Il est rare qu'une personne, de son vivant, reçoive l'honneur de voir une rue baptisée à son nom. Surtout une artiste! Antonine Maillet a obtenu cette reconnaissance publique peu de temps après avoir reçu le prix Goncourt en 1979: la rue Wilder à Outremont est devenue l'avenue Antonine Maillet. L'écrivaine et dramaturge habite là, dans une belle et grande maison détachée, depuis 1974. Elle vient de décider de la vendre.

Son adresse a d'ailleurs donné lieu à un quiproquo savoureux, Antonine Maillet devant répéter son nom et adresse à un préposé du 911 qui avait du mal à comprendre qu'elle habitait bien sur l'avenue Antonine Maillet... Pendant ce temps, un feu de cuisson endommageait sa cuisine.

Les plans de travail en bois, eux, ont survécu à l'incident, indique Mme Maillet.

Il s'agit des morceaux d'une ancienne allée de quilles transformés en comptoirs à peu de frais par un décorateur. Ils ont été revernis depuis.

La pièce qu'elle aime bien? La salle à manger. Une (magnifique) pièce carrée avec d'abondantes boiseries et un vaisselier encastré. La lumière naturelle baigne cette pièce d'une autre époque, une époque où on appelait la bonne par une sonnette intégrée au plancher. Mme Maillet a fait de l'ancienne chambre de bonne son garde-manger à l'arrière de la maison, près de la buanderie et de cette salle à manger.

Parfois, la joie des enfants résonne aux alentours. «Il n'y a pas juste des vieux. J'étais ravie quand les enfants ont commencé à arriver dans la rue.»

Le solarium attenant dévoile un mur de brique. Voilà une autre pièce invitante, lumineuse évidemment, au plancher carrelé de céramique.

La maison de Pélagie

«C'est très grand», dit Mme Maillet. Quatre niveaux, quatre chambres à l'étage mitoyen.

C'est à l'étage supérieur que l'auteure de Pélagie-la-charrette a écrit la majorité de son oeuvre - une cinquantaine de romans, plusieurs pièces de théâtre - mais pas La Sagouine (qu'elle a décidé d'écrire «pour gagner sa vie» dans un petit logement de Côte-des-Neiges après que l'Université McGill eut refusé sa candidature comme professeur de littérature).

Il faut gravir deux escaliers pour atteindre l'attique. À 83 ans, Antonine Maillet le fait chaque jour dans l'enthousiasme.

Des poutrelles décorent le plafond en A de son vaste bureau. Il y a une table sur laquelle elle a longtemps travaillé. Le passage à l'ordinateur l'a incitée à déménager ses affaires sur un autre bureau, plus proche d'une fenêtre donnant sur sa rue. Sa rue!

Plein de gens de théâtre ont foulé les planches de sa maison, qu'elle se résout aujourd'hui à vendre. Elle veut néanmoins rester à Montréal, la «métropole francophone d'Amérique» qu'elle chérit, «mais pas dans un deux et demi, car j'étoufferais!»

Elle aimerait trouver un autre cocon, une coquille, où elle pourra continuer d'écrire. «J'ai fini une pièce [de théâtre] à midi aujourd'hui!».

La propriété en bref

Prix demandé: 2 095 000$.

Année de construction: 1920.

Nombre de pièces: 17, dont 4 chambres + 3 salles de bains + 1 salle d'eau.

Comprend l'habillage des fenêtres, la cuisinière, le réfrigérateur, le lave-vaisselle, le micro-ondes, la laveuse, la sécheuse et un garage détaché.

Évaluation municipale (2012): 1 316 700$.

Impôt foncier (2012): 11 473$.

Taxe scolaire (2012): 2643$.

À proximité du parc Joyce, du collège Stanislas et de l'avenue Bernard.

Courtiers: Line Labrecque et Alexandre Molinier, Groupe Sutton centre-ouest, 514-933-5800.