Vivre au haut d'une montagne. Voilà ce que cherchaient Édith Sylvestre et Jacques Tardif quand ils ont entrepris leur quête pour trouver un terrain pour y construire leur prochaine maison.

«Non seulement voulait-on vivre en hauteur, mais on souhaitait une maison ouverte, au milieu d'un grand terrain, où les fenêtres n'auraient pas besoin d'être habillées, se rappelle M. Tardif.

C'était en 1976. La maison qu'ils imaginaient n'existait pas. Ils ont donc engagé un architecte, leur voisin et ami Claude Leclerc. «Nous aimions sa maison, aérée et ouverte», justifie Mme Sylvestre.

  La construction a duré six mois. Le résultat devrait durer l'éternité. En solidité, en originalité et en beauté.

La maison à quatre niveaux est perchée à la fin d'un chemin sans issue en pleine montagne à quelques minutes de Sainte-Adèle. Son recouvrement de planches en cèdre sans noeuds s'intègre dans l'aménagement d'arbres, de plans d'eau et de fleurs. Le couple jardine et les vivaces abondent. Des objets d'art déposés ici et là accueillent aussi les visiteurs le long du chemin qui mène vers la maison. Ce vaste terrain en montagne, qui appartient au couple, lui assure une grande intimité.

Passé le hall d'entrée, où un des murs est vitré, on pénètre dans un univers de pierres grises mais surtout de bois et de murs bleutés. Les pierres recouvrent certains murs, mais le bois est bien présent: au plancher, au plafond et autour des fenêtres. Des nombreuses fenêtres. On a arrêté de compter après 40... L'éclairage qu'elles procurent ajoute au sentiment de faire partie de la montagne, surtout que la plupart s'étirent du sol au toit. Et certains plafonds grimpent très haut selon la vocation de la pièce.

Du salon, orienté au sud, où le foyer surélevé semble suspendu, les fenêtres s'ouvrent sur les montagnes des environs: Gabriel, Chanteclerc, Morin Heights. Cette pièce est imposante et a souvent accueilli des hordes d'invités.

Chaque pièce a son balcon, huit en tout, avec sa propre porte-fenêtre. Celui à l'est, qui donne sur le bureau de M. Tardif, sert au petit-déjeuner. Les plus grands, de la salle à manger et du salon, à savourer le panorama.

Des oeuvres d'arts

Les escaliers ouverts, sans contremarche, permettent d'admirer l'immense vitrail qui fait office de fenêtre sur trois étages. La pièce, réalisée par l'artiste Marcelle Ferron, rappelle ses oeuvres de la station de métro Champ-de-Mars et du hall du pavillon Sir George Williams de l'Université Concordia.

 

La chambre principale à l'étage supérieur est sise au-dessus de la cuisine et de la salle à manger et s'ouvre sur le salon. La mezzanine est grande, mesurant 30 pieds par 20. Seule une rampe en bois soutenue par des tiges de fer forgé noir aux lignes épurées la divise du reste de la maison. Le couple y a installé un foyer au bois, noir également. La pièce sert aussi de bureau pour Mme Sylvestre. Avec ses six puits de lumière, la pièce offre une vue spectaculaire. «Le soir, on peut y voir six lunes», confie M. Tardif.

Il y a deux salles de bains dans la maison. Celle du niveau supérieur sert au couple. La baignoire est presque encastrée dans le sol et la fenêtre couvre tout le mur. Cette pièce a subi des rénovations mais pas autant que la salle de bains du rez-de-chaussée, qui a été complètement refaite avec une douche vitrée et des rangements soigneusement camouflés dans les murs. Les petites bouteilles de shampoing disparaissent derrière un muret dans la douche et les serviettes sont pliées dans des cubes encastrés. Les tuiles rectangulaires au mur résolument contemporaines rappellent celles de la maison.

Deux autres chambres à coucher complètent les pièces, l'une sous l'autre. Plus petites, elles ont une forme irrégulière et ont servi aux enfants de la maison. Chacune a son balcon donnant sur le soleil du matin. Au-dessous, un petit bassin carré couleur pierre: c'est le bain romain parfaitement intégré au roc de la montagne.

La plupart des planchers ont été refaits au fil des ans. Travertin, ardoise, chêne, un beau cocktail qui fait bon ménage. Celui du vestibule a des tuiles en céramique unies intercalées parmi d'autres à motifs animaliers. Un thème récurrent dans la maison où les oeuvres d'art abondent. D'ailleurs, plusieurs pièces ont été réalisées par le propriétaire.

Le couple quitte sa maison pour une autre. Les escaliers, la grandeur de la maison, son entretien, c'est beaucoup pour les deux retraités. Ils feront construire une autre maison mieux adaptée à leurs besoins. Comme l'autre, elle sera d'une grande originalité et les plans seront dessinés par un autre architecte qui connaît bien leurs goûts: leur fils.

La propriété en bref

Construction: 1976

Nombre de pièces: 10 dont 3 chambres

Dimension du terrain: 132 548 pieds carrés

Aire habitable: 3000 pieds carrés

Salles de bains: 2

Impôt foncier: 4595$

Prix demandé: 697 000$

Photo: Bernard Brault, La Presse

La chambre principale de la mezzanine est jumelée au bureau de la propriétaire.