Plus jeune, Bernard Lette écoutait Janis Joplin, Jimmy Hendrix et Harmonium dans la résidence de ses parents à Outremont. Cela n'allait pas empêcher le garçon, issu d'une famille d'origines française et suisse, de faire une brillante carrière d'avocat d'affaires. Au point d'avoir aujourd'hui des bureaux à Montréal et à Toronto, mais aussi à Paris et à Munich!

C'est justement en Ontario qu'il a rencontré sa femme Jan, designer de profession. Depuis, ils butinent sérieusement d'une province à l'autre, d'un continent à l'autre. À la fin de 2006, à la recommandation de son agent immobilier, M. Lette apprend qu'un lot d'appartements est mis en vente au Château, rue Sherbrooke Ouest. Ils s'envolent rapidement, il faut faire vite: Jan arrive en avion de Toronto pour voir. Coup de foudre. Et ce sera pratique pour leur fille qui va étudier à l'Université McGill, située à deux pas.

De janvier à septembre, des travaux majeurs sont entrepris dans ce condo de près de 2000 pi2. «C'est coûteux et très compliqué», affirme Bernard, qui explique que les gravats doivent être sortis en brouette, par l'ascenseur, et que les ouvriers doivent passer par un véritable labyrinthe...

Jan a confié à l'architecte Alexandre Blouin le soin de dresser les plans définitifs à partir de ses propres idées. Comme son mari, elle aime les aménagements qui sauront bien vieillir au fil du temps. À cet égard, le Château est un écrin qui a beaucoup à offrir. Il faudra néanmoins refaire complètement les salles de bains et la cuisine, ainsi que tous les parquets. Pour le reste, le décor s'inspire de l'immeuble, âgé de près de 90 ans.

Construit juste avant la Dépression, cet édifice de 136 appartements a été conçu par les architectes Ross and Macdonald dans un style très populaire à l'époque, comme les hôtels Château Frontenac à Québec et Royal York à Toronto. Le client qui a passé la commande s'appelait Pamphile R. DuTremblay, alors propriétaire du journal La Presse. L'adresse est prestigieuse, car la rue Sherbrooke est l'épicentre de la métropole canadienne. Bernard Lette apprécie l'emplacement, situé au coeur de l'activité urbaine. Globe-trotter, c'est un abonné des centres-villes: il était donc normal qu'il jette son dévolu sur ce genre de résidence.

Le Château a une structure de propriété un peu spéciale: les occupants sont actionnaires de la société qui gère l'immeuble. Ils ne reçoivent donc pas directement de compte pour l'impôt foncier ou la taxe scolaire: les charges mensuelles comprennent aussi le chauffage (à vapeur) et l'eau chaude. On vient chercher les ordures à la porte de la cuisine qui donne sur un monte-charge; quant à l'ascenseur, il ne dessert que deux logements par étage.

Même si le couple se qualifie de real estate junkies, pour avoir acheté, rénové et agrandi plusieurs propriétés, il quitte ce condo, car il n'a que faire de trois chambres et autant de salles de bains. Il va déménager en Suisse, où l'avocat brasse aussi des affaires. Bien que le couple songe à acheter ici un pied-à-terre et à rénover, peut-être, un cottage près de Toronto. Le décor n'arrête décidément jamais de changer.

 La propriété en bref

> Prix demandé: 1 295 000$

> Année de construction: 1925

> Pièces: 8, dont 3 chambres et 3 salles de bains et garage

> Comprend: cuisinière au gaz, réfrigérateur, laveuse, sécheuse, lave-vaisselle, rideaux et tringles, stores, luminaires

> Évaluation municipale: 74 700 000$ (copropriété indivise, soit l'ensemble de l'immeuble)

> Impôt foncier: 1$

> Taxe scolaire: 1$

> Charges de copropriété: 2221$ par mois

> Courtières: Anick Truong, 514-836-4062, et Karine Doche, 514-677-6244, Sotheby's International Realty Québec