Cette maison de Mercier faisait partie de la cinquantaine de maisons patrimoniales sur le marché de la revente qu'on pouvait visiter librement en octobre dernier. Est-ce pour sa façade à entablement, sa galerie repeinte de frais, sa déco aérienne? Toujours est-il qu'elle a attiré de nombreux curieux.

Les propriétaires disent avoir reçu 19 personnes chez eux lors de cet événement populaire. Ils ont ouvert leurs portes à une vingtaine d'autres, ceux-là potentiellement intéressées à acquérir leur demeure nouvellement arrivée sur le marché. Résultat: près de 40 visites en un mois!

«La moitié des visiteurs était de jeunes couples», précise Dominique Toutant, propriétaire de l'endroit avec Christine Dufresne (aucun lien de parenté avec les Dufresne ayant marqué l'histoire de l'est de Montréal). «Mais pour la plupart d'entre eux, il manquait une pièce à notre maison. De façon générale, le monde ne voulait s'embarquer dans des rénovations», a constaté l'homme de 37 ans. «La salle de bains n'a pas été refaite. C'est la seule chose qui est restée laide dans la maison!»

De fait, le couple a acquis cette demeure en 2007 au prix d'importants travaux.

«L'inspection avait révélé des problèmes sérieux de fondation, ce qui a permis de mettre la main dessus à bon prix», raconte M. Toutant. Il leur a fallu surélever le bâtiment et refaire le solage en entier. Ce qu'ils ont fait à l'été 2007. Un programme de financement de la Ville de Montréal avait défrayé le coût du pieutage de 16 000$, précise l'amateur de veilles maisons.

Un an plus tard, la petite cuisine des années 50 a subi une cure de rajeunissement. Maintenant il y a du marbre et du bois dans cette cuisine IKEA. Il y a aussi beaucoup de lumière pénétrant dans l'ancien débarras à l'arrière de la maison (contigu à la cuisine). Cet espace est devenu un petit séjour immaculé: l'ancien mur extérieur en briques a été peint en blanc et les autres cloisons, recouvertes de planches de bois peintes blanches. Idem pour le plafond.

Une nouvelle pièce que Mme Dufresne a appréciée tout particulièrement durant son congé de maternité.

Murs à caissons et autres détails

C'est par la cuisine qu'on entre dans cette maison. Une autre entrée s'ouvre sur un étroit couloir flanqué des pièces de réception.

Sur son portable, M. Toutant montre des photos prises avant leur intervention. L'intérieur n'avait pas changé depuis des lustres. Non seulement la décoration avait besoin d'être revue et corrigée, l'aménagement aussi. Exemple: la porte du vestibule se heurtait à la première marche de l'escalier. Ce défaut a été corrigé, des portes ont été déplacées, etc. À n'en pas douter les 10 ans d'expérience de M. Toutant dans une quincaillerie se sont avérés utiles.

Ce dernier a construit des caissons aux murs de la salle à manger et du couloir qui se prolonge jusqu'à la cuisine.

Le plus possible, les proprios se sont efforcés de dénicher des meubles et des accessoires, comme des appliques murales dans les chambres, qui ajouteraient une touche de réalisme «ancien temps» à leur intérieur. Ils se sont approvisionnés chez Restauration Hardware et d'autres détaillants en ligne. Ils ont même poussé l'illusion jusqu'à recouvrir des calorifères électriques (bas) de caissons ajourés pour simuler la présence de calorifères à eau chaude (hauts). Pour M. Toutant, directeur d'une galerie d'art, ce compromis spatial en valait la peine - pour l'esthétisme.

Quitter le Plateau pour l'Est

Ces anciens locataires ont quitté un appartement «mal divisé» du Plateau Mont-Royal. Ils voulaient acquérir plus de quiétude ailleurs, et une cour, pour 350 000$ ou moins. C'est cela qui les amenés à magasiner dans l'Est de Montréal. Précisons qu'ils voulaient quelque chose avec du vécu et non une construction neuve.

«Ici, nous avons le bonheur d'avoir un terrain et nous avons en même temps le cachet de la cité», glisse celui qui travaille dans Griffintown.

Mais pour trouver la perle rare, il faut être prêt à se lancer dans des rénovations, selon lui. Or, au fil de ses conversations avec leurs visiteurs, il a senti que «les gens veulent du prêt-à-acheter». Eux, non. Aussi prévoient-ils déménager dans une autre maison à étages avec du caractère, toujours dans l'est de l'île, pour rester près du parc Bellerive. Une maison plus grande pour satisfaire leur ménage, passé de deux à trois.

La propriété en bref

Prix demandé: 429 000$

Année du premier acte notarié: 1906

Nombre de pièces: 7 dont 3 chambres + 1 salle de bains + 1 salle d'eau

Évaluation municipale: 287 700$

Impôt foncier (2011): 2582$

Taxe scolaire (2011): 530$

À proximité d'une fromagerie Hamel, du parc Bellerive et de l'autoroute 25

Courtière: Chantal Gobeil, Via Capitale du Mont-Royal, 514-597-2121