Vous connaissez la jolie ville de Huntingdon? Un indice: cherchez du côté du Suroît, pas très loin de la frontière américaine. Un certain maire l'a rendue célèbre il y a quelques années. Vous la connaissez de nom, probablement, ce qui ne veut pas dire que vous pourriez la localiser facilement. Ce serait bien dommage, car la petite ville aux accents loyalistes est charmante et leurs habitants, tout autant.

S'il est plutôt simple de trouver la ville, repérer la propriété peut s'avérer plus compliqué. La maison, voyez-vous, est au coeur d'un vaste domaine. La verdure y est abondante. On peut passer à côté sans jamais la voir même si elle est campée à un jet de pierre du centre de la ville. D'ailleurs, n'eût été notre fidèle application de repérage, c'est bien ce qui nous serait arrivé. Heureusement qu'elle insistait pour qu'on emprunte le petit chemin menant à la belle maison en pierre.

Les occupants et leur caniche royal Lucy nous attendaient.

Paul Charbonneau et Robert McCoy habitent leur maison depuis 2000. Eux non plus ne connaissaient pas Huntingdon. «On habitait au centre-ville de Montréal. C'était un beau condo, près de tout. Mais on n'avait aucun feuillage autour de notre appartement, même pas de balcon, se souvient Robert. Quand j'étais jeune, je rêvais d'un château en pierre, près d'un étang, caché dans la forêt.» Disons que le condo de la rue Lincoln n'offrait rien de cela.

Moins d'un an après l'avoir acheté, le couple cherchait déjà une maison à la campagne. «Un petit chalet, pour passer les week-ends. Vous savez, ce genre de refuge pas trop grand, clés en main?», dit Paul en souriant.

Ce n'est pas tout à fait ce qui est arrivé.

La maison avait été bâtie en 1833, 1835 ou 1853, avance Robert, qui imagine qu'un historien dyslexique a peut-être inversé les chiffres. Toujours est-il que la maison a été habitée par une succession de familles bourgeoises qui aimaient le beau: les Bowren, les Henderson, les William. Même le prince Arthur, fils de la reine Victoria, est venu prononcer une allocution sur le perron. On le sait parce qu'une photo rappelle l'illustre événement.

Malgré cette célébrité, ce n'est pas ce qui a convaincu le couple de l'acheter. «On l'avait vue sur le web et on pensait qu'elle pourrait être intéressante même si on n'avait aucune idée d'où elle était située.» L'appel de la nature a été plus fort que tout, une maison en pierre, près de l'eau et cachée dans la forêt, c'était tentant.

En roulant sur le petit chemin secret, ils sont tombés sous le charme. «J'en tremblais, se souvient Paul. Le terrain était immense et, en plus, il y avait une piscine, un étang avec une fontaine, des arbres à perte de vue. Je me suis dit: "Ce n'est pas une maison de week-end, c'est une maison pour tout le temps!"»

En plus, la propriété avait été rénovée par le propriétaire précédent qui l'avait soigneusement restaurée en se fiant aux anciennes gravures et photos. Tout était impeccable. «On l'a achetée!» Et ils ont vendu le condo urbain.

Changements

Au fil des ans, les propriétaires l'ont mise à leur main. Ils ont repensé la cuisine en remplaçant des cabinets muraux par des tiroirs et en ajoutant un grand îlot. La musique étant importante, ils ont camouflé des câbles de haut-parleurs en les faisant passer par la cave. Ils ont modernisé le système de chauffage avec un appareil biénergie au gaz et en ont profité pour ajouter une cuisinière au gaz. «On a aussi modernisé l'éclairage à l'étage des chambres et changé les comptoirs de la salle de bains.» Ils ont aussi fait bâtir une armoire de rangement à partir d'anciennes portes trouvées dans le garage. Le parquet du rez-de-chaussée est maintenant en ardoise.

Les deux hommes ont beaucoup de goût et leur maison est à leur image. Paul, qui habillait les vitrines du grand magasin Eaton, et Robert, qui aime les «belles choses inusitées», ont décoré leur maison avec des pièces uniques. Partout, les objets rappellent la vie des deux hommes. On n'en finit plus de poser des questions.

Le terrain, très grand, regorge de petits coins secrets et sauvages. Il borde la Châteauguay, une jolie rivière sinueuse qui longe l'arrière-pays et attire les kayakistes.

La maison a toujours accueilli les amis et la famille, mais maintenant, il est temps de passer aux choses sérieuses, comme les voyages. Le couple cherche donc une propriété plus petite qui lui permettra de partir l'âme en paix. Où sera-t-elle? Impossible de le dire encore. Il faudra attendre le prochain coup de coeur.

Photo fournie par Royal LePage Village et Paul Charbonneau

C'est la façade côté rivière. À gauche se trouve une salle à manger ouverte. À droite, une véranda fermée. La maison a été modifiée au fil des ans, mais le précédent propriétaire s'est inspiré de vieilles gravures et photos et l'a restaurée pour lui redonner l'allure de ses débuts.

La propriété en bref

Prix demandé: 549 900 $

Année de construction: milieu du XIXe siècle

8 pièces, dont 3 chambres, 1 salle de bains, 2 salles d'eau, 1 foyer au bois; 3 garages, piscine creusée, étang et fontaine; Cuisinière au gaz

Superficie du terrain: 2,30 acres

Évaluation municipale: 222 700 $

Impôt foncier: 3604 $

Taxe scolair: 1034 $

Courtière: Ginette Caza, Royal LePage Village. 450 544-0430

Consultez la fiche de la propriété: https://www.centris.ca/fr/maison~a-vendre~huntingdon/27843714

Photo fournie par Royal LePage Village et Paul Charbonneau

La cuisine est ouverte sur la salle à manger.