Gilles Trottier et Élise Lacombe cherchaient un domaine pour établir un gîte du passant. «Des propriétés, on en a vu des dizaines et des dizaines», se souvient Mme Lacombe. «Dans les Cantons-de-l'Est, dans les Laurentides, partout», entonne M. Trottier. On était en 1997 et le couple de Montréalais avait atteint la mi-trentaine, l'âge où les rêves doivent devenir réalité. Sinon...

Mme Lacombe avait en tête sa maison idéale. L'ancienne fonctionnaire devenue massothérapeute voulait de l'espace, de l'eau, de la verdure. «Quand l'agent nous a amenés ici, j'ai crié à travers le toit ouvrant que c'était MA maison.» En un rien de temps, l'affaire était conclue.

La maison à pignons en aurait séduit plusieurs. Nichée dans la forêt, en retrait de la route et au haut d'un terrain vallonné, elle est entourée d'un ruisseau à haut débit, procurant un ronron de joyeux clapotis.

La maison a été construite en 1967 par un couple allemand. La propriétaire à cette époque croyait aux vertus de l'exercice. Puisqu'il n'y avait pas de chemin menant à la maison, elle skiait ou marchait jusqu'au village de Morin Heights, une distance de 5 km, relate M. Trottier. Le chemin jusqu'au domaine est maintenant pavé. La balade en voiture dure quelques minutes.

En 1989, un nouveau propriétaire double la superficie de la maison en y ajoutant un salon, une chambre à l'étage, un petit balcon et une nouvelle entrée avec vestibule.

Après en avoir pris possession, les Lacombe-Trottier la complètent avec une terrasse et une véranda de 5 X 9 mètres devenue leur pièce préférée d'avril à novembre. Outre ces ajouts, Gilles Trottier, un doué de l'ébénisterie, a réalisé une foule de travaux à l'intérieur comme à l'extérieur.

Le bois de ses arbres, qu'il a fait tailler, sécher et planer, a servi non seulement à construire la terrasse et la véranda, mais les armoires de la cuisine qui viennent du merisier du terrain de 2,5 acres. Son atelier, un bâtiment de deux étages, est en retrait, à une trentaine de pas de la maison.

Changement de vocation

Le rez-de-chaussée comprend deux séjours, dont un sert à la lecture, l'autre, aux rencontres près du foyer. La salle à manger est séparée de la cuisine, qui a été refaite non pas une, mais deux fois.

«On en a d'abord conçu une en fonction de la vocation éventuelle du B&B, explique M. Trottier. Mais très vite, on a abandonné ce projet. On a donc élargi la cuisine pour nos besoins.» Par besoins, Mme Lacombe pointe la bibliothèque de livres de cuisine et les nombreux tiroirs pour les accessoires. Gilles, souligne-t-elle, est un fin cuisinier.

Les chambres à l'étage sont de taille raisonnable, mais la grande est... plutôt grande (40 m2). On lui a ajouté un balcon fermé qui donne sur la forêt montagneuse. Charmant. La seule salle de bains est également à l'étage. Avec sa baignoire sur pattes, elle convient au décor champêtre de la maison.

Les jardins sont joliment aménagés. Avec le ruisseau qui coule presque tout autour de la maison, le lieu se prête aux fleurs et autres plantes. Au fil des ans, Mme Lacombe s'est livrée à plusieurs expériences, certaines heureuses, d'autres moins. Le défi de l'heure: les chevreuils qui se délectent de ses hostas géants.

À l'arrière de la propriété, on a installé un spa et une douche fermée avec eau chaude. «J'y prends mes douches dès que l'eau coule», indique M. Trottier.

Il n'y a pas de sous-sol, comme c'est le cas pour plusieurs maisons de cette époque.

Les propriétaires affectionnent la Provence - on voit cette propension dans le décor -, mais au fil des ans, ils ont refusé de dénaturer la maison. Ainsi, on sent le côté laurentien avec ses boiseries blondes ou sombres et ses volets bleus. Les portes en arche, le garde-corps de l'escalier aux motifs bavarois, le foyer en pierre, tout nous ramène aux années 60, quand vivre à la campagne ne signifiait pas reproduire un environnement urbain.

Élise Lacombe et Gilles Trottier quittent le domaine qu'ils ont tant chouchouté pour réaliser un autre rêve. Ils souhaitent fuir la froidure du Québec pour rouler en VR vers les pays du Sud.

La propriété en bref

> Prix demandé: 599 000$

> 10 pièces dont quatre chambres, une salle de bains, une salle d'eau. Grande véranda de 5 X 9 mètres.

> Le ruisseau s'appelle Moon River

> Vient avec accès notarié aux lacs Cooke et Corbeil

> Agent: Éric Léger, Groupe Sutton Laurentides E.L. 450-227-7474.