Déménager procède d'une certaine routine. Mais déménager avec des enfants, c'est un défilé de tracas qui s'ajoutent et qui, du reste, ne doivent pas se retourner contre eux. Car leurs besoins fondamentaux continuent. Ils restent inchangés.

En fait, selon ce qu'a appris Le Soleil dans sa quête d'informations à cet égard, cinq comportements doivent gouverner les parents en pareil projet : expliquer aux petits ce qui se passe, les protéger, les impliquer, combler sans énervement ni irritation leurs besoins et savoir se reposer.

«Il faut garantir sans cesse les enfants contre les blessures et faire en sorte qu'ils n'échappent jamais à notre vigilance. Tout en étant conscient que les bambins sont de grands explorateurs et portent à leur bouche tout ce qu'ils trouvent. Cela, avant que le déménagement lui-même n'ait lieu et pendant les semaines qui lui sont consécutives. Le jour même, voire la veille, on les fera garder», recommande Marie-Josée Audet, musicienne professionnelle, étudiante à l'université en affaires publiques et mère.

En août 2010, son mari Simon, leurs deux enfants, Juliette et Louis, âgés respectivement alors de trois ans et demi et neuf mois, et elle sont déménagés de Limoilou à Loretteville.

«Nous avions pas mal d'expérience en déménagement, mais avec des enfants, nous en étions à nos premières armes. Nous avons compris qu'il fallait d'abord surmonter nos fatigues et maîtriser nos humeurs», se souvient-elle.

Les enfants ont des besoins immuables comme manger, collationner, dormir, jouer. Besoin aussi qu'on s'occupe d'eux. Sans compter les soins corporels que leur état réclame.

«On ne peut passer notre temps à leur dire : attends un peu! Il y a des limites à cela. On doit surtout éviter de s'impatienter. Ce qui arrive n'est pas de leur faute», poursuit-elle. Leur donner de l'affection est la première nécessité. Pourtant, selon elle, ce peut être ce qu'il y a de plus difficile à faire. Car l'agenda du ménage est chargé à bloc et le stress, considérable. Pour l'abaisser, le couple se répartira les tâches et dormira bien. Puis, il recourra aux services d'un déménageur professionnel. «Quitte à payer une couple de 100 dollars de plus», suggère Mme Audet. Un déménageur d'occasion, des amis ou des proches n'est pas sans accroître l'inquiétude, avant. Les ris­ques, pendant. Les conséquences, après. Les parents pourraient être, dans tout le processus, plus irritables. Les enfants, plus vulnérables. Ils ne sont pas un exutoire.

Expliquer

Du coup, s'ils ont l'âge de comprendre, il faut leur expliquer ce qui se passe. Ils changeront de chambre, de maison, de cour, de quartier. Ils n'auront plus les mêmes amis, ne fréquenteront plus leur école habituelle. De plus, pendant que les pièces de la maison seront progressivement sens dessus dessous, maman et papa pourraient leur paraître, à l'occasion, distants.

«Il faut les maintenir dans la routine de leurs besoins fondamentaux - ex. : manger et aller au lit à l'heure - et les établir tranquillement dans leur nouvelle façon de vivre», trouve Nathalie Lebel, conseillère budgétaire à l'ACEF Rive-Sud, qui - coïncidence -  vient tout juste de déménager avec Alexandre, son fils, âgé de deux ans. Son compagnon et elle ont été maîtres d'eux-mêmes. «Alexandre n'aurait pas compris que ses parents s'impatientent parce que fatigués», dit-elle.

Durant les semaines précédant le jour D (pour déménagement!), elle est d'avis qu'il faille doublement s'employer à «encadrer, encourager et réconforter» les enfants. D'autant que la fébrilité est croissante. «Les petits s'en ressentent, c'est clair. Il faut donc les ménager», dit, pour sa part, Marie-Josée Audet. Entre-temps, les boîtes s'accumulent et l'espace rétrécit. Ils voient leur environnement se transformer.

Bien sûr, une fois qu'ils sont au lit, le soir, cela donne une certaine liberté pour travailler. Mais sans exagérer. Les parents doivent aussi prendre du repos. Afin d'être assez frais, dispos et patients le lendemain.

Que les mioches passent quel­ques heures, voire la journée, à la garderie ou au centre de la petite enfance, tant mieux. Mais il ne faut pas moins prévoir leur ordinaire, une fois de retour à la maison.

Impliquer

Une fois qu'ils ont compris ce qui se passe, il faut les impliquer, leur faire faire quelques menues tâches et emballer leurs propres effets. Leurs jouets, par exemple.

«Chez nous, tandis que Juliette faisait de son mieux pour nous aider à faire des boîtes, Louis les défaisait», s'en amuse à présent Marie-Josée, qui se félicite du bonheur de sa famille d'être installée dans sa nouvelle maison tout en se disant tout de même heureuse que le déménagement soit chose du passé.

Impliquer les enfants, c'est aussi les conduire dans leur nouvelle maison, les familiariser avec leur nouvelle chambre, fraîchement repeinte, et même leur faire faire la sieste pendant que maman et papa s'activent, par exemple, à installer tringles et rideaux.

De son côté, chez Les Déménagements Côté de Sainte-Foy, on voit d'un bon oeil, mais à certaines conditions, que l'enfant soit dans sa chambre à coucher pour accueillir le déménageur au moment où celui-ci lui livre ses boîtes.

En tout, les enfants doivent prendre part, mais à leur mesure, au déménagement. «Il faut leur expliquer, les entretenir des changements et des difficultés d'intégration qu'ils peuvent éprouver dans leur nouveau milieu. Cela est peut-être plus particulièrement vrai pour les enfants qui déménagent au loin. Dans l'Ouest canadien, aux États-Unis ou en France», suggère Laurent Oliet, représentant au sein de la société de déménagement centenaire.

Cependant, il insiste : le jour D, les petits ne doivent pas se trouver sur les pas des déménageurs. On doit les faire garder ou les tenir à l'écart. «Il faut savoir qu'ils sont très empressés. Ils veulent aider. Pour ce, ils peuvent même s'introduire dans le camion. Il ne faut pas», met en garde M. Oliet.

Enfin, tout ce scénario, trouve Nathalie Lebel, est celui, tout compte fait, d'un déménagement heureux. S'il a lieu à la suite d'une séparation ou d'une perte d'emploi, continue-t-elle, que le bout de chou entre dans un logement plus petit, moins somptueux ou moins bien garni, où la douleur du parent est grande, il faut redoubler d'amour, d'énergie et de patience afin que ce passage lui soit moins pénible.

Renseignements : acefrsq.com, lesdemenagementscote.ca