Dans Le lion et le rat de La Fontaine, le fabuliste a ce vers célèbre : Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. En d'autres mots, en cas de difficulté, il est inutile de s'énerver. C'est l'illustration d'Alexandre, propriétaire de la maison que nous visitons.

La maison est assez unique, tout comme notre personnage. En fait, elle est à son image. Cet électricien de formation (qui n'a jamais pratiqué), originaire du quartier d'Auteuil est un Lavallois atypique. Il habitait avant sur le boulevard Lévesque où l'on retrouve un « melting-pot » architectural. 

Amoureux fou de l'onde, il cherchait un bord de l'eau pour se construire une maison. Pendant 10 ans, il s'est promené en scooter dans les environs pour trouver l'endroit de rêve. Il l'a découvert sous les traits d'une résidence décrépite, infestée de champignons, lovée au creux de la falaise sur l'avenue bien nommée de Bellevue à Saint-Vincent-de-Paul. 

Il présente à la municipalité des plans qu'il a concoctés. Il essuie un refus des autorités, effarouchées par cette architecture épurée, mais obtient finalement les autorisations voulues lorsqu'il a le feu vert d'un comité où siègent des citoyens. Mais d'autres s'y opposent, même lors du début des travaux, en convoquant la télé pour un reportage où on décrira la maison comme étant cossue, signe d'une tare indélébile. Alexandre n'est pas consulté ni avisé ; il verra à la télé qu'on le tient responsable de tous les malheurs urbanistiques de Laval ! Mais le projet va de l'avant, car il est conforme et porteur d'un certain renouveau pour ce quartier ancien de l'île Jésus.

PHOTO FOURNIE PAR REMAX

La même pierre que celle utilisée en façade, meulée sur place, tapisse le mur où est encastré un foyer à l'éthanol.

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Depuis la prise de photo, Jay a un nouveau lit et s'amuse par terre face à la fenêtre qui lui donne beaucoup à voir.

300 camions de roc

Une fois démolie, la maison insalubre laisse place à la rétrocaveuse qui va emplir 300 camions de roc arraché à la falaise sur une période de 14 jours. Puis, surgira du sol un immeuble à structure en acier de trois étages. Le rez-de-chaussée est occupé par une suite parentale, car Alexandre et sa femme Cynthia ont un petit garçon qu'ils veulent faire garder le plus souvent possible par les parents de madame. 

Le jeune couple établit ses quartiers au premier et deuxième étage dans des espaces dépouillés, mais spectaculaires et peu fréquents dans cette banlieue. Cet aménagement est à l'image de l'homme, posé, déterminé et hyperactif. Il est habitué à jongler avec les contraintes, la réglementation, les défis en tous genres. Homme d'affaires, il s'est constitué une sorte de fonds de pension en gérant des propriétés, mais il est surtout à la tête d'une entreprise qui fabrique des bateaux électriques. 

L'attrait de l'eau a fait construire à Alexandre une maison qui donne directement sur la rivière des Prairies. Toute la façade avant est entièrement vitrée avec des portes coulissantes et des fenêtres de dix pieds de hauteur et six de largeur. Le spectacle de l'eau est toujours présent, dans la cuisine, la salle à manger et la chambre à coucher. Une terrasse avec balustrade vitrée domine la rivière et donne sur une piscine creusée. 

La rue en face est peu passante puisqu'il s'agit d'un cul-de-sac. Le lieu est idéal pour cette petite famille dont les plans d'eau sont une raison de vivre. Au point que la résidence est en vente pour refaire le coup, un peu plus loin dans la rue, avec une architecture encore plus osée. Alexandre maintient le cap, malgré les tempêtes de toutes sortes, avec flegme, fermeté et passion.

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Un vaste espace lumineux comprend la salle à manger et la cuisine. Le soir, on découvre un éclairage très élaboré à base de DEL. 

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La terrasse est un prolongement de la maison où les mêmes matériaux sont utilisés. Et comme à l'intérieur, on retrouve une cuisine, un coin repas et un espace salon. Avec piscine en prime.