La Ville de Montréal entend mettre en pratique les principes du TOD, acronyme pour Transit Oriented Development - en français «développement axé sur les transports en commun», pour développer les alentours des stations de métro et des gares de train de banlieue sur son territoire.

La Ville de Montréal entend mettre en pratique les principes du TOD, acronyme pour Transit Oriented Development - en français «développement axé sur les transports en commun», pour développer les alentours des stations de métro et des gares de train de banlieue sur son territoire.

Le but: maximiser l'utilisation du transport en commun et freiner l'exode des urbains vers la banlieue. «Le métro a fêté l'an dernier son 40e anniversaire, mais on semble parfois le tenir pour acquis. On oublie que chaque jour, il transporte plus de 800 000 passagers. Notre objectif est de repositionner cette infrastructure de transport au centre du développement de la ville.

Certaines stations de métro, comme Saint-Laurent ou Préfontaine, sont carrément sous-utilisées», affirme André Lavallée, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal et responsable du transport collectif. Le TOD est une approche urbanistique américaine qui prône un développement intégré de haute densité, mêlant résidences et commerces, articulé autour d'une infrastructure de transport, comme un métro ou une gare, et où le design urbain favorise les déplacements à pied plutôt que l'utilisation de l'automobile.

Même si Montréal fut à l'origine un immense TOD, avec l'ouverture de nouveaux quartiers grâce au tramway, cette manière de faire a disparu avec la démocratisation de l'automobile. Seul le centre-ville applique une véritable approche TOD. Mais tout cela doit changer. Le projet phare, celui qui doit illustrer la nouvelle façon de faire de la Ville, concerne la mise en valeur des ateliers municipaux Rosemont, adjacents à la station de métro du même nom.

Ce premier projet TOD doit comprendre la construction de 450 logements et des commerces de proximité. Les terrains ont été décontaminés, et la construction des premiers logements devrait commencer l'automne prochain. Cependant, le plan de développement des ateliers Rosemont ne fait pas l'unanimité.

Selon le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, le projet du métro Rosemont n'applique pas suffisamment les principes du TOD. «La Ville prévoit une densification de 80 à 100 logements à l'hectare dans ce projet, c'est nettement insuffisant près d'une station de métro», dénonce-t-il. Le cadre d'aménagement du gouvernement suggère plutôt une densité de 200 logements à l'hectare dans les premiers 250 mètres de rayon d'une station de métro. «C'est le plus beau terrain à développer près d'un métro. On devrait en faire un modèle de TOD, un projet exemplaire qui servira d'exemple. On laisse encore trop de place aux stationnements et à l'automobile», déplore-t-il.

D'autres TOD à venir

Après les ateliers Rosemont, d'autres projets TOD devraient voir le jour. L'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie étudie la transformation du 6000, rue Saint-Denis - le site où l'on devait construire le CHUM, avant qu'on le déménage au centre-ville. «Adjacente au métro Rosemont, cette friche industrielle possède énormément de potentiel. On ne se trouve ici qu'à quelques minutes en métro du centre-ville et à cinq minutes en autobus du futur campus de l'Université de Montréal à Outremont. On pourrait en faire un second Angus», affirme avec confiance M. Lavallée, également maire de l'arrondissement.

D'autres possibilités de développement apparaissent. Par exemple, le prolongement du métro à Laval, qui entraînera le déménagement du terminus d'autobus de la Société de transport de Laval (STL), pourrait favoriser un nouvel essor aux alentours de la station Henri-Bourassa. Selon Marie-Élaine Ladouceur, chargée des communications à l'arrondissement d'Ahuntsic-Cartierville, les terrains sont déjà extrêmement convoités. «On reçoit beaucoup de propositions, mais aucune décision n'a été prise», dit-elle.

La construction de la ligne de train de banlieue Montréal-Repentigny-Mascouche crée aussi une nouvelle dynamique dans l'Est. «L'arrivée du train servira à transformer l'est de l'île. Plusieurs zones industrielles seront reconverties en zones résidentielles», prévoit M. Lavallée. La Ville de Montréal veut entreprendre une analyse TOD pour toutes les gares et stations de métro de son territoire. «La métropole a tout le potentiel pour attirer de nouveaux résidants, sauf qu'en lieu et place, on construit continuellement de nouvelles routes en périphérie, subventionnant ainsi l'exode des Montréalais. Toute cette stratégie de développement a un coût énorme», affirme M. Lavallée. C'est en misant sur le transport collectif que Montréal pourra tirer son épingle du jeu.