Sud-Ouest. Tous les espoirs sont permis: les projets, petits et grands, s'y multiplient.

Un vent d'optimisme souffle sur l'arrondissement du Sud-Ouest. Tous les espoirs sont permis: les projets, petits et grands, s'y multiplient.

Celui de Griffintown fait beaucoup jaser depuis l'automne dernier. Mais il est loin d'être le seul projet d'envergure à l'horizon. La reconstruction de l'échangeur Turcot et le réaménagement de l'autoroute Bonaventure, de même que le réaménagement de l'ancien centre de tri postal et la transformation de l'ancienne gare de triage du CN, à Pointe-Saint-Charles, présentent un énorme potentiel de développement.

«C'est récent, souligne Martine Mimeault, directrice générale de la Chambre de commerce et d'industrie du Sud-Ouest de Montréal. On ne sait pas exactement ce qui a servi d'étincelle pour allumer tout cela. Reste qu'il y a entre 15 et 20 millions de pieds carrés à mettre en valeur, ce qui représente plus de 10% du territoire.»

Selon elle, entre 10 000 et 15 000 logements devraient y être construits au cours des prochaines années, sans compter les nombreux emplois créés et les nouveaux commerces.

«C'est le nouvel Eldorado, dit-elle. Il y a de l'or à cueillir!»

L'espoir et la fierté s'installent dans les six quartiers de l'arrondissement, parmi les plus pauvres de Montréal: Pointe-Saint-Charles, Saint-Henri, Petite-Bourgogne, Émard, Côte-Saint-Paul et Griffintown.

«Il y a une nouvelle conscience qu'il peut être bon d'habiter ici», constate la mairesse de l'arrondissement, Jacqueline Montpetit, qui demeure à Pointe-Saint-Charles depuis 35 ans. Ayant oeuvré dans le milieu communautaire pendant les années noires, elle y a vu se créer une solidarité sans pareille.

«Des années 70 à 2000, le milieu a été laissé à l'abandon, déplore-t-elle. Il fallait se mettre ensemble et se parler!»

Berceau de l'industrialisation au Canada

Ces quartiers, qui ont chacun leur caractère propre, sont parmi les plus vieux de Montréal. Situés de part et d'autre du canal de Lachine, ils se sont développés de façon exponentielle à partir de 1825, avec le premier élargissement du canal de Lachine.

L'inauguration du pont Victoria, en 1859, la proximité du port de Montréal et le développement du réseau ferroviaire ont créé une forte attraction. Les entreprises se sont installées en grand nombre sur les berges du canal, attirées par l'énergie hydraulique produite par les écluses. Usines, fonderies, tanneries, meuneries et manufactures ont attiré des milliers d'ouvriers, qui se sont établis à proximité dans des quartiers glauques et sordides.

«Les conditions d'habitation étaient déplorables, rappelle Dinu Bumbaru, directeur des politiques au sein d'Héritage Montréal. Le canal était bon pour les industries, mais pour les ouvriers, c'était horrible. Les logements étaient insalubres. Au XIXe siècle, Montréal avait le deuxième taux de mortalité infantile au monde, après Calcutta. Les quartiers populaires, en bas de la côte, n'étaient pas une priorité.»

Les usines, devenues vétustes, ont commencé à fermer vers 1920. L'ouverture de la Voie maritime du Saint-Laurent en 1959, la fermeture partielle du canal de Lachine en 1960 et sa fermeture définitive en 1970 ont eu des effets dévastateurs. Les quartiers se sont vidés. Le taux de chômage a grimpé en flèche. Plusieurs secteurs ont de plus été saccagés pour construire l'échangeur Turcot, l'autoroute Ville-Marie et l'autoroute Bonaventure.

Le vent a tourné il y a une dizaine d'années. Le renouveau, graduel au début, s'accélère, constate Pierre Richard, vice-président, développement stratégique, au sein du RESO (Regroupement économique et social du Sud-Ouest). La proximité du centre-ville et de la Cité du Multimédia attirent de nouvelles entreprises, qui élisent domicile dans les anciens bâtiments industriels. D'autres édifices sont reconvertis en immeubles en copropriété.

Le défi? Favoriser la création d'emplois et la construction de nouveaux logements tout en répondant aux besoins des résidants de longue date et des plus démunis.

«Il faut qu'ils aient accès aux emplois créés dans le secteur, souligne M. Richard. Il faut aussi qu'ils aient accès à des logements sociaux et communautaires. L'arrondissement du Sud-Ouest est d'ailleurs le premier à avoir appliqué la stratégie d'inclusion de logements abordables dans les nouveaux projets résidentiels, à Montréal.»

Depuis 10 ans, les autorités municipales ont fait planter 10 000 arbres. La falaise Saint-Jacques, devenue un dépotoir à une certaine époque, a été nettoyée. Une piste cyclable longe le canal de Lachine, rouvert à la navigation en 2002. Mais selon Jacqueline Montpetit, tout est encore à faire.

«La conscience de l'eau commence à peine à se développer, estime la mairesse. Il faut faire des liens entre le canal et le Vieux-Port, les écluses, le marché Atwater et les futurs projets de Griffintown et Postes Canada, pour se rendre jusqu'à Lachine et au lac Saint-Louis.»

La mise en valeur des quartiers passe par celle du canal de Lachine, croit-elle. C'est le moteur, le fer de lance.